Dimanche 22 A 2020 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 22 A 2020

Nous nous souvenons de la réponse de Pierre à la question de Jésus «Qui suis-je?» Il a donné une réponse directe: «Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant.» En approuvant sa réponse, Jésus a directement annoncé sa passion et sa mort sur la croix. Pierre et les autres n’ont rien compris car le mystère de la croix et de la mort demande plus de foi. La croix et la mort peuvent être signe de l’amour et de la fidélité à Dieu.

                La première lecture nous présente la souffrance du prophète Jérémie pour sa fidélité à Dieu et à sa parole. Sa prophétie n’a pas plu au peuple car il annonçait «Violence et dévastation» (Jr20, 8) qui s’abattront sur le peuple à cause de leur infidélité à l’alliance. Pour cela Jérémie a été exclu de sa communauté et il a  subi des persécutions à la suite de sa prophétie. «La parole de Yahvé a été pour moi source d’opprobre et de moquerie tout le jour.» (20, 8) À l’intérieur, il a voulu abandonner la mission que Dieu lui avait confiée mais c’était impossible et il n’arrivait pas à prendre cette décision. «Je me disais: je ne penserai plus à lui, je ne parlerai plus en son Nom; mais c’était en mon cœur comme un feu dévorant, enfermé dans mes os.» (20, 9) Jérémie accepte la volonté de Dieu, il ne dérobe pas sa mission qu’il assume jusqu’à la fin. Car la parole de Dieu vaut plus que sa propre vie. Il a accepté moquerie et humiliation.

                Cette lutte intérieure de Jérémie rappelle celle du Christ lors de sa passion. «Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse.» (Lc22, 42) Malgré notre foi, la vie humaine ne supporte pas suffisamment l’effroi de la souffrance et de la mort. Dans la mesure du possible la souffrance est à éviter; les chrétiens ne sont pas des stoïques auxquels la souffrance et la mort ne leur disent rien. Ils souffrent mais dans ce combat pour faire triompher la volonté de Dieu et taire leur volonté, la présence du Seigneur est leur seule aide. Dans notre lutte quotidienne, nous ne sommes pas seuls, Dieu aide ceux qui souffrent à cause de leur fidélité à son amour. La souffrance existe, la nier signifie que la vie humaine n’a pas de sens; elle est une école de la vie. La souffrance pour une cause juste comme l’amour, la fidélité, la paix, est une grâce et en elle Dieu ne nous abandonne pas.

                Dans l’Évangile, après la confession de Pierre au nom de tous les apôtres que Jésus est le Fils de Dieu, tout n’était pas clair pour eux. Ils ont imaginé un Messie mondain: un roi, un chef, un prophète, un prêtre ou un réformateur qui dirigerait le peuple d’Israël à une grande prospérité et victoire politique. Jésus veut purifier leur foi et «Il commença de montrer … qu’il lui fallait s’en aller à Jérusalem, y souffrir beaucoup (…) être tué et, le troisième jour, ressusciter.» (Mt16, 21) Personne n’aurait pu imaginer que le Messie serait un martyr plongé dans l’humiliation à la vue du monde. La révélation du Messie souffrant fut donc un message de déception aux apôtres, en particulier à Pierre.

                Le premier à confesser Jésus comme le Messie, est aussi le premier à ne pas comprendre le mystère de sa croix. «Dieu t’en préserve, Seigneur! Non cela ne t’arrivera point.» (Mt16, 22) Pour Jésus, Pierre ne pense pas comme Dieu, mais comme les hommes. Jésus profite du malentendu des apôtres pour expliquer clairement que le plan de Dieu était la croix. Selon ce plan Jésus devait souffrir, non seulement d’une souffrance physique mais aussi d’une souffrance morale, car il serait rejeté et humilié par les représentants du peuple d’Israël. Ses pires souffrances furent aussi la trahison de Judas, le reniement de Pierre et l’abandon de ses disciples et le refus total de son salut. Jésus a souffert énormément lorsque tout le peuple acquiesçait sa condamnation «Que son sang soit sur nous et sur nos enfants.» (Mt 27, 25) Un innocent qui meurt exécuté comme un grand malfaiteur, tel est la pire souffrance qui n’épargna pas Jésus mais il l’a acceptée pour sa fidélité à la volonté de son Père.

                Quand Pierre a entendu la fin tragique de son Messie, il a été terrorisé et il lui proposa d’éviter la passion et la croix. Nous devons comprendre donc sa réaction. Il ne pouvait pas comprendre qu’un si grand Jésus subira cette humiliation en mourant sur une croix; son admiration et ses pensées sur le Messie s’effondrèrent et Jésus condamna ses propos trop humains «Passe derrière moi, Satan. Tu me fais obstacle, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.» (Mt16, 23) Pierre n’avait pas compris le mystère de la résurrection et le bonheur qu’en découle. Sans la lumière de la résurrection, la mort devient une fin, un échec, un obstacle, un danger, etc. Mais pour Jésus, la mort est un passage obligé pour entrer dans la gloire de l’éternité, elle est le chemin pour celui qui veut le suivre «Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix, et qu’il me suive.» (Mt16, 24)

                Pour Jésus, aimer vraiment c’est renoncer à ses propres intérêts, son réconfort, son égoïsme… et finalement se renoncer soi-même. Aimer, c’est donc changer notre façon de voir le monde et les autres. Saint Paul dit aux Romains «Ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait.» (Rm12, 2) Discernons bien la nouvelle façon de vivre en suivant l’amour où il faut perdre pour gagner. La victoire est toujours au bout d’un dur chemin.