Conférence sur l'Oecuménisme — 4. Paroisses de Sens et Paron

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Conférence sur l'Oecuménisme


Le 10 mars dernier, une quarantaine de personnes s'étaient déplacées à Sens pour entendre le Père Champenois, délégué diocésain pour l'Unité des Chrétiens, aborder le thème de l'Oecuménisme. L'exposé, fort intéressant, a été suivi d'un échange animé.

L'extrait de l'Evangile de Jean : "Que tous soient un..." (Jean 17,21) nous a introduits dans la soirée.

Etymologiquement, l’oecuménisme - du grec oikéô, habiter - signifie, dans une perspective chrétienne, à la fois l'ensemble des chrétiens de la Terre habitée et la recherche de l’unité entre les chrétiens.
On considère que le mouvement oecuménique moderne est né en 1910 à Édimbourg, à l'initiative de missionnaires anglo-saxons anglicans et protestants, avec la Conférence internationale des Missions. Peu après, apparaît en 1925 (Conférence de Stockholm) le courant pratique du mouvement oecuménique, avec un engagement commun des chrétiens pour la paix et pour la justice. On peut dire que des mouvements comme l'ACAT sont les héritiers de cette démarche. En 1927 (Conférence de Lausanne), naît un troisième courant du mouvement oecuménique préoccupé par le dialogue doctrinal.
Une fusion de ces 3 réalités débouche en 1948 vers la création du Conseil œcuménique des Églises (COE) comprenant les Protestants et Orthodoxes, mais sans les Catholiques. Le COE se veut un conseil d’Eglises et non pas une super-Eglise globale. 
Parallèlement à cela, l’oecuménisme spirituel connaît un certain dynamisme avec l’implication de grandes figures catholiques comme Lambert Beauduin ou Paul Couturier. Des groupes informels naissent comme le Groupe des Dombes (consacré au dialogue entre catholiques et protestants) dans les années 1930. 
L’Église catholique est restée longtemps hostile à ce mouvement. Au XIXe siècle et pendant la 1ère moitié du XXe siècle, la conception que l’Eglise catholique se faisait de l’Unité était un retour des "dissidents" dans le giron de l’Eglise de Rome. L’encyclique du pape Pie XI de 1928 (Mortalium animos) en est une illustration, interdisant aux catholiques de participer aux réunions du mouvement oecuménique naissant. Cela n’empêche pas des pionniers de s’investir discrètement dans le rapprochement avec les chrétiens séparés, notamment le théologien Yves Congar qui publie en 1937 un ouvrage important : "Chrétiens désunis", principes d’un oecuménisme catholique. C’est à partir du pontificat de Jean XXIII (1958) que s’opère le ralliement de l’Eglise catholique à l’œcuménisme. Le concile Vatican II (1962-1965) marque officiellement ce tournant avec notamment le décret sur l’oecuménisme (1964). Le Conseil pontifical pour l'Unité des Chrétiens est créé à cette époque, des gestes symboliques forts sont posés comme la rencontre entre le pape Paul VI  et le patriarche Athénagoras, accompagnant la levée mutuelle des anathèmes. Les papes Jean-Paul II, Benoît XVI et François poursuivent dans ce sens. Jean-Paul II confirme l’engagement de l’Eglise catholique pour l’oecuménisme avec l’encyclique "Ut unum sint" (1995). Des avancées importantes sont faites en matière de dialogue bilatéral avec les Eglises séparées : Eglises pré-chalcédoniennes, Eglise orthodoxe byzantine, Eglises protestantes (avec notamment l’accord de 1999 sur la Justification). 

Des résistances s'expriment toutefois, à l’intérieur du catholicisme,  notamment de la part de Mgr Lefebvre et du courant traditionaliste. Un certain nombre de prises de position du magistère de l’Eglise catholique, comme par exemple le document "Dominus Iesus" de l’an 2000, suscitent l’incompréhension de la part des autres Eglises. Certains observateurs parlent même de déception après les espoirs suscités par la période conciliaire. Le cardinal Koch, président actuel du Conseil pontifical de l'Unité œcuménique, estime quant à lui que l’oecuménisme est comparable à un avion qui a décollé et atteint maintenant son altitude de croisière, ayant fait beaucoup de bruit au décollage et attiré l’attention. Aujourd’hui, l’œcuménisme semble plus discret. Dans une conférence prononcée à l’Institut Catholique de Paris en 2018, ce cardinal fait le bilan de l’oecuménisme et relève les défis nouveaux qui se présentent, avec notamment  la croissance du phénomène pentecôtiste. Il fait le constat que tous les partenaires du dialogue oecuménique n’ont pas la même conception de son but. Pour l’Eglise catholique, il s’agit d’arriver à l’unité visible (de foi, de sacrements et de ministères) et non pas simplement à une coexistence fraternelle de différentes Eglises.

 
En conclusion, la flamme de l’oecuménisme doit être entretenue et transmise, notamment aux plus jeunes. La recherche de l’unité n’est pas un point optionnel du christianisme. Tous les chrétiens, y compris les catholiques, devraient être passionnés par la recherche de l’unité et souffrir spirituellement du constat des divisions présentes dans l’unique Eglise de Jésus-Christ. 
Le parcours historique qui vient d’être tracé très rapidement nous permet de mettre en lumière un certain nombre de pistes d’engagement concrètes pour l’oecuménisme : 
- Engagement pour la paix, la justice, l’accueil des migrants, la sauvegarde de la création commune : ACAT, « Eglise verte » ; 
- Dialogue doctrinal : groupes locaux d’échanges à partir de la Bible ou de questions doctrinales ; 
- "Partage des dons" (Jean-Paul II) entre les différentes traditions ecclésiastiques : découverte par les catholiques de la prière du nom de Jésus dans la tradition orthodoxe et de l’iconographie orthodoxe, stimulation apportée par nos frères et soeurs protestants à lire la Bible, redécouverte d’une foi confessante grâce aux protestants évangéliques ;
- Oecuménisme spirituel : Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (entre le 18 et le 25 janvier de chaque année) ;
- "Oecuménisme du sang » (pape François) : solidarité avec les chrétiens persécuté dans le monde ;
- Oecuménisme missionnaire : parcours Alpha...
On peut également s’inspirer de ce qui se cherche dans les Forums oecuméniques mondiaux et régionaux où il s’agit de partager sur ce qu’est être chrétien et de se reconnaître mutuellement dans un climat de grande fraternité. 

Père Christophe Champenois