Carême 6B 2024, Dimanche des Rameaux — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Carême 6B 2024, Dimanche des Rameaux

C’est le dimanche des Rameaux, tout est symbolique dans cette célébration. Il y a le triomphe de Jésus qui se profile et la joie de la foule. Cette dernière n’est pas jalouse de la victoire du Christ, elle est contente de lui et elle participe à sa joie. À côté de la foule, il y a ceux qui s’opposent à ce triomphe. Devant Jésus, il faut choisir entre être avec lui ou le quitter. Mais la victoire vient souvent après une série d’épreuves ou de difficultés qui n’épargnent pas la souffrance. En Jésus, la mort précède la vraie vie et la tristesse se change en joie.

            Seul Jésus sait jusqu’où va aboutir cette scène qui annonce sa victoire, sur la passion et sur la croix. C’est lui le serviteur souffrant de la prophétie d’Isaïe. En toute liberté, il accueille la volonté de son Père. «Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.» (Is50, 5) À cause de son amour pour le peuple de Dieu et sa fidélité au Père, il supporte tout en sachant que toute victoire vient après la souffrance. «J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats.» (Is50, 6) La victoire qui est au bout du chemin donne la force d’avancer et de traverser toutes les épreuves. Pour bien y arriver il faut vaincre tous les dangers qui peuvent entraver la marche. Ces dangers peuvent être le doute et l’échec. Jésus est déterminé à aller jusqu’au final de sa mission dans toute humilité et non dans ce qui peut être son orgueil. Car «Le Christ Jésus ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.» (Phil2, 6) C’est en tenu de serviteur qu’il a accompli sa mission salvatrice de l’humanité.

            Jésus a surpris plus de personne en commençant par ses contemporains. Ils regardèrent sans en tirer les conséquences. Tout est symbole. Jésus sur un âne. Ce dernier est le symbole de la simplicité et d’humilité, un âne n’est pas fort comme un cheval. Jésus triomphe dans la simplicité et dans l’humilité. La puissance de Dieu n’est pas dans la terreur et dans la violence, mais dans l’amour. Le peuple acclame et accueille leur roi dans la joie. «Beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, d’autres, des feuillages coupés dans les champs.» (Mc11, 8) Une célébration simple mais très significative, ces manteaux et ce feuillage se transforment en tapis pour Jésus qui se dirige vers sa manifestation suprême sur la croix. Ce qui se passe ne surprend pas Jésus, il connaît son chemin, les siens voient la victoire, mais pas comment cette victoire peut arriver. Jésus est au courant de ce qu’on trame à son encontre à l’approche de la fête de la Pâques juive.  Il voit tous les détails qui passent vite, l’arrestation, le jugement, la passion et la mort. 

            Les adversaires de Jésus prépare un coup. «Les grands prêtres et les scribes cherchaient comment arrêter Jésus par ruse, pour le faire mourir.» (Mc14, 1) Les gens sont préoccupés par les préparatifs de la fête. Jésus se trouve chez un ami avec certains de ses disciples. Cet ami, Simon le lépreux, reste dans les mémoires  des gens à cause de ce qui s’est passé chez lui qu’on connaît comme l’onction de Béthanie. «Une femme entra, avec un flacon d’albâtre contenant un parfum très pur et de grande valeur. Brisant le flacon, elle lui versa le parfum sur la tête.» (Mc14, 3) Cette onction est un geste d’amour mais pour Jésus il préfigure son embaumement ; sa mort approche mais personne ne l’imagine, seule Jésus est au courant de tout, sa Pâque est la dernière. Comme en un clin d’œil tout va très vite aussi dans le camps des siens: la trahison de Juda, l’institution de l’eucharistie, le sommeil à Gethsémani, le reniement de Pierre, l’abandon. Jésus passe ses derniers moments dans la souffrance mais qui ne diminue rien de son amour de toujours. D’ailleurs c’est ce dernier qui justifie la première, on ne peut pas séparer la souffrance de l’amour, qui aime vraiment est capable de souffrir pour celui qu’il aime. L’unique force de Jésus dans sa passion est la confiance en son Père en qui il remit son esprit, c’est-à-dire tout son être.

            La croix fut le lieu par excellence du témoignage de l’amour. Aucune injure ni insulte qui sortit de la bouche de Jésus sur la croix, il meurt comme il a vécu, dans l’amour. Chose étonnante, on le reconnaît sur la croix et après sa mort. «L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots: «Le roi des Juifs.» (Mc15, 26) En plus de cette affirmation «roi des juifs», la confession du centurion est claire «Vraiment, cet homme était Fils de Dieu!» (Mc15, 39) Tandis que son peuple hésite à propos de son identité, un étranger qui ne connaissait rien de l’histoire du salut d’Israël, trouve en Jésus sa filiation divine. Celui qui ne ferme pas les yeux est capable de reconnaître Jésus comme le Fils de Dieu. Mais dans l’aveuglement de la mort, même les miracles empêchent l’homme à rencontrer Jésus et à le recevoir comme Sauveur. Comme le dit les grands maîtres de la spiritualité chrétienne, c’est en contemplant la croix qu’on comprend Dieu et son amour. Jésus est roi non comme le peuple l’attendait, c’est un roi qui sert, qui se donne pour le salut de ses sujets.

            En contemplant la manière dont Jésus meurt, dans l’innocence et dans la confiance en son Père, la foi peut surgir dans le cœur de l’homme. C’est le témoignage de l’amour qui engendre la foi et non seulement l’enseignement du magistère. Ce dernier renforce la foi, c’est à partir des actes et du témoignage que l’enseignement pénètre dans le cœur du croyant. C’est la mort de Jésus qui est le départ de l’événement proprement dit du Christianisme. La communauté des croyants est née du sang de Jésus versé sur la croix.