Dimanche A34 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Dimanche A34

Nous célébrons la grande fête de Jésus, roi de l’Univers. Il dépasse tous les rois de la terre, son royaume englobe tout le monde. Mais c’est un roi particulier qui n’écrase pas, qui ne met pas tous ses sujets sous ses pas mais un roi qui sert, qui s’offre jusqu’au sacrifice de son sang. C’est un roi qui ne se protège pas mais qui protège et qui sauve ceux qui lui sont confiés. Sa royauté est celle d’attirer les hommes et les femmes en son royaume de paix et d’amour.

                Les prophètes avaient annoncé un temps de l’amour de Dieu avec son peuple qu’ils qualifiaient de brebis «Car ainsi parle le Seigneur Dieu: Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles.» (Ez34, 11) Dieu en personne s’occupera de son peuple comme un berger s’occupe de ses brebis. Il ne s’agit pas d’une simple occupation des brebis en les nourrissant mais en veillant sur elles. Dieu vient par ce que ceux qui ont la charge de s’occuper de son troupeau ont failli à leur mission en le dispersant et en l’abandonnant. Dieu prend les choses en main sinon car son peuple arrive à un moment critique de la perdition, de son égarement; son peuple est fatigué, blessé et faible. 

                Dieu voit toujours la situation de son peuple et de chacun. Les pasteurs sont nombreux mais inutiles. Ici les pasteurs ne sont pas nécessairement ceux qui s’occupent du religieux mais les dirigeants de tous les niveaux, tous les acteurs de la vie du peuple. Au lieu de regarder le peuple, ils se gardaient, ils regardaient comment maintenir leurs fauteuils, au lieu de servir le peuple, ils se servaient de lui. Ainsi ils attiraient des catastrophes au peuple comme l’exil. À la lumière du prophète Ézéchiel, nous voyons Dieu qui aime toute l’humanité et qui veut la retirer de son égarement. Dieu est le maître du monde, pas seulement d’Israël, ses  brebis sont les hommes et les femmes de tous les temps qui sont l’objet de l’attention de Dieu. «La brebis perdue, je la chercherai; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la panserai. Celle qui est malade, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître selon le droit.» (Ez34, 16) Cet amour de Dieu à toute l’humanité s’est réalisé en son Fils Jésus Christ qui est mort pour tous les hommes de tout temps. Comme le dit Saint Paul «C’est dans le Christ que tous recevront la vie.» (1Co15, 22) En Jésus Christ, la mort a été vaincue, personne en lui ne meurt, nous vivrons éternellement.

                La royauté de Jésus  Christ que nous célébrons est l’abondance de la vie que nous avons gagnée sur sa croix. Mais cette vie que nous avons, nous ne la possédons pas encore définitivement. Bien que la vie de Dieu ne soit pas dans l’avenir, ce sera lors de son retour que notre victoire sera finale. Cette tension entre le déjà là et le pas encore est le propre de la vie chrétienne. L’Évangile de cette fête revient sur ce temps dernier de notre dernière victoire. Ce n’est pas la victoire personnelle mais de toutes les nations «Toutes les nations seront rassemblées devant lui; il séparera les hommes les uns des autres.» (Mt25, 32)  Devant Dieu il y a la victoire de chacun  et celle de tous. Chacun est appelé à chercher sa victoire ainsi que celle des autres. La victoire individuelle est célébrée lors de notre mort. La victoire finale sera l’éternité de la paix, de l’amour, de la justice et de la vie. Cette victoire sera l’éternité, dont  les hommes et les femmes aspirent qui ne se trouve qu’en Dieu.

                C’est Jésus Christ qui jugera le monde comme un roi juge ses sujets. Mais ayons confiance son règne n’est pas celui de la force et de la tyrannie qui écrase. Jésus nous répète les critères du jugement de Dieu pour être dans sa gloire «Venez, les bénis de mon Père (…) Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli.» (Mt25, 34-35) Ceux qui ignorent cela seront traités des maudits qui n’auront que leur séjour éternel dans le feu avec le démon et ses anges. C’est donc l’amour vécu avec nos semblables qui est le critère du jugement de Dieu. Saint Jean de la Croix l’a compris en affirmant qu’au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour. C’est dans l’amour que se concrétise notre vocation de suivre Jésus. «Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.» (Mt25, 40) Chaque fois que nous servons un petit, nous servons le Christ. C'est en nous faisant serviteurs des plus fragiles, à la manière du Christ, que nous nous ajustons à Dieu, que nous devenons ces justes promis à la vie éternelle. Jésus nous appelle à vivre une qualité de regard et d’attention envers celui qui a faim, celui qui est étranger, nu, malade, en prison. Or trop souvent nous risquons de ne pas les voir ou de trouver toutes les bonnes raisons pour ne pas nous rendre proches d'eux. Le Christ nous appelle à un amour compatissant et gratuit pour tout homme, et plus spécialement envers les plus fragilisés, quelle que soit la raison de leur fragilité.

            Mais la vie chrétienne n’est pas un simple humanisme. Un chrétien fait du bien en tournant son regard vers Dieu qui lui donne la force et la grâce de persévérer dans ce sens. Il le fait dans le but de gagner la vie qui ne finit pas donc la vie éternelle. Sans cette dernière, tout ce que nous faisons est vidé de sens. L’amour qui nous attire et qui nous donne le sens à notre vie est celui de Jésus Christ. La mission chrétienne consiste à annoncer Jésus Christ et à accompagner cette annonce par la charité. L’un ne doit pas substituer l’autre.