Messe de la veillée de Noël ( B) — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Messe de la veillée de Noël ( B)

Dans cette nuit, une nouvelle lumière apparaît, celle de Dieu. Cette lumière illumine ceux qui veillent à l’attente du Messie. Elle a été contemplée par les bergers qui veillaient sur leur troupeau. Ceux qui contemplent cette lumière ne restent pas indifférents, ils se mettent en route pour voir les merveilles de Dieu. Jésus Christ, lumière sans déclin naît dans notre vie, en lui il y a celui que nous avons attendu impatiemment «Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père à jamais, Prince de la paix!» Profitons de sa venue pour vivre ce temps nouveau, celui de la paix de Dieu dans nos cœurs.

             Jésus a été décrit par les prophètes comme une lumière dans les ténèbres. Isaïe l’a prophétisé ainsi, le Sauveur vient pour le bien de son peuple fatigué de beaucoup de choses. Il est porteur de la joie «Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse.» (Is9, 2) De Dieu ne peut venir que la joie, la paix, la libération, le pardon et l’amour et en Lui tout cela  est en abondance, incomparable avec de pseudo-bonheur que le monde offre. L’incarnation de Jésus est l’accomplissement, le summum de ce que Dieu nous donne. «Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné!» (Is9, 2)  Le prophète annonçait à un royaume en décadence, assiégé partout, qu’un descendant de David arrive pour protéger le peuple. Son message console, il est celui d’espérance et il apaise les cœurs abattus. Cet enfant préfigurait notre Seigneur Jésus Christ qui vient sauver l’homme de l’esclavage du péché, notre grand ennemi. C’est lui que le prophète annonçait «Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père à jamais, Prince de la Paix.» (Is9, 5) Car un simple descendant de David ne pouvait pas être décrit de cette façon. 

            Jésus est la réponse de Dieu à la misère de l’homme. Les premiers qui célèbrent sa venue sont ceux qui attendaient la consolation de Dieu. C’étaient d’abord ses parents, Marie et Joseph. Ces deniers étaient parmi les pauvres de Dieu, les anawims. C’est d’abord à eux qu’est promis le royaume de Dieu et Jésus le proclame dans son premier enseignement sur la montagne. «Heureux ceux qui ont une âme de pauvre.» (Mt5, 3) Ces pauvres auxquels le Sauveur vient, étaient l’image du peuple de Dieu qui à plusieurs reprises errait sans rien, d’abord dans le désert ou dans l’exil qui se répétait au cours de leur histoire. Si nous voulons devenir une crèche qui reçoit le Seigneur, ayons un cœur humble, simple, non alourdi par des prétentions de tous genres. L’habit ne fait pas le pauvre comme le disait Érasme (1466 – 1536) chanoine augustinien de la fin du Moyen Âge; ayons la pauvreté du cœur, celle qui accueille Jésus Christ, le vrai royaume de Dieu parmi les hommes.   

            Dans l’Évangile, saint Luc trace dans l’histoire la naissance de Jésus lors du recensement obligé par l’empereur César Auguste. Ce nom signifie en grec Sebastos ou celui qui est digne d’adoration. Cela montre quel monde accueille Jésus, c’est un monde où l’homme veut s’approprier la place de Dieu, l’unique qui mérite notre adoration. La venue de Jésus n’a donc pas été célébrée comme nous célébrons aujourd’hui la fête de Noël, tout était dans l’intimité de Joseph et Marie qui ont été surpris par sa venue. «Joseph… monta depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem.» (Lc2, 4) Mais tout se déroulait selon le plan divin.  Dieu intervient toujours dans l’histoire humaine que ce soit sur le plan social ou personnel. «Pendant qu’ils étaient là, ...Marie mit au monde son fils, premier-né.» (Lc2, 6-7) Dieu s’incarne donc dans notre vie et dans notre histoire pour les transformer en son affaire avec nous. Il préfère intervenir dans le monde de la manière la plus humble possible. Pourquoi cette humilité de Dieu qui a toutes les possibilités devant lui?

            Dieu ne cesse de nous surprendre, il est l’unique. Ce n’est pas Hérode, le représentant du peuple, qui reçoit d’abord cette Bonne Nouvelle mais les bergers. «L’ange leur dit: ...voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple: Aujourd’hui… vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.» (Lc2, 10-11) Dieu ne passe pas nécessairement chez les grands, chez ceux qui sont sensés être ces lieutenants ou ses représentants officiels. Dans la mentalité de beaucoup de cultures, les bergers sont les gens  méprisés qui se comportent comme les animaux qu’ils surveillent; «ushaka inka aryama nkazo,» (qui désire une vache se couche comme elle) dit la sagesse rwandaise. Au temps de Jésus être berger était comme une insulte car ils étaient des hors la loi, on les considérait comme des voleurs, vivant des rapines. Ils n’avaient pas le droit civil d’être témoins en justice. Des ignorants qui n’assistaient pas à l’enseignement dans les synagogues. Des impurs car leur métier empêchait de respecter le repos rituel du sabbat. Des gens sales qui sentaient mauvais, des bouseux. Dieu voit le cœur et non le statut social de la personne. Les derniers devant les hommes sont les privilégiés en Dieu, ce sont eux qui justifient la venue du Messie pour les libérer de cette exclusion.

            «Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.» (Lc2, 12) Autour de Jésus, l’odeur n’est pas celle de la fête mais celle de ceux qui l’amènent sur la terre. C’est le signe de la pauvreté et de la faiblesse. Cela ne fait pas honte au ciel, au contraire une troupe céleste célèbre cette manifestation de Dieu «Gloire à Dieu au plus haut, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime.» (Lc2, 14) Rejoignons-nous aux anges pour louer le Seigneur pour son amour infini. Joyeux Noël.