Pâques 6B2024 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Pâques 6B2024

La foi en Dieu nous invite à l’amour. Il ne s’agit pas d’aimer comme nos pères dans la foi car l’amour qui est une exigence chrétienne n’est pas un héritage familial ni social ou culturel mais un don qui est l’expression de l’être divin, l’amour de Dieu est parfait. C’est un amour où celui qui est dedans ne peut pas en sortir. Jésus nous a témoigné cet amour de son Père, il est le premier à le reconnaître.

                L’amour n’est pas reconnu, quelquefois nous appelons l’amour n’importe quoi. L’amour a un nom, il s’appelle Dieu, tout ce que nous appelons amour ne l’est pas. Celui qui rencontre Dieu, rencontre l’amour. Ceux qui connaissent Dieu sans le rencontrer l’appellent par d’autres noms qui sont ses attributs: puissant, fort, grand, saint, etc. Mais pour ceux qui l’ont rencontré vraiment, il est amour ou miséricordieux. Ils invitent les autres à passer à ce niveau de retrouvaille. Jésus est l’unique qui peut nous parler de Dieu car c’est lui l’expression de cet amour de Dieu. Il n’a pas contemplé cet amour, il est l’incarnation de cet amour divin. «Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour.» (Jn15, 9) Il veut nous aimer comme il a été aimé. Le propre de l’amour est de demeurer en amour. On ne peut pas aimer et revenir à ne pas aimer, c’est impossible, on aime toujours. Nous écoutons dire les gens qui ont eu des déceptions dans l’amour qu’ils n’aimeront plus jamais. Combien de fois l’homme déçoit Dieu, mais ce dernier ne cesse de l’aimer. Là où l’amour a surabondé, la haine n’y peut pas avoir la place. «Demeurez dans l’amour» dit Jésus.

                Jésus nous révèle comment on peut toujours aimer malgré les déceptions. Il faut aller à la source de l’amour. Il faut que notre amour vienne de Dieu, un amour qui n’est pas un don divin est un pur sentiment. Des sentiments changent selon les circonstances tandis que l’amour est appelé à devenir une vie. L’amour est un ordre ou une obligation qui vient de notre législateur suprême qui est Dieu. L’amour est la manière d’être de Jésus, il veut qu’il soit aussi notre manière de vivre. «Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.» (Jn15, 12) On n’aime pas comme ses parents ou ses amis l’aiment mais comme Dieu aime. Parce qu’aimer comme le prochain aime, nous dispensera à ne pas l’aimer lorsque nous sentirons son manque d’amour alors que Dieu nous demande d’aimer sans cesse.

                «Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande.» (Jn15, 14) Celui qui aime donc devient  l’ami de Jésus. Celui qui aime attend le retour de l’amour de son bien aimé. Aimer sans retrouver l’amour qu’on donne fait souffrir. Mais Jésus nous demande un amour de haut niveau, aimer même si celui que nous aimons ne nous donne pas l’amour reçu. Le dicton rwandais dit «ugirirwa neza n’uwo yagiriye neza aba agira Imana.» Cela signifie que celui qui est bien traité en retour par quelqu’un qui a bénéficié de sa bienveillance a vraiment de la chance. Jésus nous montre un amour qui est sacrifice, sans attendre en retour ce qu’on a donné. Un fidèle du Christ doit aimer comme lui, aimer jusqu’à se donner lui-même. Celui qui se donne, devient un «Alter Christi» (un autre Christ) ainsi il est récompensé par Dieu, qui a tout donné à son Fils. «Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.» (Jn15, 16)

                Dans l’amour personne n’est dispensé, chacun est appelé à aimer. Dans une communauté chrétienne, il n’y a pas ceux qui doivent aimer et ceux qui doivent être aimés. Chacun doit aimer et chacun a besoin d’être aimé. L’amour est réciproque. «Voici ce que je vous commande: c’est de vous aimer les uns les autres.» (Jn15, 17) Ce commandement regarde tous les disciples de Jésus et c’est l’amour qui distingue celui qui le suit de celui qui le rejette. Cet amour qui est notre héritage est celui qui ne fait pas de différence. Pierre a appris de Jésus cet amour universel «Je constate en vérité que Dieu ne fait pas acception des personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et pratique la justice lui est agréables.» (Ac10, 34-35) Pierre dit cela chez Corneille, un centurion romain qui va être le premier gentil à devenir disciple de Jésus d’après les Actes des Apôtres.

                La visite de Pierre chez Corneille est une transgression de la loi d’après la tradition juive. Pierre ne pouvait pas le faire avant sa libération intérieure par Jésus ressuscité bien que ce soit  Corneille qui l’invita à venir chez lui à cause de la vision qu’il venait d’avoir. «Un Juif n’est pas autorisé à fréquenter un étranger ni à entrer en contact avec lui.» (Ac10, 28) Le centurion demandait donc l’impossible à Pierre. Ce dernier a changé, il a compris l’amour de Dieu qui ne fait pas de différence. «Dieu a montré qu’il ne fallait déclarer interdit ou impur aucun être humain.» (Ac10, 28) Pour un croyant en Dieu, il n’y a pas des intouchables, tous les hommes sont égaux.  Pierre déclara devant Corneille qui l’avait invité au nom de Dieu une révélation qu’il vint de recevoir. «Il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes.» (Ac10, 35) Pierre libéré ne tarde pas à rendre universelle sa libération.

                Avant de baptiser Corneille et toute sa maison, Pierre parla donc en long et en large comment l’action salvatrice de Jésus n’épargne personne. En Jésus Christ, Dieu nous fait un seul peuple. Ce sont donc ses disciples qui doivent rendre possible cet amour sans frontière de Dieu grâce à l’Esprit Saint qu’ils ont reçu.  «Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous?» (Ac10, 47) Le baptême nous engendre de nouveau en fils et filles de Dieu et manifeste l’amour universel de Dieu.