3ème Dimanche de l'Avent A — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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3ème Dimanche de l'Avent A

La liturgie de ce 3ème dimanche de l'Avent nous invite à la joie. On l'appelait autrefois le dimanche du «Gaudete» mot latin qui signifie «réjouissez-vous» Noël commence à se déciller, le bois de sapin est presque partout, des chorales finalisent la répétition des chants de la nativité de Jésus, des gens s’organisent pour aller fêter Noël en famille, etc.

Avons-nous le droit de se réjouir alors que nous voyons tant de souffrances dans le monde, autour de nous, peut-être en nous-mêmes? Le chant du cantique d’Isaïe nous donne la réponse: «Joie sur terre, l'aube va paraître; joie sur terre, Dieu vient nous sauver.» Isaïe invitait à la joie le peuple ravagé par la guerre, martyrisé par toutes formes d’écrasement. Partout il y avait la misère, beaucoup de gens délaissés, meurtris qui rappelait la souffrance de l’esclavage d’Egypte. Se réjouir vaut la peine car Dieu vient supprimer tout ce qui retient son peuple dans la souffrance, il vient guérir leurs  blessures et leur offrir le pardon de ses péchés.

L’homme est incapable de se sauver des situations mortifères qui l’entourent. Seul Dieu est capable de rétablir l’ordre en tout et donner la santé à son peuple. «Dieu vient lui-même et va vous sauver. Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie.» (Is35, 5-6)  L’homme ne peut pas se sauver lui-même, il a besoin de Dieu. Quand tout se ferme devant lui, il doit crier à Dieu qui ne tarde jamais à répondre. Il guérit les handicaps de toutes sortes: physiques, sociaux, familiaux et spirituels. Quand il vient à notre rencontre, l’allégresse et la joie nous habitent, la tristesse et le gémissement s’enfuient (Is35, 10). Mais il n’est pas facile, mais pas impossible de découvrir la venue de Dieu quand la souffrance dépasse notre entendement.  

«Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre?» (Mt11, 3) C’est avec ferveur que Jean Baptiste avait proclamé le Messie qui devait venir. Mais dans l'obscurité de sa prison, il est assailli par le doute  sur Jésus. Qu’est-ce qui faisait douter à Jean, la souffrance de la prison alors qu’il était habitué à une existence de martyre? N’y a-t-il pas une autre raison à son doute? Quelques essais de réflexion: on lui rapporte que Jésus mange et boit avec des gens de mauvaise réputation ; il avait annoncé que le Messie viendrait avec une pelle à vanner pour nettoyer son aire et faire le tri; Jésus pardonne les péchés et offre à tous la miséricorde divine. Est-ce qu’il n’est plus sûr du Messie qu’il a baptisé au Jourdain et qu’il a montré au monde en disant «Voici l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde; c’est de lui que j’ai dit: Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était. Je ne le connaissais pas; mais, si je suis venu baptiser dans l’eau, c’est pour qu’il soit manifesté au peuple d’Israël.» (Jn1, 29-31) Dans sa nuit obscure de doute, Jean envoie ses disciples pour demander à Jésus: «Es-tu celui qui doit venir?»

Le doute présent dans le cœur de Jean-Baptiste nous habite, nous aussi car Dieu n'a pas fini de nous surprendre: il se révèle toujours autre que nous ne l'attendions. Il est le Tout-Autre. Nous avons souvent l’illusion de Dieu; nous voulons un Dieu qui écrase nos ennemis, un Dieu justicier, un Dieu qui est à notre service sinon ce n’est pas un Dieu qui écoute les siens. En répondant à la question de Jean Baptiste, Jésus nous montre les signes de sa présence dans des gestes de bonté envers les défavorisés et les souffrants «Allez rapportez à Jean ce que vous entendez et voyez: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres.» (Mt11, 4-5) Le véritable signe que le Messie est parmi nous, que son règne est là, c’est quand il y a l’amour. Voyons si dans notre vie, dans notre famille et dans notre communauté le Messie y est arrivé. Accueillir, aider, aimer, écouter, pardonner, soutenir, c’est ce qui fait venir le Messie dans notre vie. Jésus est donc le Messie Miséricordieux qui doit venir et non le Messie justicier, conquérant et nationaliste que ses contemporains attendaient. Jésus est le Messie très proche des publicains et des prostituées, ou des colons romains. C’est très irritant mais c’est le propre de Dieu qui est le Père de tous, les bons et les méchants.

«Heureux qui ne sera pas scandalisé à mon sujet.» (Mt11, 6) dit Jésus. Il y a ceux qui disent si tel (en citant des grands criminels) sera au Paradis, celui-ci n’aura pas de sens. Pour ceux qui se convertissent le règne de Dieu est leur demeure. L’amour de Dieu pour nos adversaires doit nous convertir à sa grande miséricorde, nous inviter à pardonner et à chercher la communion fraternelle. Dieu donne toujours à chacun sa nouvelle, «Il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance.» (2P3, 9) La Parole de Dieu doit guérir nos yeux s’ils sont aveuglés par le doute et les fausses doctrines. Le précurseur de Jésus a affronté la souffrance en apprenant que le Messie a repris sa mission d’annoncer le règne de Dieu. La Bonne Nouvelle aide tous ceux qui souffrent dans leurs corps et dans leurs âmes. Saint Jacques encourage les affligés à garder courage car la délivrance n’est pas lointaine «Prenez patience (…) affermissez vos cœurs …le Seigneur est proche.» (Jacq5, 8) Jésus n’a jamais abandonné le monde, il est avec nous, il réconforte tous les blessés de la vie…