Dimanche 16 A 2020 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 16 A 2020

Le thème des lectures de ce dimanche est celui de la patience de Dieu. Malgré sa toute puissance, Dieu ne suit pas l’instinct de sa force comme nous tous, il n’exécute pas sa volonté précipitamment mais il est plus miséricordieux qu’aucun autre être parmi tous ceux qui existent. Pour le psalmiste, il est bon avec tout le monde, non seulement pour les gens de son peuple mais pour tous les peuples.

                Un sage de l’AT avais compris que «Il n’a pas en dehors de toi, de Dieu qui ait soin de tous.» (Sg12, 13) Cela change radicalement la compréhension juive vis à vis des méchants, des infidèles, des étrangers ou des païens. Ils ne seront pas extirpés de la surface de la terre «Ta domination sur toute chose te permet d’épargner toute chose.» (Sg12, 16) Pourquoi Dieu préserve les méchants? Ils peuvent être bien portants dans la vie en réussissant dans les affaires plus que ceux qui craignent Dieu et qui font sa volonté. Dieu les garde pour les conduire à la conversion. Notre Dieu est plus humain que l’homme et le sage le souligne dans son étonnement. Dieu est bien différent de nous autres car pour nous, la puissance conduit presque toujours à l’impatience. Dans nos sociétés les cas d’abus de pouvoir ne cessent de se multiplier en laissant beaucoup de victimes. Ceux qui contestent la puissance des grands de ce monde se placent en situation d’être marginalisé voire supprimé «Tandis que toi, Seigneur, qui disposes de la force, tu juges avec indulgence, tu nous gouvernes avec beaucoup de ménagement, car tu n’as qu’à vouloir pour exercer ta puissance.» (Sg12, 18)

                Pour Dieu, la puissance est donc synonyme de sa patience car il n’a rien à prouver ou à défendre. Il n’est pas en situation de rivalité avec nous. Si Dieu nous a créés gratuitement et par amour, ce n’est pas  ensuite pour nous regarder avec méfiance. Il ne peut vouloir que notre bien. C’est ce que souligne le livre de la Sagesse qui ne fait pas des spéculations abstraites sur Dieu mais médite son mystère à partir de son action concrète dans l’histoire. La puissance de Dieu s’exerce dans le don et non dans l’écrasement des faibles. La puissance divine se dit dans sa capacité à se donner à nous sans retour et à attendre patiemment que nous accueillons ce don. Le Seigneur tout-puissant est patient envers nous et il nous laisse le temps de revenir à lui, de nous convertir. Selon saint Paul, cette puissance de Dieu s’est manifestée dans le don de l’Esprit Saint qui «vient au secours de notre faiblesse.» (Rm8, 26)

                Dans l’Évangile, Jésus nous explique le problème du mal en nous parlant de la patience de Dieu. C’est dans l’Évangile du blé et de l’ivraie qui grandissent ensemble. Il ne peut pas y avoir une société seulement des  bons ou des méchants, une communauté des parfaits ou des imparfaits, ces deux groupes doivent cohabiter.  L’humanité est un mélange de bien et de mal, de grâce et de péché. Dans chacun de nous, il y a les deux, du bon et du moins bon; le mal est dans chacun, voilà pourquoi nous sommes tous mortels. Essayons d’augmenter ce qui est bon en nous et diminuer ce qui est moins bons, les vices, etc. Jésus nous dit que les deux grandissent ensemble mais ils ne viennent pas de la même façon, le bon est à apprendre en plein jour mais le mal s’installe en cachette comme le blé est semi pendant le jour et l’ivraie s’installe à l’improviste pendant la nuit. Ils grandissent ensemble mais la récolte séparera les deux, l’un pour procurer la joie, l’autre pour être anéanti. 

                Pour Jésus, le royaume de Dieu semble invisible au départ «Le Royaume des cieux est comparable à une graine de moutarde qu’un homme a semée dans son champ.» (Mt13, 31). Les graines de moutarde sont presque invisibles, elles sont très petites, mais si on en prend bien soin, elles finissent par faire un grand arbre. Le royaume des cieux est aussi «Comme du levain qu’une femme enfouit dans trois mesures de farine, jusqu’à ce que toute la pâte ait levé.» (Mt 13, 33). La levure n’est pas visible, mais si elle n’était pas là, la pâte ne se lèverait pas. La grâce de Dieu n’est pas visible dans la vie mais c’est elle qui donne la qualité à la personne humaine. Elle ne fait pas de bruit, mais elle transforme substantiellement des infidèles en fidèles de Dieu, des égoïstes en altruistes, des sans -dieu en confesseurs de Dieu. 

                La grâce de Dieu nous est donnée par la foi, par la prière, par les sacrements, par la charité. Mais cette vie de grâce est avant tout un cadeau à recevoir et à désirer humblement. C’est un cadeau que nous n’apprécions pas assez surtout actuellement où ce qui compte c’est l’efficacité ou des résultats immédiats. Dieu offre cette sagesse aux humbles et  aux simples qui se reconnaissent comme faibles et pécheurs qui espèrent seulement sa miséricorde. Ainsi, la graine de moutarde deviendra un grand arbre et le levain de la parole de Dieu fera en nous des fruits de la vie éternelle. Selon saint Augustin «Plus un cœur est humble, plus il s’élève à la perfection».

                L'Évangile du blé et de l’ivraie nous dit aussi à quoi ressemble notre Église, sainte et en même temps pécheresse. Sa beauté vient de Jésus le Fils de Dieu qui sème toujours l’amour de Dieu dans nos cœurs. La tache de notre Église est représentée par nous, hommes et femmes, lorsque nous rejetons la volonté de Dieu dans nos cœurs et lorsque nous nous détournons de l’amour pour Dieu et pour nos frères et sœurs. Que la grâce de Dieu nous accompagne et nous élève au rang de ses fils qui se réjouissent de son règne d’amour.