Dimanche 30 A — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 30 A

L’amour n’est pas une option personnelle ou communautaire, c’est un commandement divin, donc un ordre donné par Dieu à tous les croyants. Celui qui ne s’adonne pas à l’amour s’écarte de Dieu et cette séparation entraîne d’énormes conséquences. Mais le commandement de Dieu n’a rien à avoir avec l’autoritarisme, il est une invitation directe à son imitation. Celui qui aime connaît Dieu au plus profond de lui-même et il s’élève au rang de Dieu qui devient Père de ceux qui aiment réellement. Si nous voulons connaître Dieu et nous transformer en ses fils et ses filles, allons à l’école de l’amour.

                L’amour qui plaît à Dieu n’est pas n’importe quel amour. Il faut faire attention de la manière dont nous aimons. Tout le monde aime mais comment nous aimons et qui nous aimons en réalité? Il ne faut pas aimer comme ceux qui ne connaissent pas Dieu, ils aiment pour eux-mêmes, dans leur amour ils visent leurs propres intérêts. Le livre de l’Exode nous dit qui devons-nous aimer réellement. «Tu n’exploiteras pas l’immigré, tu ne l’opprimeras pas, car vous étiez vous-mêmes des immigrés au pays d’Égypte. Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin.» (Ex22, 20-21) Ce commandement a été donné par Dieu aux Hébreux en sortant de la servitude d’Égypte. Il s’agit ici de trois catégories de personnes à aimer: les immigrés, les veuves et les orphelins.

            Un théologien, philosophe, missionnaire et romancier catalan, le bienheureux Raymond Llull (1235-1315) écrivit que le métier du chevalier est de défendre les veuves, les orphelins et les impotents. Se retrouver sans mari, sans parents, sans soutiens familiaux ou des voisins, conduit à la merci de tous les dangers.  Ceux qui se trouvent dans cette situation doivent être protégés par ceux qui connaissent la miséricorde de Dieu et ceux qui ont bien compris que dans la vie nous sommes complémentaires. Une société est respectée en regardant la place qu’elle accorde à ceux qui sont au bas de l’échelle sociale. Dieu ne reste pas sans rien faire si nous ignorons les plus faibles parmi nous. «Si tu les accables et qu’ils crient vers moi, j’écouterai leur cri.» (Ex22, 22)  Dieu a besoin de nous mais notre refus le pousse à agir en faveur de ceux qui tendent leur main pour demander une aide ou un secours.

            Jésus nous rappelle que le commandement par excellence est celui de l’amour. C’est en réponse à la question d’un pharisien de savoir «Quel est le plus grand commandement.» (Mt22, 36) Ce pharisien était préoccupé car à son époque il y avait 613 commandements et préceptes que contient la Loi de Moïse. Jésus simplifie cela en loi de l’amour. La synthèse de ces commandements en deux montre la connaissance de celui qui fait cette synthèse, Jésus connaissait à fond le sens de ces commandements. Il redonne à la Loi sa vraie dimension: Dieu a donné sa Loi après avoir fait sortir son peuple de l’esclavage d’Égypte. La loi a permis au peuple de vivre la liberté qui lui a été accordée par Dieu en le soustrayant de la servitude égyptienne. Il y a ceux qui vivent comme si Dieu n’existe pas. Ils sont sans loi. Vivre sans loi, être un hors-la loi n’est pas une qualité; ça montre qu’on n’a pas de devoir. Sans devoir équivaut sans droit.

            Si Dieu nous donne une loi est qu’il se considère comme notre maître. Il fait partie de nous- mêmes. Dieu s’est fait un avec les hommes qu’il a créés. Il est notre Seigneur et notre commandeur. Nous pouvons dire que cette loi a été donnée aux Hébreux et non à nous. Mais nous nous trompons, c’est aux hommes et femmes que Dieu a donné la loi. La première loi concerne notre amour à Dieu. «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit.» (Mt22, 37) Dire que Dieu nous commande et que nous avons à obéir à sa Loi, ce n’est pas affirmer un quelconque autoritarisme de Dieu mais apprendre de lui la manière concrète d’aimer comme lui. L’amour à Dieu a une conséquence directe  envers nous, ses créatures. Voilà pourquoi Jésus ne sépare pas l’amour envers Dieu et envers notre prochain. Le second commandement est semblable au premier: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» (Mt22, 39)

            Aimer notre prochain nous rapproche de Dieu car c’est Lui qui nous aime plus que n’importe qui. Il nous aime alors que nous sommes pécheurs. Aimer l’autre ne signifie pas qu’il est sans tache ou irréprochable. L’autre qui mérite notre amour peut être notre adversaire ou notre ennemi. L’autre à aimer ne signifie pas qu’il doit être quelqu’un de notre famille, un ami ou un voisin mais notre semblable, donc celui qui ressemble en nous en qualité et en défaut. Au fond, tous les humains se ressemblent en tout. Pour cela, n’importe qui est donc notre prochain. En résumant les commandements en deux, Jésus ne rend pas caduc les autres, il nous montre la bonne manière de les vivre et de les respecter. «De ces deux commandements dépend toute la Loi, ainsi que les prophètes.» (Mt22, 40) Celui qui aime a bien mis en action la Parole de Dieu. «Celui qui aime a déjà franchi la mort» chantons-nous souvent. Car l’amour nous donne la nature de Dieu qui est immortel et éternel. 

            Aimer, ce n’est donc pas notre option, c’est notre nature de vivre. Aimer Dieu et haïr notre prochain n’a pas de sens. Saint Jean nous dit que celui qui prétend aimer Dieu mais qui haït son prochain est un menteur (1Jn4, 20). Vivre sans amour nous fait des morts vivants. Celui qui n’aime pas Dieu et son prochain se haït soi-même. Jésus recommande d’aimer l’autre comme soi-même. Dans l’amour envers notre prochain nous retrouvons le reflet de ce que nous sommes, image de Dieu. Apprenons de Dieu comment aimer les autres.