Dimanche 3B 2024
Les gens peuvent vivre comme ils veulent en oubliant certaines normes locales et universelles, en mettant de côté la loi nature voire même les commandements de Dieu. Cela n’est pas vivre en liberté mais en libertinage. La liberté c’est vivre en conformité avec notre nature et naturellement l’homme est un être social, il vit en communion avec les autres. L’homme qui connaît Dieu vit en prêtant son oreille à Dieu pour écouter ce qu’il lui demande. Notre relation est celle de l’amour, de la complémentarité et de la communion. Quand cette relation n’est plus là, c’est de l’infidélité et il faut chercher à sortir d’elle. Cette sortie est donc le changement ou la conversion. Il y a ceux qui pensent que la vie de principes ne concerne que des croyants. Ce n’est pas vrai, les normes sont partout, il n’y a aucune société humaine sans règles, dès que l’homme est arrivé à vivre en communauté familiale et sociale, il y a un ordre à suivre, manquer aux respects de ses normes équivaut pour l’homme à créer le désordre qui provoque un déséquilibre d’où les débordements de tous sens.
Dans le livre de Jonas, on invoque la ville de Ninive. «Ninive, la grande ville païenne.» (Jon3, 2) Selon les historiens, Ninive était une ville au bord du fleuve de Tigre. Elle fut fondée au troisième millénaire av. J. C. D’après les prophètes, Ninive était le symbole de la tyrannie et de l’idolâtrie. On dirait que la situation dépassait l’entendement jusqu’à l’intervention de Dieu alors qu’elle était païenne. Être païen ne veut pas dire qu’on n’est pas à l’abri de Dieu car on peut l’ignorer, mais Lui n’ignore personne. Dieu donne une mission à Jonas. «Lève-toi, va à Ninive ... proclame le message que je te donne sur elle.» (Jon3, 2) Dieu prend l’initiative, il ne veut pas la décadence de Ninive. Le message de Dieu annoncé par Jonas est particulier «Encore quarante jours, et Ninive sera détruite!» (Jon3, 4) Rarement le message de Dieu, annonce un malheur. C’est un message dur, difficile à ne pas écouter ou à ignorer mais il est difficile à digérer.
Ce cri de Jonas a réveillé les ninivites. «Les gens de Ninive crurent en Dieu, ils publièrent un jeûne et se revêtirent de sacs, depuis le plus grand jusqu’au plus petit.» (Jon3, 5) C’était donc tout un peuple qui s’est converti en commençant par leur roi. Finalement le sort de la ville changea. «En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés.» (Jon3, 10) On dirait que Ninive n’a pas gardé jalousement leur conversion car plus de 150 ans après le message de conversion de Jonas, vers l’an 621 elle fut détruite sous les coups des Babyloniens et des Mèdes. Il faut toujours rester dans les grâces de la conversion sinon il peut nous arriver quelque chose de pire, la conversion doit être permanente. Ne refusons jamais la parole de conversion, la bonne parole qui nous parle de Dieu et de son amour. La conversion nous sauve de la mort et de l’égarement. Pour saint Paul «Le temps est limité» (1Co7, 29); il faut saisir la grâce de la conversion car l’espace et le temps ne le permettent pas toujours.
Avec Jésus, «Les temps sont accomplis: le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Évangile.» (Mc1, 15) Ce temps accompli n’est pas celui de la fin du monde ou des catastrophes, c’est le temps de Dieu. Jésus intervient après l’arrestation de Jean Baptiste selon les dires de Marc. Comme nous le savons Jean parlait de la venue de Dieu, de son amour et de son salut. Jésus inaugure donc ce temps de la grâce de Dieu. Ce temps demande à l’homme de recommencer de zéro et d’avoir les nouveaux désirs de suivre celui qui annonce ce changement et c’est lui l’homme de notre changement intérieur. Il ne l’annonce pas seulement, c’est lui aussi qui opère cette conversion en nous. Acceptons de sortir de notre laurier comme ses premiers disciples qui ont tout quitté pour le suivre. «Jésus vit Simon et André...Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean. Aussitôt, Jésus les appela… ils partirent à sa suite.» (Mc1, 16.19-20)
Quelle confiance! Ces disciples ne mettent pas beaucoup de temps de l’écouter, d’examiner sa personne et sa vie pour voir si en lui il y a l’accomplissement de la prophétie de Jean Baptiste. Ils n’ont pas le temps d’attendre, ils se mettent à sa suite. Jésus possède en lui quelque chose qui attire, c’est son amour, sa tendresse, sa bienveillance, sa douceur. Il est impossible de ne pas suivre une telle personne. Il faut le préférer par-dessus tout. Ne pas le préférer revient à perdre la vraie direction. En Jésus Christ, tout devient nouveau, les réalités et les événements changent de sens. Voilà pourquoi saint Paul peut s’émerveiller en disant «Il passe, ce monde tel que nous le voyons.» (1Co7, 31) Avec lui plus rien ne sera comme avant.
Suivre Jésus ne demande pas peser d’abord le pour et le contre; il n’y a pas de calcul à faire, c’est la spontanéité, c’est direct, c’est suivre l’admiration de son appel. C’est comme dans l’amour, quand c’est son tour, on ne s’interroge jamais, on est parti sans se demander jusqu’où cela nous conduit. C’est une aventure et le plus important est que cette aventure nous amène à quelqu’un qui devient toute notre joie.