Dimanche du Saint Sacrement 2020 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche du Saint Sacrement 2020

Nous célébrons la fête de «Corpus Christi» du Saint Sacrement que le Christ nous a laissé: son Corps et son Sang sont nourriture pour notre sanctification. C’est la célébration de l’amour extrême du Christ pour toute l'humanité. L’amour demande un geste d’amour parce que de l’amour naît l’amour comme la vie naît de la vie.

La première lecture concerne l’amour de Dieu qui a nourri son peuple de la manne, un pain qui le sauve de la famine. Cette nourriture a été inattendue «man hû» ce que veut dire «Qu’est-ce cela», la question des israélites à Moïse (cfr. Ex16, 15). La manne ressemblait à «Quelque chose de menu, de granuleux, de fin comme du givre sur le sol.» (Ex16,14) Pour Moïse «C’est le pain que Yahvé vous a donné à manger.» (Ex16,15) Dieu les a nourri après une série d’épreuves au désert. On peut se demander pourquoi nous sommes souvent éprouvés. «Le Seigneur voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans ton cœur» (Dt8, 2) dit Moïse à son peuple. C’était pour lui montrer que seul Dieu avait de la  compassion pour lui au désert car il l’a nourri de «Cette nourriture inconnue de ses pères.» (Dt8, 16) Les épreuves dans notre vie ont donc un rôle pédagogique. Moïse recommande au peuple de ne pas oublier l’amour désintéressé de Dieu. Le Seigneur lui a montré beaucoup d’amour, est ce dernier est éternel car Dieu ne peut pas aimer et ne pas aimer en même temps. L’amour et la haine ne coexistent pas, en Dieu il y a toujours de l’amour. Il a fait sortir son peuple du pays de l’esclavage, il l’a nourri de la manne et il lui a donné de l’eau dans le désert. Dieu continuera de prendre soin de son peuple s’il lui reste fidèle. La manne dont il est question dans la méditation de ce dimanche fait penser à la parole de Dieu, elle est un pain merveilleux qui alimente notre vie spirituelle qui ne cesse de traverser les déserts de la vie. Ayons le goût de la parole de Dieu pour tenir toujours debout dans nos difficultés.

                Nous célébrons la fête du Corps du Christ. Avant de penser à l’Eucharistie pensons d’abord au corps de Jésus, incarné dans le ventre de la Vierge Marie. Les évangiles nous disent comment était le corps de Jésus, ils nous parlent sans détour de la faim ou de la soif de Jésus, de sa fatigue, de ses sentiments de joie et de tristesse. Il n’y avait pas de différence entre son corps et sa vie. Par son corps, il se déplaçait, il entrait en relation avec les autres, il faisait sa mission, etc. Ceux qui étaient séduits par son enseignement souhaitaient le toucher. Mais aussi son corps fut celui qui a reçu des coups au jour de la passion, torturé à tel point qu’il fut méconnaissable, et enfin cloué sur une croix. Le corps de Jésus, c’est aussi ce corps glorifié, ressuscité, dont les disciples furent les premiers témoins. «Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui.» (Jn6, 56) Nous sommes donc invités à recevoir de manière très concrète le corps du Christ pour trouver en lui notre nourriture et notre vie.  Mais recevoir son corps c’est d’abord adhérer, à son enseignement, à sa vie, à sa mission. Ça ne sert à rien de communier au corps du Christ sans la volonté d’être comme lui. 

                Le corps du Christ c’est aussi son Église, son corps mystique. L’Église est un corps qui n’est pas seulement un rassemblement humain de croyants, de ceux qui partagent une même foi, mais elle est aussi une communion spirituelle de ceux qui ont été baptisés dans la vie nouvelle du Christ ressuscité. Nous entendons malheureusement des chrétiens de toutes les catégories qui parlent de l’Église sans comprendre réellement ce que c’est. Ils s’approprient l’Église, alors qu’elle n’appartient à personne. Elle est constituée par des vivants et des morts ainsi que tous ceux qui viendront après nous. De même que les contemporains de Jésus ont eu des difficultés à reconnaître en lui le Fils de Dieu, nous pouvons avoir des difficultés à reconnaître dans l’Église le corps mystique du Christ du fait de nos limites, de nos faiblesses. Nous la trouvons extérieurement sale, vieille, complice, frileuse, et silencieuse sans la voix prophétique, mais faisons attention, c’est le corps de Jésus, appelé à traverser des siècles avant d’être glorifié. Les membres de l’Église peuvent être infidèles mais pas sa tête.

                Le corps du Christ est enfin l’Eucharistie «Je suis le pain vivant, descendu du ciel.  Qui mangera ce pain vivra à jamais.» (Jn6, 51) L’Eucharistie que nous célébrons est la source de la vie éternelle. Notre communion au Corps du Christ dans l’Eucharistie est bien communion à Jésus mort et ressuscité pour nous donner la vie nouvelle qui ne finit pas. Elle nous met en communion avec Jésus dans toutes ses dimensions. L’Eucharistie nous invite à ressembler à Jésus dans sa vie terrestre où il ne faisait que du bien ; nous participons ainsi à sa résurrection. En peu de mots dans la célébration de l’Eucharistie, nous célébrons et nous entrons en relation avec ce Jésus, venu dans la chair, ressuscité dans la gloire, et qui veut rassembler l’humanité en une même famille des élus de Dieu. Elle est notre communion avec nos frères et sœurs de tous les temps. Selon Saint Paul «À plusieurs nous ne sommes qu’un corps, car nous participons à ce pain unique.» (1 Co10, 16) Dans l’Eucharistie, notre union est sincère et pleine d’amour car elle est faite par Jésus.

                Dans l’Eucharistie nous mettons en pratique le commandement de l’amour. Saint Augustin dit qu’en aimant, nous nettoyons nos yeux pour voir Dieu. Par l’Eucharistie, non seulement nous voyons Jésus mais nous sommes unis à lui car «Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi et moi en lui.» Si nous mangeons le corps du Christ, nous serons vraiment «Alter Christi», un autre Christ. L’Eucharistie nous purifie de nos faiblesses et de nos misère, elle nous donne une nouvelle manière d’être avec les autres et Dieu.