Veillée de Pâques 1B 2024
Pour les Hébreux de l’ancienne alliance, la résurrection était l’image de la restauration d’Israël. Très tardivement grâce aux livres de la Sagesse, leur croyance est arrivée à la résurrection individuelle mais cela les divisait profondément. Par exemple les pharisiens se distinguaient des sadducéens sur cette révélation de la résurrection des morts. Jésus apporte un enseignement très clair à ce sujet. «À la résurrection, on est comme des anges dans le ciel.» (Mt22, 30) Dans la résurrection l’homme ne reprend pas sa vie d’avant. En anticipant cette résurrection qui est l’œuvre de Dieu et non le mérite de l’homme, dans l’Évangile Jésus ressuscite Lazare (Jn11, 43-44), la fille de Jaïre (Lc8, 51-55) et le fils de la veuve de Naïm (Lc7, 13-15). Toutes ces résurrections sont un retour à la vie terrestre.
La Résurrection du Christ est essentiellement différente. Dans son corps ressuscité, il passe de l’état de mort à une autre vie au-delà du temps et de l’espace. Sa résurrection est le départ de tout, une nouvelle alliance commence entre Dieu et les hommes, ces derniers reçoivent la vie éternelle de Dieu. Sa résurrection inaugure celle de tous les serviteurs de Dieu. «Prêtez l’oreille! Venez à moi! Écoutez, et vous vivrez.» (Is55, 3) Ceux qui ressuscitent avec Jésus sont ceux qui écoutent la voix de Dieu, sont ceux qui suivent sa volonté pour toujours. Ceux qui ressuscitent sont donc ceux qui suivent Jésus Christ et qui reçoivent sa vie, celle qui s’offre aux autres. Ceux qui perdent la vie par amour, la récupèrent en ressuscitant. C’est mathématique, on ne reçoit donc que ce qu’on a donné. C’est Dieu, le Maître de la vie, qui ressuscite les morts. Jésus le Fils de Dieu est ressuscité ainsi il montre définitivement sa puissance sur la mort. Personne n’est en mesure de décrire comment il a ressuscité. Aucune science ne peut décrire la résurrection. La vie d’après la mort échappe à l’imagination humaine. La résurrection est un acte de foi. Jésus le premier-né d’entre les morts. Voilà pourquoi la nuit de sa résurrection est unique comme nous le chantons dans l’Exultet (chant latin de la nuit de Pâques) «Ô nuit bénie! vous seul avez connu l’heure où le Christ est ressuscité des morts.»
Selon l’évangéliste Marc, les femmes bien connues dans l’entourage de Jésus, «Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé» (Mc16, 1) au lendemain de Pâque, s’étonnent de constater que le tombeau est vide. «Elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande.» (Mc16, 4) Ces femmes sont celles qui ont accompagné Jésus jusqu’à sa mort sur la croix. Elles n’attendaient rien d’autre chose, leur maître avait terminé son existence terrestre. Elles savaient que Jésus était droit et juste. Le lendemain de Pâques, elles portaient encore leur Maître dans le cœur. La mort ne faisait pas oublier et aimer Celui qu’elles avaient aimé car l’amour est éternel. Les voilà au matin de Pâques, elles allèrent faire un geste d’amour à Jésus. Ce geste d’amour se paye, elles deviennent les premières à recevoir le message de la résurrection. «Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié? Il est ressuscité (...) Voici l’endroit où on l’avait déposé.» (Mc16, 6) Ces femmes ne demandent pas des explications du comment il est ressuscité. Elles sont invitées à croire à la résurrection.
Le message de la résurrection porte la joie à ces femmes mais elles ont peur en même temps. C’est un message qui dépasse notre entendement. Mais qui vaut la peine d’être annoncé. Il est le fondement de notre foi. L’annonce de la résurrection devient un ordre pour celui qui a été transformé par lui. «Allez dire à ses disciples et à Pierre: «Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.» (Mc16, 7) Jésus a commencé son ministère en Galilée, c’est aussi là où ses disciples vont le rencontrer après sa résurrection. Jésus ne va pas reprendre son activité comme avant. Il est glorifié et sa mission va se réaliser autrement à travers ses disciples. Ces femmes ne vont pas comprendre la nouvelle image de Jésus. Cette dernière est celle de sa transfiguration au mont Tabor devant ses disciples Pierre, Jean et Jacques (Lc9, 28-36). Celui qui ressuscite triomphe de la mort, cette dernière n’a aucun autre pouvoir sur lui.
«Les femmes sortirent et s’enfuirent du tombeau (…). Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.» (Mc16, 8) Elles n’imaginent pas ce Jésus retourné des morts! Elles quittent ce symbole de la mort. L’entre la mort et la nouvelle vie fait peur car cette expérience est inconnue, c’est une étape vers un état inconnu. Qui peut ne pas trembler ? Mais c’est une peur qui ne fait pas souffrir, c’est un bouleversement du règne de Dieu dans la vie du croyant. C’est une exaltation provoquée par une joie immense et inimaginable, c’est donc une béatitude ou une ivresse spirituelle. Ces femmes viennent d’écouter ce que leurs oreilles n’avaient pas entendu, le mystère de la résurrection. Que le message de la résurrection du Seigneur imbibe notre foi afin d’avoir la force de la vie que la mort ne peut pas nous enlever.