Dimanche de l'Epiphanie du Seigneur B 2024

            Chaque peuple a sa propre étoile pour être éclairé ou guidé afin de continuer la route pour atteindre  son objectif ou sa réalisation. Dans l’Orient ancien, un astre était le signe d’un dieu et dans la tradition juive, une étoile ou un astre était un chef ou un roi qui devait guider le peuple. Dans sa prophétie Balaam dit qu’«Un astre se lève, issu de Jacob, un sceptre se dresse, issue d’Israël.» (Nb24, 17) Ces paroles paraissent évoquer le roi David et pour les chrétiens, le Messie, Jésus Christ. En méditant les paroles du prophète Isaïe, l’astre annoncé surpasse un simple roi, car sa lumière dissipe toutes les ténèbres et toutes les nations et tous les rois accourront vers Jérusalem. «Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.» (Is60, 3) Pas seulement les nations et les rois des alentours mais aussi ceux des terres lointaines. «Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens; ils annonceront les exploits du Seigneur.» (Is60, 6)

            Ce personnage moins défini de l’AT est annoncé comme un pont qui mène à Dieu et à sa gloire. Il est le reflet de la gloire de Dieu au milieu des nations. Il est la manifestation de Dieu parmi les hommes. Dieu se fait donc reconnaître lui-même, il a mille manières de nous guider vers lui. Il éclaire les pas de ceux qui recherchent sa face. Par sa lumière, il a guidé beaucoup de peuples qui confessent sa suprématie sur l’univers. L’homme pécheur, dont la nature est profondément corrompue n’a aucune possibilité de connaître Dieu. Il faut donc sa lumière, son initiative pour le connaître car on ne connaît Dieu que par Dieu. L’incarnation de Jésus Christ est donc un moment unique dans l’histoire de l’humanité et dans notre relation avec Dieu. C’est un événement qui dépasse toutes les manifestations de l’amour de Dieu. Arriver à Jésus, le reconnaître Fils de Dieu et notre Sauveur est une étape finale de notre croissance spirituelle. Saint Paul annonce cela aux Éphésiens «Toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus.» (Eph3, 6)

            Le récit de l’Évangile de cette célébration de l’Épiphanie est l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe, les nations accourent vers Jérusalem. Les mages se mettent en route, ils vont à Jérusalem pensant qu’ils trouvent des informations qu’ils cherchent. «Où est le roi des Juifs qui vient de naître? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui.» (Mt2, 2) Ils annoncent l’objet de leur voyage à Hérode, le roi.  Ils n’étaient pas croyants en Dieu d’Israël, pour les juifs ils étaient païens mais voilà, ils les devançaient pour ce qui les concernait, leur roi venait de naître sans qu’ils se rendent compte. Hérode et son entourage étaient dans l’aveuglement. Cette annonce troubla donc le roi, il était dépassé par la situation. «En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui.» (Mt2, 3)

            Quand on vit déconnecter avec Dieu, on est loin de découvrir ses manifestations qui sont pourtant réelles et on ne craint pas de confesser sa non-existence. Combien d’hommes et de femmes qui se proclament athées! Quand on ferme les yeux on ne voit rien et il en est de même pour les yeux du cœur. Dieu se voit avec le cœur, il faut que ce dernier soit léger pour pouvoir contempler Dieu. La vérification d’Hérode montre son grand retard. Les grands prêtres et les scribes affirment Bethléem en Judée comme lieu de la naissance du Christ ou du Messie. «Et toi, Bethléem, terre de Juda ... de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël.» (Mt2, 4) Les étrangers n’étaient pas dans l’erreur, le roi des juifs venait donc de naître.          

            Les mages arrivent à leur objectif, non sous la conduite d’Hérode mais d’une étoile. «Et voici que l’astre, qu’ils avaient vu à son lever, les précédait jusqu’à ce qu’il vint s’arrêter au-dessus de l’endroit où était l’enfant.» (Mt2, 9) Les autres peuvent nous guider dans la recherche de la foi mais c’est Dieu lui-même qui nous attire. L’appui des autres peut manquer mais celui de Dieu est toujours à notre disposition. Les mages se réjouissent de trouver celui qu’ils veulent adorer. Il faut admirer leur courage et leur persévérance. Dieu nous aide, mais notre effort est irremplaçable. Il ne faut jamais désespérer si ce que nous cherchons a un signe révélateur. Dans l’obscurité de la vie, il y a toujours une étoile, il faut la découvrir et la suivre. L’obscurité peut être grande, immense mais pas totale. Quand les hommes ferment leurs mains, celles de Dieu s’ouvrent.

            Les mages nous enseignent que Dieu soutient tout le monde; chez lui, il n’y a pas de privilégiés. Jésus, le roi des juifs et le Fils de Dieu accueille tout le monde. À cette fête de son Épiphanie, il se révèle à ceux qui ne sont pas juifs ainsi le salut de Dieu embrasse toutes les nations. Comme les rois mages, offrons à Jésus notre vie, tout ce que nous avons et ce que nous sommes. Nous ne méritons pas sa bienveillance car nous sommes pécheurs mais il nous montre qu’aux yeux de son Père, c’est l’heure de notre salut. Ne ratons pas notre occasion, avant qu’il ne soit trop tard. Épiphanie est Noël pour les hommes et les femmes de la Nouvelle Alliance.