Dimanche 6B 2024 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 6B 2024

Le propre de Dieu dans le christianisme est sa compassion et sa miséricorde. Il ne montre pas sa puissance écrasante à ses créatures mais l’amour qui va auprès de plus fragiles ou des défavorisés. Un tel Dieu est capable de souffrir pour ceux qui sont sous le poids d’une quelconque oppression afin de leur donner la libération. Il nous libère de toutes souillures mais surtout du péché qui nous empêche la vraie joie. Le baptême nous offre cette purification de Dieu.

La communion est dans toutes les cultures un niveau élevé de la relation avec les autres voire même avec la création entière. Elle est le symbole de la maturité sociale et de la grandeur des familles et des peuples. Malheureusement l’ex-communion est un fait social plus ancien. Une personne peut être exclue à cause de son ethnie, de son origine, de son sexe, de son âge, de sa maladie ou de son handicap, de sa pauvreté, de sa croyance, de son comportement, etc. Certaines exclusions peuvent être légalisées ou institutionnalisées. Dans l’AT, certaines maladies rendaient des personnes impures et les écartaient in facto des autres. C’était le cas de la lèpre. «L’ayant examiné, le prêtre déclarera l’homme impur.» (Lv13, 3) L’exclusion était précédée par un examen minutieux, mené par une personne mandatée par la communauté. Un exclu n’avait pas une autre issue de recours, la communauté était tout pour une personne. Loin de la communauté était la misère, la pauvreté et la souffrance. L’exclusion était une véritable mort. Un exclu était donc un mort vivant.

Dans certaines situations, la société qui excluait pouvait aussi intégrer un exclu après un autre examen. «Le prêtre l’examinera...si, à ses yeux, la teigne est stationnaire et qu’il y pousse du poil noir, c’est que la teigne est guérie: la personne est pure, et le prêtre la déclarera pure.» (Lv13, 36-37) La société faisait tout cela pour préserver l’ensemble de la population. Une personne pouvait être sacrifiée pour le bien des autres. Ce qui comptait était la communauté et non l’individu. Une personne comptait beaucoup lorsqu’elle était utile pour les autres, c’était le cas des médecins, des artistes ou autres spécialistes. Dans le cas contraire, au moindre soupçon pour un malheur communautaire, elle était sacrifiée. Le peuple de l’ancienne alliance n’a pas échappé donc à ce traitement indigne des faibles et des malades. Actuellement, cela n’a pas disparu, nous écoutons des nouvelles de ceux qui sont exécutés à cause de leur croyance, de leur pensée ou du choix de vie qui ne plaît pas aux autres. Il y a ceux qui subissent de lourdes peines à la place de l’exécution. En matière de droit de l’homme, nos sociétés avancent très lentement. 

Un lépreux vivait la pénitence d’une faute qu’il n’avait pas commis. «Il portera ses vêtements déchirés et ses cheveux dénoués, il se couvrira la moustache et il criera impurs!» (Lv13, 45) Cette imposition était créée par la société pour se protéger et on associait cette mesure à la volonté de Dieu. Quand on ne connaît pas vraiment Dieu, on lui attribue certaines abominations. La vraie pureté est notre proximité avec Dieu. Ce n’est pas le contact avec un cadavre, ni avec le sang, ni avec certains malades, ni des relations sexuelles, ni la consommation de certains aliments qui rendent impurs l’homme mais son intérieur. «Ce qui sort de la bouche provient du cœur, et c’est cela qui rend l’homme impur.» (Mt15, 18) Pourquoi alors cette conception de l’impureté? On déclare les autres impurs ou intouchables pour les écarter de certains privilèges et avantages, on les écarte pour qu’ils ne soient pas à la charge de la société. C’est l’égoïsme qui est à la base de l’exclusion. Dieu, l’unique saint et pur, n’exclut personne, il aime chacun dans sa singularité. Il traite les faibles avec attention, ils sont les premiers dans son cœur. Celui qui connaît Dieu fait communion avec les autres sans distinction. «Ne soyez un obstacle pour personne, ni pour les Juifs, ni pour les païens, ni pour l’Église de Dieu.» (1Co10, 32)

C’est en étant très proche de Dieu qu’on devient proche des autres, surtout ceux qui sont exclus comme ceux qui sont frappés des interdits, ceux qui ne croient pas comme nous, ceux qui ont un aspect particulier, etc. Jésus se laisse approché par ceux qui sont écartés ou ignorés par ses contemporains. «Un lépreux vient auprès de lui; il le supplie et, tombant à ses genoux, lui dit: «Si tu le veux, tu peux me purifier.» (Mc1, 40) Ce lépreux n’a personne d’autre pour écouter ses supplications et ses demandes. Il n’est pas rejeté par Jésus qui l’approche sans être chassé par son odeur nauséabonde. Un lépreux demande ce que seul Dieu possède et donne, la purification. Cela montre sa foi en Jésus, il demande ce que personne d’autre n’offre. Jésus ne fait aucun geste ni rite pour guérir ce lépreux, il le guérit pas la puissance de sa parole.«Je le veux sois purifié.» (Mc1, 41) Sa guérison est donc directe, elle ne se réalise pas par quelques étapes comme les effets d’un médicament. Ce que Jésus veut se réalise directement «À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié.» (Mc1, 42)   

Une fois purifié de sa lèpre, il est renvoyé à celui qui l’avait excommunié «Va te montrer au prêtre.» (Mc1, 44) Ce prêtre qui ne reconnaît pas la puissance de Dieu en Jésus va le savoir de celui qu’il a éloigné des autres. Celui qui est sauvé par Jésus est investi de l’annoncer directement à ceux qui l’ignorent ou qui ne le connaissent pas encore. «Cet homme se mit à proclamer et à répandre la «Parole.» (Mc1, 45) L’annonce est plus parlante lorsque l’annonciateur est celui qui a bénéficié de l’action salvatrice de Dieu. Si Jésus nous a sauvés, ne tardons jamais à l’annoncer aux autres. Que notre mission soit un témoignage de ce qui se réalise en nous.