Dimanche A23 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche A23

Dans la vie, le plus important est de gagner un ami, un frère surtout celui qui était loin, qui n’était pas dans notre cercle. Il peut être loin à cause de beaucoup de choses. Chaque croyant est responsable de l’autre. La foi chrétienne consiste à vivre la communion avec Dieu et avec notre prochain. C’est une religion incarnée dans notre relation et dans notre quotidien. Le sacrifice suprême est l’amour du prochain. Ne pas le comprendre, c’est passer à côté de l’enseignement de Jésus.

                L’exigence d’être responsable de son frère n’est pas le propre du christianisme. Il s’agit d’une haute morale de celui qui se dépasse, qui n’a pas d’égoïsme dans son sang. Dans la bouche du prophète Ézéchiel Dieu dit à chacun «Je fais de toi un guetteur pour la maison d’Israël.» (EZ33, 7) Le guetteur est chargé d’avertir, de corriger, d’animer l’autre ou la communauté pour surmonter des dangers qui peuvent conduire au mal. Guetter son frère, c’est veiller à ce qu’il se détourne de sa conduite mauvaise, c’est veiller pour qu’il ne désespère pas, non en lui faisant la morale, mais avec la même miséricorde que celle de Dieu. Dieu laisse entendre à Ézéchiel ce qui suit: «Si je dis au méchant: «Tu vas mourir», et que tu ne l’avertis pas, si tu ne lui dis pas d’abandonner sa conduite mauvaise, lui, le méchant, mourra de son péché, mais à toi, je demanderai compte de son sang.» (Ez33, 8) Nous sommes des porte-paroles de la volonté de Dieu envers les autres.

                Coûte que coûte, il faut que nous aidions l’autre à échapper à la mort. Nous sommes son médecin devant Dieu. Il ne s’agit pas nécessairement de la mort physique mais aussi de ne pas vivre en hors de Dieu. Si je vois un frère s’enfermer dans le péché et que je ne fasse rien pour lui, je suis moi-même pécheur. Mais un aveugle ne peut pas éviter qu’un autre aveugle tombe et un mort ne peut pas arrêter la mort de l’autre. Sauver l’autre, le gagner est un grand exploit dans nos relations et cela a des mérites devant Dieu. Saint Paul sauvé par l’amour miséricordieux de Dieu a compris plus que tous la grandeur de l’amour pour l’autre. Il affirme que «L’amour ne fait rien de mal au prochain.» (Rm13, 10) Il nous exhorte à ne garder aucune dette envers personne si ce n’est celle de l’amour mutuel qui est l’accomplissement de la Loi. Nous devons donc tisser entre nous des liens nourris d’un amour mutuel.

                L’attention pour l’autre a été le propre de la vie et de la mission de Jésus. Il le recommande à ses disciples qui doivent perpétuer son enseignement et son mode de vie. «Si ton frère a commis un péché contre toi, va lui faire des reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère.» (Mt18, 15) La fraternité ne dit pas nécessairement être en bon terme avec ton frère ou ta sœur. Elle peut se détériorer et c’est ce que nous voyons tous les jours, des frères qui se déchirent, qui s’accusent devant les tribunaux, qui se massacrent sans pitié. Il faut agir vite avant que la fraternité se détruise, laisser écrouler la fraternité est un scandale.  Mais l’attention à la fraternité doit venir de celui qui est innocent. Ce n’est pas le coupable qui prend le devant pour sauver la relation fraternelle. «Si ton frère a commis un péché contre toi» dit Jésus dans l’Évangile. Si tu te sens abuser par ton frère, tu dois prendre le devant pour redresser la situation. Ce n’est pas le pécheur qui prend l’initiative car il est sans grâce, il est dans la position de faiblesse pour sauver ce qu’il a cassé.

            Il faut avoir pitié d’un frère qui s’éloigne de sa famille ou de sa communauté. Celui qui est encore actif dans la communauté, c’est lui qui va à la recherche des autres. Actuellement, nous attendons que ceux qui sont partis, ceux qui ne sont pas encore avec nous reviennent mais cela ne se réalisera pas sans notre engagement. Nous devons prier pour eux mais aussi nous devons aller à leur recherche. Il semble que dans l’Église, il ne s’agit plus d’une brebis perdue mais de 99 qui sont perdues en ne laissant qu’une dans la bergerie. Faut-il s’occuper d’une et ne pas se préoccuper du sort de 99 autres!

            Pour gagner l’autre, il ne s’agit pas de lui rappeler sa faute, de ce qu’il n’a pas accompli, de ses torts  mais chercher à ce qu’il s’améliore. Il ne faut pas qu’il se sente inférieur ou écrasé. Chacun est plus important que sa faute. D’abord témoigner à l’autre notre confiance. Jésus nous demande, dans un premier temps, de nous adresser à ce frère seul à seul. Il est hors de question de lui faire honte devant tout le monde. Si la démarche n'aboutit pas, nous sommes invités à faire appel à deux ou trois. «S’il refuse de les écouter, dis-le à l’assemblée de l’Église; s’il refuse encore d’écouter l’Église, considère-le comme un païen et un publicain.» (Mt18, 17)  

            Individuellement et collectivement nous sommes responsables de nos frères et sœurs. Nous devons nous intéresser à eux. L’indifférence n’a pas de place dans la vie chrétienne. Évitons des relations centrées sur nous-mêmes. On ne peut pas obliger les autres à entrer dans notre communauté mais leur offrir des opportunités et des occasions, leur faciliter l’intégration, leur ouvrir les portes non seulement de nos églises mais aussi de nos cœurs. Jésus nous a gagné à la croix et ne pensons pas que nous gagnerons les autres sans sacrifice. Comme nous le dit Jésus, l’amour est plus important que tous les holocaustes et offrandes.