Fête de la Toussaint A 2023 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Fête de la Toussaint A 2023

La Toussaint est une grande fête dans l’Église et chez chaque chrétien. Nous nous réjouissons de nos frères et sœurs qui sont arrivés dans la béatitude de Dieu. Ils forment l’Église du ciel, celle des Élus qui se contentent de la vision glorieuse de Dieu. En célébrant leur victoire, nous célébrons à la fois la sainteté et l’amour de Dieu. C’est la miséricorde divine qui les a enlevés jusqu’à cette gloire. Parmi eux, il y a ceux dont l’Église reconnaît leur témoignage; les autres innombrables sont dans l’anonymat, ils sont connus seulement par Dieu car ce dernier connaît les siens, «Imana izi abayo», Dieu connaît ceux qui lui appartiennent, dit la sagesse rwandaise.

                Les saints de Dieu proviennent de toutes les tribus, races, peuples et nations. Pardonnez-moi d’utiliser ici le terme de race qui est employé dans la bible et qui est actuellement dépourvu de sens car tous les hommes et toutes les femmes appartiennent à une seule race, celle des humains. Après les saints d’Israël, Jean  dans son Apocalypse nous dit ce qu’il a contemplé: «Après cela, j’ai vu: et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues.» (Ap7, 9) Donc les saints viennent de nous tous, c’est le sujet fini, purifié de l’humanité. Purifions-nous auprès de celui qui est trois fois saint pour accéder à sa sainteté. Cette dernière est un don de Dieu que nous recevons dans la joie. C’est en Jésus Christ que provient notre sainteté. «Ceux-là viennent de la grande épreuve; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau.» (Ap7, 14)

                C’est la passion et la mort de Jésus qui nous sanctifient. Voilà pourquoi saint Jean s’émerveille de cet amour de Dieu en devenant ses enfants dans son Fils «Voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés.» (1Jn3, 1)  Pourrait-on imaginer plus belle déclaration d’amour de la part de Dieu! Il nous comble gratuitement, inconditionnellement de son amour. C’est son amour qui nous donne d’être ce que nous sommes, c’est-à-dire ses enfants. Voilà que Dieu veut vivre avec chacun de nous une relation filiale. Savons-nous prendre suffisamment du temps pour considérer cet amour de Dieu dans notre vie? La sainteté n’est rien d’autre que l’amour de Dieu dans la vie du croyant. Celui qui accueille l’amour de Dieu est un saint en devenir. Mais à quoi sert chanter partout cet amour de Dieu si nous ignorons de devenir les artisans de cet amour? Dieu veut que nous soyons semblables à son Fils en nous aimant mutuellement.

                Dans l’Évangile des Béatitudes, Jésus nous montre les chemins de la sainteté. «Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit (…) ouvrant la bouche, il les enseignait.» (Mt5, 1-2) Cet enseignement de Jésus est adressé à ses disciples et à la foule. Il est accessible à chacun qui veut être heureux, c’est-à-dire être comblé dans son cœur. Jésus enseigne en sentences paradoxales car ceux qu’il proclame bienheureux sont surtout ceux que le monde  considère comme malheureux , naïfs ou voués à l’échec. «Heureux les pauvres, les doux, les affligés, les affamés les assoiffés de Justice, les miséricordieux, les cœurs purs, les artisans de paix, les persécutés pour la justice.» (voir Mt5, 3-11) Dans son discours Jésus invite à recevoir même la tristesse dans la joie. Il ne s’agit pas d’encourager ce qui fait souffrir notre humanité mais d’accompagner ceux qui subissent cette souffrance.

                Jésus n’enseigne pas ce qu’il ne peut pas assumer, il a vécu chacune de ces Béatitudes en commençant par la pauvreté. «Heureux les pauvres de cœur...» (Mt5, 3) C’est lui plus que personne qui s’est dépouillé de sa richesse surtout de sa vie céleste en s’incarnant dans notre corps. Il ne l’a pas vécu en rouspétant mais dans la joie et dans la confiance en Dieu son Père. Personne ne lui a imposé la pauvreté , il l’a assumé librement. «Il se fait chair dans la Vierge Marie»disons-nous dans le Credo. «Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice.» (Mt5, 10) Jésus a été persécuté à cause de ce qu’il est, mais il a accepté. Nous devons écouter, méditer cet enseignement de Jésus mais aussi le transmettre aux autres. Les paroles des béatitudes sont celles du cœur qui doit savourer cette vie heureuse.

                La Toussaint que nous célébrons est d’abord la fête de tous ceux qui  se sont nourris des paroles des béatitudes de Jésus jusqu’à devenir leur vie de chaque jour et qui sont aujourd’hui dans la gloire d’amour et de paix. C’est aussi la fête de  nous tous assoiffés de ce qui peut améliorer notre vie et celle du monde afin que la paix soit une réalité dans nos relations. Quand Jésus parle des Béatitudes, ce n’est pas pour le futur. Il ne dit pas «vous serez bienheureux si vous êtes pauvres, doux, juste, persécuté…» La sainteté doit être dans notre quotidien, elle ne viendra pas après notre mort, elle est une vie à mener dans cette existence. Nous voyons donc que le bonheur qui vient de Dieu n’a rien à voir avec le plaisir, la possession, le pouvoir. On peut posséder ce bonheur  tout en traversant la souffrance, la persécution, l’injustice ou autres épreuves de la vie. Ce bonheur est un don de Dieu à recevoir, c’est un fruit mûri de notre foi en Jésus Christ mort et ressuscité. Ce bonheur est notre manière à vivre l’amour à Dieu et à notre prochain malgré les difficultés qui en découlent.

            La sainteté n’a rien à voir avec le fait d’être sans tache ou immaculé. Elle se gagne dans un combat où on tombe et on se relève. Les saints ne sont pas sans défaut ou tache mais ils sont purifiés par le sang versé de Jésus Christ. Ainsi la Toussaint nous pousse à reconnaître le salut de Dieu ouvert à tous les peuples.