5ème Dimanche de Carême A 2020

Ce cinquième dimanche de Carême nous révèle le mystère de notre vie. Cette dernière est dans les mains de Dieu, c’est lui qui nous la donne et qui la maintient. Quand son Esprit n’est pas en nous, c’est  la mort qui se manifeste. Mais son Fils Jésus redonne la vie à ceux qui l’aiment et la vie qui vient de Lui est nouvelle. Il a ressuscité Lazare et il nous ressuscitera si nous sommes prêts à le suivre en confessant notre foi en lui.

                Au temps du prophète Ézéchiel, le peuple de Dieu a été déporté à Babylone. Sur cette route de l’exil, le nombre des morts était des milliers comme actuellement à cause de Covid-19. Certains rescapés voyaient leur avenir incertain et tout le peuple de Dieu paraît condamné à disparaître comme tant d’autres peuples avant lui. Dans l’histoire de l’humanité, il y a beaucoup de peuples qui ont disparu à cause des guerres, des maladies et des catastrophes naturelles. Ézéchiel redonne espoir à ce peuple «Je vais vous faire remonter de vos tombeaux … et je vous ramènerai sur le sol d’Israël.» (Ez37, 12) Le prophète a vu dans une vision, ce que Dieu va faire, il va manifester sa puissance en sauvant son peuple. Ce dernier a cru aux paroles du prophète et de la mort, il est revenu à la vie; de la peur, le peuple a eu la joie. Dans les moments difficiles comme celui-ci de Covid-19, respectons strictement le confinement qui est en notre pouvoir sans abandonner la foi en Dieu.

            Dans l’Évangile, on nous rapporte la mort de Lazare «celui que Jésus aime.» (Jn11, 3) Ce détail de l’Évangile est très important. Nous savons que Jésus est venu pour tous les hommes, il ne faisait aucune distinction entre les gens, mais il avait ses amis très proches: les apôtres et, plus intimement Pierre, Jean et Jacques; en dehors de ses apôtres, Marthe, Marie et Lazare, et beaucoup d’autres. Nous avons tous besoin d’amis et Jésus en avait beaucoup. Une vie sans amis est une vie perdue, il faut autour de nous quelques hommes et femmes de confiance, c’est humain et naturel. La maison de Lazare et ses sœurs, était toujours ouverte à Jésus, il allait souvent s’y reposer, parler avec confiance, s’amuser et profiter de la compagnie d’amis. C’est cela la vraie amitié, c’est ce que nous devons construire dans nos relations.

                Lazare est tombé malade. On rapporta cela à Jésus «Seigneur, celui que tu aimes est malade.» (Jn11, 3) On ne lui dit pas de venir le guérir mais qu’il est malade. Ce n’est pas nécessaire de dire à un ami ce qu’il doit faire, c’est spontané, un ami est celui qui découvre ce qu’il doit faire sans qu’on lui demande. Parce qu’ il aime tous ses enfants le Père céleste «sait bien ce qu’il vous faut, avant que vous le lui demandiez.» (Mt6, 8) Devant un enfant malade, sa mère sait qu’elle doit le faire soigner. Mais pendant ce temps, Lazare est mort, et tout le monde pleure sa mort. Certes, Lazare était une bonne personne «Beaucoup d’entre les juifs étaient venus auprès de Marthe et de Marie pour les consoler.» (Jn11, 19) Ce n’est pas seulement Jésus qui aimait Lazare; dans l’amitié, il ne faut pas s’approprier celui qu’on aime.

            Les sœurs de Lazare condamnent Jésus pensant que leur frère est mort à cause de son absence «Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort.» (Jn11, 21) Est-ce que nous aussi, souvent nous ne condamnons pas Dieu de nous avoir abandonnés ou de son silence devant nos difficultés? Combien de fois nous exprimons peut-être inconsciemment que Dieu nous laisse seul dans cette pandémie de Coronavirus? C’est sûr Marthe et Marie connaissaient bien le pouvoir de Jésus d’arrêter la mort; elles savent ce en quoi Jésus était capable de faire. «Je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera» (Jn11, 22) dit à Jésus chacune des deux sœurs de Lazare. Jésus ne résista pas à cette foi et à cette confiance «Il se mit à pleurer.» (Jn11, 35) L’amitié ne se cache pas, elle se manifeste au public «Les juifs dirent alors: Voyez comme il l’aimait» (Jn11, 36) Une amitié cachée est un mensonge déguisé.

            L’amitié de Jésus ne s’arrête pas seulement aux paroles de consolation qu’il dit à Marthe et à Marie, elle se manifeste en acte. Après avoir rendu grâces à Dieu, il ressuscita Lazare, son ami en disant «Lazare, viens dehors!» (Jn11,43) Il l’a fait après que Marthe et Marie confessent encore leur foi «Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui vient dans le monde.» (Jn11, 27) Ce n’est donc pas à cause de leur amitié seulement que Jésus a ressuscité Lazare, mais aussi à cause de la foi de ses sœurs. Jésus aimait cette famille parce qu’elle montrait sa foi en lui et elle la confesse à l’occasion de la mort de l’un de leurs membres. Une foi manifestée engendre de nouveaux disciples «Beaucoup d’entre les juifs qui étaient venus (…) crurent en lui» (Jn11, 45) La foi en Jésus vainc la mort et avec lui l’amour est plus fort que la mort.

            Il fallait que Lazare meure pour qu’en ressuscitant les gens croient en Jésus. Comme on le dit la salle d’accouchement de Dieu, c’est le tombeau car après le troisième jour au tombeau son fils Jésus est ressuscité des morts. Étant disciples de Jésus, n’ayez pas peur de la mort car «L’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous» dit saint Paul aux Romains (8, 11). Pour que la vie vienne il faut un accouché et un accoucheur. Soyons des hommes et des femmes qui engendrent la foi et qui aident les autres à l’engendrer dans leur vie et dans le monde.