Dimanche A22 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche A22

Les lectures proposées ce dimanche nous aident à comprendre que la souffrance est plus parlante que les paroles. Certains prophètes ont souffert ainsi que le Fils de l’homme pour manifester la fidélité à Dieu et à sa parole. Les martyrs ont offert leur vie en sacrifice et leur sang ont même converti leurs bourreaux.

                Saint Paul dans sa lettre aux Romains nous exhorte à offrir notre personne et notre vie «En sacrifice vivant saint, capable de plaire à Dieu.» (Rm12, 1) Le sens du sacrifice est mal compris. Dans le sacrifice, il s’agit d’offrir quelque chose à Dieu pour susciter sa bienveillance, le remercier ou pour expier les péchés du monde ou de celui qui présente le sacrifice. Actuellement, il ne s’agit pas d’offrir un animal, des fruits de la terre mais notre propre vie. Les prophètes nous rappellent que l’amour de Dieu et du prochain est plus important que tous les sacrifices comme le suggère, l’Apôtre des gentils. Souvent on lie sacrifice et souffrance. Est-il nécessaire de souffrir pour être sauvé? Dans ce mot ‘sacrifice’, il y a ‘sacré’. C’est l’amour infini de Dieu qui est sacré. Quand on aime on peut tout supporter. Quand nous cherchons à plaire à quelqu’un, nous cherchons à faire quelque chose pour lui. Pour ce qui concerne Dieu «Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu.» (He11, 6) Ce qui signifie que plaire à Dieu consiste à faire sa volonté, c’est-à-dire «Ce qui est bon… ce qui est parfait.» (Rm12, 2)

                Le Prophète Jérémie a expérimenté dans sa vie les conséquences de plaire à Dieu. «À la longueur de journée, la parole du Seigneur attire sur moi l’insulte et la moquerie.» (Jr20, 8) Mais il ne peut s’y soustraire tant car la Parole de Dieu résonne en lui comme un feu dévorant d’amour. Jérémie ne peut pas y échapper car il est impossible de ne pas être ainsi. Dans notre vie de tous les jours, comment faire de notre existence un sacrifice saint? Cela est possible si Dieu envahit notre quotidien. «Seigneur, tu m’as séduit, et j’ai été séduit; tu m’as saisi, et tu as réussi.» (Jr20, 7) Celui qui est comblé par la Parole de Dieu offre sa vie sans aucune mesure. Les insultes, les persécution et la mort ne l’empêchent pas.

                Dimanche dernier, Pierre confessait ouvertement que Jésus est le Messie. C’est alors que Jésus commence à enseigner ses disciples sa manière d’être Messie: «Souffrir beaucoup (…) être tué, et le troisième jour ressusciter.» (Mt16, 21) Il faut bien comprendre ce que signifie cette souffrance de Jésus. Dieu n’aime pas que les gens souffrent, en Dieu c’est la joie et le bonheur. La croix de Jésus ne s’agit pas d’une nécessité voulue par Dieu mais de la conséquence d’un amour qui va jusqu’au bout et ne retient rien pour lui-même. Jésus réalise sa mission de Messie en donnant sa vie par amour. Et rien ne peut lui empêcher cet amour qui va au sacrifice suprême. «Pierre (…) se mit à lui faire de vifs reproches:Dieu t’en garde, Seigneur! cela ne t’arrivera pas.» (Mt16, 22) Il essaie de dissuader Jésus à éviter la croix et la mort. Il veut l’empêcher à aller à Jérusalem donner le témoignage de l’amour pour son Père et pour sa mission.

            Pierre, d’une certaine façon, rejoignait le Tentateur qui, au début de la vie publique de Jésus, avait suggéré un messianisme plus facile et sans souffrance. «Passe derrière moi, Satan! Tu es pour moi une occasion de chute: tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes.» (Mt16, 23) Il nous est difficile de comprendre l’amour de Jésus. Qui pourrait reprocher à Pierre d’avoir mal agi en cherchant à sauver son Maître de la souffrance? Parce que tous nous pouvons raisonner comme Pierre, Jésus en profite pour nous donner un ordre de le suivre «Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.» (Mt16, 24) Jésus nous appelle sur le chemin de l’amour, un chemin qui ne garde rien pour soi et qui se centre totalement sur l’autre. Quand il nous propose de le suivre, le Christ nous propose une logique autre que celle des hommes. C’est la logique de l’amour. Et il n’y a pas d’amour vrai, durable, profond, sans renoncement à soi-même pour le bonheur de l’autre. Jésus ne nous demande pas d’aimer le renoncement pour lui-même. Il nous demande avant tout de l’aimer jusqu’au bout afin de le suivre, de gagner et de réussir notre vie.

            Dans sa souffrance et dans sa mort, nous contemplons la passion de Jésus pour l’homme jusqu'à donner sa vie pour son salut. Le disciple du Christ est appelé à être passionné par Dieu et par ses frères, jusqu'à donner sa vie avec le Christ par amour pour tous. La joie de vivre consiste non à posséder jusqu’au surplus mais à donner par amour. Cet appel ouvre en nous une nouvelle conviction que la vie donnée par amour fait grandir l’autre. Les parents doivent montrer à leurs enfants un vrai amour, celui qui se donne, pour qu’ils puissent développer en eux un amour oblatif. Que nous sachions que la joie n’est pas dans l’avoir mais de ce que nous sommes… des enfants de Dieu.

            C’est donc lorsque nous nous mettons au service des autres sans rien attendre en retour que notre vie trouvera sa vraie fécondité. Se dépouiller de notre égoïsme est un combat qu’on gagne dans l’humilité en suivant les pas de Jésus Christ qui a totalement et inconditionnellement donné tout, jusqu’à se donner lui-même sur la croix.

Que la gloire de Jésus Christ nous entraîne à vivre pour les autres et pour Dieu !