Dimanche A10 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche A10

À propos de la Trinité nous avons parlé de l’amour pour comprendre ce mystère. Mais l’amour en Dieu n’est pas une belle théorie mais une réalité quotidienne. Dans le mystère de l’Eucharistie nous contemplons un signe de l’amour de Jésus à ses disciples. Jésus nourrit continuellement la vie éternelle à ceux qui veulent grandir dans son amour qui se manifeste dans la donation totale.

                La première lecture parle de la manne, le pain qui a nourri le peuple de Dieu pendant sa traversée au désert. Ce pain fut l’initiative de Dieu, le peuple n’attendait rien, il ne faisait que murmurer contre Moïse. La traversée du désert fut une grande épreuve, dure et difficile. Elle avait un objectif pédagogique pour toutes les générations. «Souviens-toi de la longue marche que tu as faite pendant quarante années dans le désert; le Seigneur ton Dieu te l’a imposée pour te faire passer par la pauvreté; il voulait t’éprouver et savoir ce que tu as dans le cœur: allais-tu garder ses commandements, oui ou non?» (Dt8, 2) Tout ce que nous rencontrons peuvent aller dans le sens de notre croissance et de notre mûrissement. Dieu a fait passer son peuple par le désert après leur montrer sa puissance en les faisant sortir de la méchanceté de Pharaon et de son armée. En réalité, c’était l’esclavage qui avait été difficile pendant plus de 400 ans. Pour le peuple, il n’y avait pas d’issue à cette exploitation. L’épreuve du désert était pour voir s’il avait compris cet amour de Dieu et sa fidélité.  

                Dans le désert, le peuple de Dieu a perdu la confiance en Dieu et en son serviteur Moïse. Mais le  Seigneur n’a pas considéré leur faute, en cas de détresse il n’a pas abandonné son peuple. Le livre de Deutéronome rappelle cet amour inconditionnel de Dieu à son peuple. «Il t’a fait passer par la pauvreté, il t’a fait sentir la faim, et il t’a donné à manger la manne – cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue.» (Dt8, 3) Il l’a nourri du pain spécial «man hû», ce que veut dire «Qu’est-ce que c’est» (Ex16, 15), la question des israélites à Moïse devant cette nourriture qu’ils ne connaissaient pas. Ils se questionnèrent sur la manne avant de la manger et Moïse les tranquillisa en révélant l’identité de cette nourriture. «C’est le pain que Yahvé vous a donné à manger.» (Ex16,15) Moïse recommanda au peuple de ne plus se rebeller contre le Seigneur qui l’a aidé à traverser aussi cette épreuve de «Désert, vaste et terrifiant, pays des serpents brûlants et des scorpions, pays de la sécheresse et de la soif.» (Dt8, 15)

                Le pain de la manne qui sauva le peuple de l’ancienne alliance est l’anticipation de Jésus qui s’offre pour donner la vie éternelle à tout le genre humain. Dieu nous a sauvés maintes fois, en nous sortant du néant. La création est un acte du salut de Dieu. Le fait d’exister est une bénédiction, ne regrettons jamais de notre existence, ne la sous-estimons jamais, même si nous souffrons pour un peu de temps. Exister n’est pas un hasard, ni un fait inutile. Sachons que c’est Dieu qui fait exister. Si la vie vient de Dieu, elle est belle. C’est en Dieu où se trouve la réponse à la question de pourquoi nous vivons. La foi en Dieu procure la réponse à toutes les questions sur la vie. Malgré la façon dont nous venons à l’existence, cette dernière est une volonté divine. Il n’y a pas d’être de trop ou sans importance, il n’y a pas de vie inutile. La joie de vivre se trouve donc en Dieu  et la vie n’atteint sa perfection qu’en Dieu. Jésus est venu pour nous appendre comment nous pouvons vivre heureux. Quand nous traversons des déserts arides, Jésus est notre protection pour que notre vie ne manque pas de saveur et de vivacité. «Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement.» (Jn6, 51)  

                Jésus répond aux inquiétudes de ses disciples. La faim, la maladie, la fragilité humaine, la mort préoccupent toute l’humanité. Ce sont notre désert terrible et long. Comme Dieu a secouru Israël lors de son exode, Jésus lui aussi veux apporter la paix à notre existence. «Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle; et moi, je le ressusciterai au dernier jour.» (Jn6, 54) Il y a les gens qui sont effrayés lorsque Jésus nous invite à manger son corps et à boire son sang. D’ailleurs les juifs se querellaient à cause de cette révélation de Jésus. «Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger?» (Jn6, 52) Les chrétiens ne sont pas des anthropophages, ceux qui mangent la chair humaine. Quand Jésus parle de sa chair et de son sang, il ne parle pas de ses parties mais de lui même. Les enfants ne mangent-t-ils pas l’effort et la vie de leurs parents qui s’occupent d’eux jours et nuits ?

                Jésus n’a pas peur de nous inviter à manger son corps et à boire son sang. Au lieu d’avoir peur, émerveillons-nous dans l’étonnement de cet amour qui se donne en nourriture pour notre salut. Il ne faut pas chercher à adapter la parole de Dieu pour la rendre audible et logique, c’est sa rugosité qui recèle ce qui est le plus précieux en elle. L’Eucharistie est bel et bien le corps du Christ. En elle, c’est le Jésus qui se donne et sa vie devient notre vie. Devenons ce que nous recevons. Selon saint Paul «La multitude que nous sommes, est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain.» (1Co10, 17) La vie que nous recevons dans l’Eucharistie est la vie dans sa dimension pleine que nous appelons vie éternelle, c’est la vie du monde qui vient, c’est la vie de Dieu. Cette vie ne meurt jamais. C’est une vie qui est appelée à grandir chaque jour. Ne passons pas aucun jour sans être en communion avec Jésus et avec notre prochain. Vivre dans l’isolement conduit à la mort. La vie c’est vivre avec les autres pour le Christ et par lui. C’est le Christ qui est notre vie car il est la vraie nourriture.