Dimanche Carême A4 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche Carême A4

Dieu n’a pas de préférence, il agit selon sa miséricorde. Ses choix et ses actes nous surprennent. Les derniers deviennent les premiers et les faibles deviennent forts pour le Royaume de Dieu. Il a choisi David selon ses critères et il l’a fait le roi de son peuple.

Jésus ouvre les yeux de l’aveugle sans que ce dernier crie secours envers lui. Bien que ce ne soit pas toujours le cas, ceux qui bénéficient de sa miséricorde confessent sans arrêt son amour. C’est ce que l’aveugle fait en reconnaissance et les largesses de Dieu se multiplient pour lui.  

            Dieu est unique dans ses choix. Bien que des critères comme la sagesse, l’intelligence, la bonté, le savoir faire ou le savoir être soient importants, aucun d’entre eux n’est pas déterminant pour Dieu qui voit le cœur de chacun. Voir l’intérieur de l’homme, c’est propre à Dieu qui nous connaît plus que n’importe qui. Il brise les critères culturels qui mettent certains droits comme par exemple le droit d’aînesse en cas de succession. «Dieu ne regarde pas comme les hommes: les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur.» (1Sam16, 7) La préférence de David en remplacement du roi Saül dans le livre de Samuel en est un exemple de son choix. David n’était pas présentable parmi les fils de Jessé, il avait ses frères qui remplissaient les critères humains pour succéder au roi Saül. Mais souvent nos préférences ne correspondent pas à celles de Dieu. «Le Seigneur n’a choisi aucun de ceux-là.» (1Sam16, 10) David qu’on ignorait, c’était lui le préféré de Dieu. Il était derrière le troupeau de son père Jessé, Samuel lui dit. «Envoie-le chercher: nous ne nous mettrons pas à table tant qu’il ne sera pas arrivé.» (1Sam16, 11). Sous la chaleur ou sous le froid du temps, le Seigneur le regardait et il veillait sur lui.

            Dans l’Évangile de l’aveugle né du quatrième dimanche de Carême, c’est la compassion de Jésus qui est soulignée au départ. «En passant, Jésus vit un homme aveugle de naissance.» (Jn9, 1) Jésus voit la situation que traverse chacun d’entre-nous, il voit les difficultés et la croix de chacun avant que nous crions au secours. Il voit le mal qui est en nous et dans le monde. Nous cherchons l’explication au lieu de voir comment en sortir.  «Rabbi, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle?» (Jn9, 2) Dans la tradition juive, un mal provenait toujours du péché et une réussite sociale, politique ou économique était une bénédiction de Dieu. Mais cet aveugle n’avait pas péché avant sa naissance! Peut-être, c’était donc à cause de ses ancêtres ou de ses parents. Jésus n’était pas de cet avis «Ni lui, ni ses parents n’ont péché. Mais c’était pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui.» (Jn9, 3) Au moment où nous nous perdons dans les théories, Dieu est en œuvre, c’est Lui que nous devons imiter. 

            Jésus n’attend pas que l’aveugle lui demande de le guérir, il agit directement pour le sortir de l’obscurité car c’est lui «Lumière du monde.» (Jn9, 5) Souvent Jésus guérissait avec ses mots ou en touchant un malade. Dans cet Évangile, il guérit par un geste particulier «Il cracha à terre et, avec la salive, il fit de la boue; puis il appliqua la boue sur les yeux de l’aveugle, et lui dit: «Va te laver à la piscine de Siloé» (…) L’aveugle y alla donc, et il se lava; quand il revint, il voyait.» (Jn9, 6-7) Dans certaines cultures, la salive est un médicament. Dans la salive, il y a la vie, d’elle on peut connaître la santé de la personne. Le geste de Jésus est à interpréter comme un signe. Ce qu’il fait nous renvoie à la création, il recrée l’homme déchu, la guérison qu’il opère est une vraie création de l’humanité. Cette guérison de Jésus sort l’homme des ténèbres de ce monde à la foi, c’est -à-dire à la connaissance de Dieu.  

            Après cette guérison, l’histoire n’est pas close. Sa guérison provoque beaucoup d’antagonismes. Ce sont d’abord des voisins de l’aveugle qui s’opposent à ce sujet. Ils s’en prennent à celui qui a été guéri qui donne son témoignage en racontant le déroulement du miracle et en donnant le nom de celui qui l’a guéri. Les voisins portent l’affaire aux pharisiens qui doivent approuver ce qui s’est passé. Nous savons que les pharisiens étaient en éternelle opposition avec Jésus. Au lieu de reconnaître l’acte miséricordieux de Jésus, ils discréditent son miracle. Les parents refusent de témoigner ce que Jésus a fait à leur fils. Tout le monde n’a pas les fruits de la lumière décrits par saint Paul «La lumière a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité.» (Eph5, 9) Seul l’aveugle guéri possède cette lumière et ses fruits car il ne cesse de raconter la vérité de ce qui s’est passé en affirmant que celui qui l’a guéri vient de Dieu. «Si lui n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire.» (Jn9, 33) Il rend témoignage à Jésus au péril de sa vie. Les pharisiens l’insultèrent mais cela ne lui fait pas peur.

            Jésus qui a rejoint l’aveugle né dans sa cécité pour le guérir, le rejoint de nouveau dans sa persécution pour le protéger et confirmer sa guérison intérieure. Il lui révèle qui il est «Le Fils de l’Homme.» L’aveugle guéri connaissait exactement ce titre messianique et «Il se prosterna devant lui» (Jn9, 39) pour l’adorer. Il est guéri aussi de sa cécité spirituelle qui est grave et qui retient notre humanité loin du Seigneur. Ce miracle est plein de la miséricorde de Dieu qui nous aime inconditionnellement. L’amour de Dieu doit être visible et célébré par tout le monde. Ne pas reconnaître l’amour de Dieu nous place dans l’obscurité et dans l’aveuglement de la mort. Comme l’aveugle de Jéricho, ne cessons jamais de demander la vue véritable, celle qui nous permet de voir Jésus présent au milieu de nous. «Seigneur que je recouvre la vue!» (Lc18,41) Amen.