Dimanche 20 A 2020 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 20 A 2020

Ce dimanche, la parole de Dieu nous invite à accueillir ceux qui viennent vers nous. Une organisation qui se réclame chrétienne, un homme ou femme de Dieu, un croyant, doivent être accueillants. Notre accueil doit être sans exception car l’amour ne doit pas avoir de frontières de culture, de couleur, de sexe, de classe ou de langue. Mais l’accueil qui plaît à Dieu doit être intérieur et non seulement extérieur et visible. Prions pour que nous sachions donner à l’autre une place dans nos vies, dans nos familles, nos villages et nos communautés.

                Le prophète Isaïe apporte un changement radical dans la foi juive «Ma maison s’appellera, maison de prière pour tous les peuples.» (Is56, 7) Israël s’ouvre aux étrangers, le royaume de Dieu n’est plus le propre du peuple choisi, les étrangers sont aussi invités mais à une condition «Attacher au Seigneur pour l’honorer, pour aimer son nom, pour devenir ses serviteurs.» (Is56, 6) Quant à Israël le royaume de Dieu n’est pas assuré d’ avance, le prophète ne cesse pas de leur rappeler ce qui suit «Observez le droit et pratiquez la justice.» (Is56, 1) Au moment de cette prophétie d’Isaïe, le peuple de Dieu était en exil à Babylone. Sans doute qu’on voyait les bienfaits de cette nation étrangère qui les avait accueillis et une question surgissait: quel sera le sort de ceux qui ne faisaient pas partie du peuple choisi? Est-ce que les étrangers peuvent avoir accès au Temple?

                L’intention de Dieu n’est pas de s’arrêter à une frontière culturelle et sociale. Dieu n’aime pas les ghettos. Tout ce qui vient de Dieu est universel: amour, paix, justice, joie, pardon, etc. Ce sont les dons de Dieu à toute l’humanité mais il appartient à chacun de les accepter ou de les refuser. Selon le prophète Isaïe, le temple est destiné à tous les peuples. Ici, nous avons notre temple paroissial, la plupart d’entre vous collaborent pour sa bonne maintenance mais ce n’est pas notre maison, mais celle du Seigneur, ouverte à tous. Tous ceux qui reconnaissent Dieu peuvent utiliser nos églises comme maison de prière. Dans la maison de Dieu, il y a de la place pour tout le monde. Dieu est ouvert à tous les peuples. Comme enfants de Dieu, nous devons accepter notre universalité. Saint Paul l’a compris en disant aux Romains: «Vous avez obtenu miséricorde» (Rm11, 30) sous-entendu, en venant des nations païennes. Demandons la grâce de surmonter toutes formes d’exclusivisme qui peuvent surgir dans nos relations.

                Dans l’Évangile, Jésus entre dans une région étrangère de Tyr et de Sidon. Pour les juifs, cette région était païenne. Une femme non israélite mais Cananéenne entre en conversation avec Jésus. Il demande la guérison de sa fille possédée par un démon «Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David: ma fille est fort malmenée par un démon.» (Mt15, 22) Une personne découragée n’a pas de frontières, elle cherche une solution partout et elle est ouverte à tout, c’est la loi de la survie. Jésus se tait à la demande de cette femme et sa réaction est ferme malgré la supplication de ses disciples. «Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël,» (Mt15, 24) dit Jésus. Il ne veut pas que les païens le prennent pour un guérisseur ou un magicien. Il est dans une terre étrangère, il doit révéler la vraie foi. Il veut purifier la foi de la Cananéenne pour la rapprocher de lui. Le plus important n’est pas la guérison mais reconnaître l’amour de Dieu. Ce qui est primordial c’est avoir la foi, c’est notre salut et non notre santé. 

                La Cananéenne insiste «Seigneur viens à mon secours!» (Mt15, 25) Cette insistance montre les épreuves de la prière. Dans la prière, nous voulons une réponse directe comme si c’est notre droit et Jésus nous enseigne à prier avec persévérance. «Il ne sied pas de prendre le pain des enfants et de le jeter aux petits chiens.» (Mt15, 26) Au lieu d’être offensée, la femme réagit avec une métaphore, en se comparant aux animaux, qui ne s’assoient pas à la table des enfants du propriétaire «C’est vrai, Seigneur, reprit-elle, mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.» (Mt15, 27) Cette femme est extraordinaire, elle vient de convaincre le fils de Dieu! Sa prière convaincante vient de sa grande foi. Elle parle de sa vie et quand c’est la vie qui parle, il n’y a pas de mensonge. Elle nous apprend à prier: une bonne prière ne doit pas être un bon discours mais une expression de notre vie. Elle ne perd pas espoir et elle est convaincue que malgré les différences, le pain peut être partagé. Jésus loue sa foi et guérit sa fille «O femme, grande est ta foi! Qu’il t’advienne selon ton désir. Et de ce moment sa fille fut guérie.» (Mt15, 28)

                Que nous enseigne cet Évangile? D’abord, la vie est pour tout le monde, chacun est enfant de Dieu même s’il y a ceux qui ne veulent pas le reconnaître. Ensuite, toutes les formes de particularisme, qu’il soit familial, social, culturel ou religieux sont contraires à la foi en Dieu. N’oublions pas que nous sommes catholiques et être catholique signifie être universel. Nous devons être accueillants; accueillir l’autre signifie qu’il est important pour moi malgré son identité personnelle. En ce moment où les guerres, les crises économiques et politiques forcent certaines personnes à quitter leurs familles, leurs terres, leurs villages et leurs pays, saisissons l’occasion d’être plus accueillants et de partager avec ceux qui ont besoin de nous matériellement, moralement et spirituellement.