Carême 2B — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Carême 2B

Alors que le premier dimanche du Carême était celui de la tentation de Jésus, le deuxième est donc celui de sa transfiguration. Cette dernière anticipe sa gloire avant sa mort et sa résurrection. La transfiguration révèle sa vie dans la gloire du ciel après sa mort. Celle-ci ne bouffe pas notre vie, une nouvelle existence commence quand l’autre se termine. Ayons la foi en cette vie qui ne finit jamais.

            Les hommes et les femmes de foi sont présents dans nos communautés et dans l’Église toute entière. Sans eux, la vie en communion avec Dieu et avec les autres nous semblerait impossible. La Bible est pleine des croyants en Dieu qui ont été des modèles pour leurs contemporains et pour toutes les générations. Le premier qui a été loué à cause de sa foi, fut Abraham et ses quelques descendants. Il est le père des croyants en un seul Dieu Créateur. Le judaïsme, le christianisme et l’islam se réclament héritiers d’Abraham et ils sont définis comme religions abrahamiques. Quelle était la foi de ce patriarche? Quel était son mérite? Il a réussi l’épreuve de Dieu. «Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai.» (Gn22, 2) Donner en sacrifice son fils unique qu’il avait tant désiré et attendu. Abraham et Sara étaient très âgés sans la possibilité humaine d’avoir un autre enfant. D’ailleurs Isaac était né en signe de miracle. Quel était ce jeu de Dieu qui offre et qui enlève ce qu’il a donné? Un Dieu qui demande à un pauvre humain de sacrifier son fils unique. N’est-ce pas un Dieu égoïste? Beaucoup de questions peuvent surgir mais au départ on nous dit que c’est une épreuve pour Abraham. On voit comment Abraham va s’en sortir.    

            Les sacrifices humains ont été pratiqués presque dans toutes les cultures antiques pour s’attirer les faveurs des dieux. Celui d’Isaac voulu par Dieu nous montre qu’en Orient où la culture était plus ou moins civilisée, de tels sacrifices étaient très pratiqués. C’était avant l’existence du peuple de Dieu ou d’Israël qui est né dans le sillage de l’alliance abrahamique. Abraham était donc entouré par des peuples qui sacrifiaient leurs fils et leurs filles pour plaire à leurs  dieux. Lui avait découvert un dieu Unique et particulier, il n’allait pas se comporter autrement sinon obéir à un ordre de son Dieu auquel il avait tout voué. «Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils.» (Gn22, 10) Il obéit car Dieu le lui demanda. Un dicton de ma culture dit que «Nyirumuringa iyo aje utega ukuboko», ce qui signifie que si le propriétaire d’un bien arrive tu lui donnes ce qui lui appartient. C’est ici où réside la grandeur d’Abraham, il est prêt à tout donner, même ce qui lui reste pour sa survie afin de satisfaire à son Dieu.

             Dieu ne veut pas des sacrifices humains mais ceux de notre volonté, notre désir, notre opinion, notre temps. C’est cela offrir notre vie à Dieu. À la place d’Isaac, Dieu offre un bélier en sacrifice. Abraham a reçu la bénédiction de Dieu grâce à sa foi. Il gagne une grande épreuve qui le fit souffrir intérieurement mais en offrant toutes ses souffrances à ce Dieu qu’il aimait car il avait reçu de Lui toutes les faveurs. Une voix de l’ange annonçant une récompense à Abraham «Parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse (…) et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis. (…) Toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance.» (Gn22, 16-18) Une alliance est conclue entre lui et Dieu.

            Jésus attend de ses disciples une foi vivante. C’était avant sa passion, il leur avait annoncé sa résurrection mais ils ne comprenaient rien. Le mystère de la résurrection échappe à beaucoup de croyants alors qu’ils confessent la vie éternelle dans le Credo. Il ne s’agit pas de la proclamer seulement, il faut la témoigner dans la vie. Jésus veut révéler à ses disciples, sa vie d’après sa mort. Il ne le fait pas à tous ses disciples mais à ceux qui sont prêts à comprendre ce qu’il veut annoncer et qui le témoigneront aux autres. Est-ce que nous témoignons ce que Dieu nous a fait voir ou vivre? «Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.» (Mc9, 2)

            Qu’est-ce-que la transfiguration? Sur la montagne, Jésus n’a pas été éclairé par une lumière qui vient du ciel ou de l’extérieur. C’était lui la lumière ou la gloire de Dieu. C’est lui l’homme traversé totalement par Dieu. On essaie de décrire comment il était «Ses vêtements devinrent resplendissants.» (Mc9, 3) Jésus de la transfiguration, c’est lui actuellement dans son éternité. Ce Jésus transfiguré n’est pas visible normalement avec nos yeux du corps. Il s’est manifesté avec ses compagnons du ciel. Élie et Moïse «Tous deux s’entretenaient avec Jésus.» (Mc9, 4) Les disciples ont vu et ils ont entendu seulement une voix «Celui-ci est mon Fils bien-aimé; écoutez-le.» (Mc9, 7) Ils seront donc de bons témoins de cela.

            Cet instant ne dure pas. Ils rentrent avec cette recommandation «Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.» (Mc9, 9) Ce jour-là fut spécial mais tout leur apparut comme une vraie énigme. Ils ne comprennent pas ce que signifie «Ressusciter d’entre les morts.» (Mc9, 10) Ils comprendront tout cela le lendemain de la Pâques de Jésus. Que ce mystère de la transfiguration rende vive notre foi à la vie éternelle et la témoigner dans notre quotidien.