Dimanche 2A 2020
Le temps ordinaire dans notre liturgie est celui de rendre réalité nos rêves spirituelles. En exil à Babylone, les Israélites n’ont pas cessé de rêver de la libération et du retour dans la Terre Promise. La lecture du prophète Isaïe que nous avons écoutée, annonce d’abord l’amour de Dieu pour son peuple «Tu es mon serviteur, Israël, en toi je manifesterai ma splendeur.» (Is49, 3) Dans les difficultés et les épreuves, Dieu n’abandonne pas les siens à eux-mêmes. Il a promis un Sauveur non seulement pour son peuple mais pour toutes les nations. Le salut annoncé à Israël doit s’étendre à toute l’humanité, il est donc universel «Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre.» (Is49, 6) Cette délivrance de l’humanité s’est réalisée en Jésus Christ de qui nous recevons la bénédiction de Dieu et toutes ses grâces. Ainsi saint Paul peut dire sans se gêner «À vous, la grâce et la paix, de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ.» (1 Co1, 3)
L’Évangile nous rapporte le témoignage de Jean Baptiste qui affirme aussi sans ambiguïté que Jésus est le Sauveur du monde envoyé par Dieu «Voyant Jésus venir vers lui, il dit: Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde [...] C’est lui le Fils de Dieu!» (Jn1,33-34) Cette affirmation «Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde» se fait entendre dans la célébrations eucharistique de chaque dimanche. Elle est devenue une magnifique profession de foi de l’Église entière. Le Baptiste a été ébloui par le mystère de Jésus Fils de Dieu. Avant le baptême de Jésus, il avoue son ignorance sur lui «Je ne connaissais pas encore Jésus.» Il se faisait une autre idée du Sauveur, il attendait sans doute un Messie qui viendrait de façon plus spectaculaire, avec plus de puissance et d’éclat. Et voici que Jésus vient au Jourdain pour se faire baptiser, il se met au rang des pécheurs comme le dernier des derniers. Dans ce visage si humain de Jésus, le Baptiste a entrevu le Verbe de Dieu existant depuis toujours dans le sein du Père. Après son étonnement, voici le cri de foi et d’amour de Jean «C’est lui le Fils de Dieu!» (Jn1, 34)
La plupart des chrétiens et des non-chrétiens ont du mal à reconnaître en Jésus, l’identité du Fils de Dieu. Très récemment j’ai demandé à quelqu’un qui demandait à être baptisé s’il a entendu parler de Jésus et qui est-il pour lui. Sans hésitation, il m’a dit, Jésus est le symbole de la religion chrétienne; il est aussi faiseur de miracles. J’aurais été étonné s’il m’avait dit « Il est le Fils de Dieu ». Cela n’est que la confession qui montre une grande maturité spirituelle. Le Baptiste l’a témoigné après en être informé par le Ciel «Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit: Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer […] C’est lui le Fils de Dieu!» (Jn1,34) Vous vous souvenez très bien de ce que Jésus a dit à Pierre après que ce dernier confesse qu’il est le Fils du Dieu vivant. «Heureux es -tu Simon Bar-Jona, car ce n’est ni la chair, ni le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père céleste.» (Mt16, 17) Actuellement, il est difficile de confesser la divinité de Jésus car devant les événements déroutants de nos vies et du monde, quand Dieu semble silencieux, voire absent, il est difficile de confesser que Jésus est le Fils de Dieu. Il nous faut l’Esprit Saint pour nous conduire à cette connaissance suprahumaine.
Si Jean-Baptiste s’émerveille de voir Jésus venir se faire baptiser au Jourdain et se mettre au rang des pécheurs, c’est qu’il voit Dieu lui-même s’approcher de toutes nos blessures du corps et de l’âme, et de tout ce qui défigure l’image de Dieu en nous. Jésus ne nous juge pas, mais il enlève tout ce qui nous rend captifs afin de nous redonner notre dignité et notre beauté de fils de Dieu. C’est le sens profond du témoignage de Jean sur Jésus. Non seulement, il voit en Jésus «Celui qui ôte le péché du monde», mais «Celui qui nous baptise dans l’Esprit Saint.» C’est dire que quelles que soient notre chute et notre défiguration, le Fils de Dieu est capable de nous recréer de l’intérieur, de nous communiquer son Esprit qui nous permet, en toute situation, de revenir vers Dieu et de lui dire «Père» comme le fils prodigue.
Peut-être nous ne sommes pas en mesure de montrer aux autres qui est Jésus, mais au moins essayons de dire ce qu’il a fait pour nous. Laissons des explications dogmatiques aux théologiens et donnons simplement un témoignage sur Jésus. Celui-ci vaut plus qu’une série de théories sur lui. Essayons de dire aux autres ce que nous avons vu de nos propres yeux. On n’est pas capable d’expliquer comment il s’est fait homme, mais on peut raconter comment il nous a changés en homme ou femme sociale qui prend soin des plus démunis.