Dimanche A 31 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche A 31

Le christianisme n’est pas une théorie ni une doctrine, mais une vie, une action. La vie du croyant se résume à la simplicité, à la fraternité, au service envers les autres, à l’humilité, à l’exemplarité et au respect des autres et de Dieu et non à la recherche de son propre honneur. C’est cela qui donne de l’autorité des uns sur les autres. Une vraie autorité dans une communauté chrétienne doit faire grandir les autres et non les asservir. Celui qui s’élève au détriment des autres cache le vrai visage de Dieu.

                Après l’exil à Babylone, la vie a repris doucement chez les Hébreux, le culte au Temple commença à fonctionner. Dans les premiers temps tout allait avec enthousiasme mais petit à petit leur ardeur se transforma en une habitude sans joie, le sérieux religieux disparut du jour au lendemain, la morale sociale devint lettre morte. Ce qui était leur honneur se changeait à des pratiques et traditions dépassées, ils cherchaient des nouveautés. Le prophète Malachie condamna ce nouveau comportement indigne au peuple de Dieu. «Maudit soit le tricheur qui possède un mâle dans son troupeau, qui fait un vœu et qui sacrifie au Seigneur une bête mutilée!» (Mal1, 14) Le Seigneur n’était plus leur priorité, il y avait d’autres choses qui primaient, les gens se glorifiaient au lieu de glorifier le Seigneur. Malheureusement cela n’épargnait pas des prêtres qui devraient être les premiers à louer Dieu.

                Malachie agacé par la perte de la vraie foi et la perversité du pays ne mâchait pas ses mots. «J’enverrai sur vous la malédiction, je maudirai les bénédictions que vous prononcerez. Oui, je les maudis, car aucun de vous ne prend rien à cœur.» (Mal2, 2) Il leur rappelle la période idyllique d’autrefois de l’alliance conclue entre lui et son serviteur Levi, leur ancêtre. «La loi de vérité était dans sa bouche, et rien de mal ne se trouvait sur ses lèvres. Dans la paix et la droiture, il marchait avec moi; nombreux furent ceux qu’il ramena de la faute.» (Mal2, 6) C’était ici où Malachie voulait en venir, ramener les successeurs de Levi, donc les prêtres, à revenir à leur mission principale de conduire le peuple à honorer Dieu. Contribuant ainsi à leur croissance morale. Comme saint Paul, l’attitude d’un guide doit être sainte, juste et irréprochable afin de devenir «Comme un père pour ses enfants.» (1Th2, 11)

            Dans l’Évangile Jésus ne tolère pas l’attitude des pharisiens ainsi il condamne toutes formes de pharisaïsme. Trois dénonciations: Ils disent mais ne font pas ce qu’ils enseignent. Voyons bien, il ne condamne pas ce qu’ils disent. «Tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas.» (Mt23, 3) Jésus ne leur reproche pas de dire la loi. Tout simplement leur vie n’est pas en accord avec leurs paroles. Ils enseignent la loi mais ils ne l’observent pas. Jésus est encore en désaccord avec les scribes et les pharisiens car Ils sont très exigeants pour les autres et tolérants envers eux-mêmes. «Ils attachent de pesants fardeaux, difficiles à porter, et ils en chargent les épaules des gens; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt.» (Mt23, 4) Ils écrasent les autres avec les grands principes. Leur dernier désaccord avec Jésus est qu’ils ne vivent pas pour la gloire de Dieu mais pour leur gloire. «Toutes leurs actions, ils les font pour être remarqués des gens.» (Mt23, 5) Au lieu de guider le peuple qui leur est confié, ils ne pensent qu’à eux-mêmes.

            La parole de Dieu est parfaite. Jésus n’est pas contre ceux qui la disent mais ces derniers doivent être un modèle. À quoi sert parler de la loi sans un attachement à elle. Jésus ne veut pas que les premiers qui dénaturent la parole de Dieu soient ceux qui l’enseignent. Il condamne l’hypocrisie qui peut se cacher derrière les belles paroles. Cela ne signifie pas que celui qui guide les autres doit être immaculé mais au moins reconnaître leur faiblesse et devenir humble. Par leur manière d’agir, en effet, les Pharisiens du temps de Jésus agissaient comme séparés du peuple. Ils vivaient comme s’ils étaient dispensés des exigences qui les concernaient tout autant. Grande était leur responsabilité puisqu’ils devaient en être les serviteurs. Pour cette raison, le reproche du Christ est grave. Non seulement ils ne sont plus les serviteurs de la Loi, mais ils l’utilisent à leur service en se parant de titres qui ne sont réservés qu’à Dieu. Jésus ne s’érige pas contre les autorités qu’elles soient civiles ou religieuses. Pour lui, il faut vivre au jour le jour le reflet de l’amour de Dieu tel qu’il nous le reflète dans sa vie. En lui, l’autorité n’est pas ni un pouvoir, ni un privilège. Elle doit être humblement assumée pour servir les autres. «Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.» (Mt23, 11) Jésus est donc contre l’abus de la fonction et de la place de chacun. Il faut voir ce qu’il faut faire pour les autres et non attendre ce que les autres peuvent faire pour soi.

            Dans le règne de Dieu on ne se sert pas, on sert les autres afin de les faire grandir sinon en se servant des autres on les maltraite. Jésus s’est donné sur la croix pour sauver le monde. Qui se sert maintient le monde dans la souffrance. La pauvreté dans nos sociétés n’est pas dû à la carence des biens mais à sa mauvaise gestion. La plus grande richesse est dans la main d’une clique de personnes et surtout de ceux qui doivent aider les autres à se relever pour vivre dignement. L’idéal chrétien consiste à servir les autres avec humilité et douceur en écoutant les voix de ceux qui espèrent un coup de main pour se tenir debout.