Carême 5B 2024 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Carême 5B 2024

Le plus haut degré de la connaissance consiste à connaître Dieu. Dieu est esprit, sa connaissance demande un dépassement de soi. Nous pouvons au départ connaître les reflets de l’être de Dieu mais arriver à le connaître tel qu’il est, est un don. Le Catéchisme de l’Église Catholique nous enseigne que nous pouvons connaître Dieu à partir de la Création. La beauté de tout ce qui nous entoure est une confession de Dieu. Car à travers la grandeur et la beauté des créatures, on peut contempler, par analogie, leur Auteur. «Dieu vit tout ce qu’il avait fait … Cela était très bon.» (Gn1, 31)

C’est Jésus qui nous conduit à la vraie connaissance de Dieu. Mais c’est l’homme vivant en tant que la gloire de Dieu où nous arrive la connaissance divine. 

            À part la création qui peut nous envoyer à son Créateur, ce dernier se révèle ou se communique lui-même. Dieu se fait connaître dans sa relation avec le croyant en personne. C’est vrai qu’il s'est révèlé progressivement à Israël mais pour aboutir à une relation intime avec chacun de ses fidèles, car pour Dieu chaque personne compte. D’ailleurs c’est dans cette relation personnalisée qu’il s’est révélé à Abraham. Ce n’est pas par des notions intellectuelles que Dieu se révèle mais en dispensant sa grâce, c’est-à-dire la vie divine, l’Amour, et non de simples informations ou des idées abstraites. Dans l’Ancien Testament, il se montre comme Celui qui a libéré son peuple de l’esclavage d’Égypte ou qui l’a protégé de ses ennemis. C’est donc en terme d’alliance que Dieu se communique. Il a fait alliance avec Abraham, mais comme si cela ne suffit pas, il fait une alliance nouvelle avec chaque individu du peuple. «Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes; je l’inscrirai sur leur cœur.» (Jr31, 31ss)

            Dans la nouvelle alliance la loi n’est pas inscrite sur une tablette mais au plus profond de chaque homme. La loi est donc dans le cœur de chacun, c’est un pacte d’amour que Dieu a signé avec l’humanité en envoyant son fils parmi nous. Chacun reçoit intimement la présence du Seigneur en lui. Ainsi «Tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands.» (Jr31, 34) Dans chacun il y a donc la présence de Dieu.  Il est toujours avec nous mais les préoccupations quotidiennes peuvent nous empêcher de sentir sa présence. Prenons la peine et le temps de découvrir celui qui est toujours avec nous dans notre cœur. C’est lui qui est le fondement de notre existence, il est tout pour nous. On peut l’oublier, l’ignorer mais jamais le chasser car c’est lui qui nous a faits. Il a fait une alliance avec nous, celle de demeurer en nous. Malgré notre infidélité, il respecte sa promesse.

            C’est en Jésus Christ que Dieu s’est approché de nous et il est avec nous pour toujours. C’est dans la passion et sur la croix que Jésus nous a montré combien Dieu nous aime. Jésus nous fait fils et filles de Dieu dans ses douleurs sur la croix. Ce sont des douleurs de l’enfantement de notre deuxième et définitive naissance. Comme le dit l’auteur de l’épître aux Hébreux, «Jésus est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel» (He5, 9) La croix de Jésus fut un lieu par excellence de connaître Dieu dans un amour qui se donne. C’est à partir de la souffrance de la croix que le centurion et ses soldats annoncent ces paroles que tous les évangélistes soulignent «Vraiment, celui-ci était le Fils de Dieu.» (Mt27, 54) Souvenons-nous de Job qui connut aussi Dieu dans ses souffrances et ses épreuves sans noms.   

             Rencontrer Dieu ou voir Dieu a été depuis longtemps une grande curiosité. Il faut noter que c’est de la curiosité que l’homme peut atteindre l’impossible. La curiosité de Moïse d’aller voir un buisson qui brûle sans jamais se consumer l’a conduit à Dieu qui a changé toute sa vie et celle de son peuple sans oublier la vie des croyants des religions abrahamiques. La renommée de Jésus commençait à s’étendre aux non-juifs, croyants ou non-croyants. La fête de Pâques amenait beaucoup de monde et voilà que certains grecs voulaient connaître ce Jésus que la foule acclamait. Ils demandèrent cette faveur à Philippe «Nous voudrions voir Jésus.» (Jn12, 21) Philippe va voir André et ensemble rapportent à Jésus la demande de ces étrangers. Nous arrivons à Jésus grâce aux autres mais notre volonté est fondamentale. Les grecs étaient connus pour leur grande curiosité de tout connaître. Les premiers penseurs et les amis de la sagesse ou philosophes étaient donc des grecs. Ils veulent voir Jésus. Voir Jésus n’est pas nécessairement le regarder mais surtout entrer dans son mode de pensée, c’est comprendre aussi ce qu’il enseigne, c’est enfin contempler sa vie. Voir Jésus, c’est rencontrer cet homme prêt à mourir pour susciter la nouvelle vie. «Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.» (Jn12, 24)

            Notre curiosité de voir Jésus, de le rencontrer doit nous transformer en ses suiveurs enfin de nous mettre à son service. Jésus dit comment son serviteur doit être et mériter sa récompense. «Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.» (Jn12, 26) Voir Jésus, demeurer avec lui est une aventure dangereuse car cela peut conduire au dernier sacrifice comme Jésus a fini sa vie sur la croix en glorifiant son Père. Mais ce sacrifice n’est pas une perte de vie mais la vraie victoire de chasser le mal. «Maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors.» (Jn12, 31) On ne triomphe pas du Diable par les armes ordinaires mais par le don de soi. Le prince de ce monde est égoïste, on le chasse en se dépouillant de tout. Que notre route qui mène à Pâques soit celle de l’amour-don !.