Dimanche Carême A3 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Dimanche Carême A3

Dans la Bible, l’eau est le symbole de la vie. Même des théories scientifiques justifient que la présence de l’eau est le signe de la vie. Quand l’eau , manque les animaux et les humains ainsi que les plantes sont en danger et la mort survient. L’absence de l’eau peut provoquer un grand conflit et son abondance, une source de joie, de bonheur et de vie saine. Jésus utilise une image de l’eau pour nous montrer que c’est en Dieu où la vraie vie nous est donnée, c’est Dieu qui est notre Sauveur.

             La première lecture nous rapporte un conflit entre les israélites et Moïse durant la traversée du désert à cause du manque de l’eau. «Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte pour nous faire mourir de soif avec mes fils et mes troupeaux?» (Ex17,3) Cette question est vitale, il n’y a rien d’autre à proposer, il faut avoir ce qu’il demande ou c’est la mort par déshydratation. Humainement les murmures du peuple étaient fondés, il n’avait rien. Mais endosser la responsabilité à Moïse qui avait tout risquer pour les faire sortir d’Égypte était intolérable car lui aussi souffrait avec tout le peuple. Moïse n’était pas un faiseur de pluie, il n’avait gardé aucune goutte pour lui. Cet esprit de la masse ne disparaît jamais, quand le groupe échoue, l’échec revient à leurs leaders même si ces derniers n’y sont pour rien. Comme on le dit dans ma culture rwandaise «zitukwamo nkuru» pour dire que quand il y a des calamités dans un pays, les élites sont responsables, ils ne peuvent pas y échapper.

            Moïse allait donc se lamenter à son Seigneur qui lui avait donné la mission de libérer son peuple. «Que vais-je faire de ce peuple? Encore un peu, et ils me lapideront!» (Ex17, 4) Moïse souffrait doublement. La soif le frappait mais aussi les calomnies de ses compatriotes. Il ne demanda pas de l’eau mais il exprima le danger qui pesait sur lui. Il n’y a rien d’égoïste car il était légitime d’exprimer sa difficulté. Il savait donner le temps à Dieu qui agit quand il veut et comment il veut. Il ne faut pas exiger quoi que ce soit au Seigneur, c’est lui le Maître de tout. Le Seigneur écoute son serviteur, il veut agir mais il cherche les témoins de son action. «Passe devant le peuple, emmène avec toi plusieurs des anciens d’Israël, prends en main le bâton avec lequel tu as frappé le Nil, et va!» (Ex17, 5) Dieu sauve son peuple et son serviteur Moïse. Il ordonna à Moïse de faire jaillir du rocher l’eau qui sauva le peuple et leur troupeau d’animaux. «Tu frapperas le rocher et il en sortira de l’eau, et le peuple boira.» (Ex17,6) dit le Seigneur à Moïse. Chacun peut imaginer ce qui s’en suivait, c’était la joie. La lecture ne dit pas si le peuple se repentit de leurs querelles faites à Moïse et à son Seigneur. En tout cas Dieu se révèle Sauveur de son peuple. L’eau devient la source du salut pour les pèlerins de la terre promise. 

            Dans l’Évangile de la samaritaine, c’est Jésus qui a soif et qui demande de l’eau.  Il n’est pas au désert, là où il n’y a pas d’eau mais à côté d’un puits. Il est en voyage, loin de chez lui, donc en étranger. Son interlocuteur est une femme, chose intéressante et choquante pour ses contemporains. Jésus entre en relation avec cette femme étrangère. Le début d’une relation demande quelqu’un qui prend l’initiative. Jésus prend le devant sans complexe du qu’en dira-t-on parce le sujet en scène est une femme. «Donne-moi à boire.» (Jn4, 7) Jésus montre sa liberté et cette dernière est un signe d’une grande maturité. Le récit ajoute que les disciples de Jésus étaient partis acheter des prévisions, il était seul à seul avec la samaritaine. La femme aussi se disait libre «Je n’ai pas de mari» (Jn4, 17) mais en réalité elle était avec un sixième mari. Elle n’était pas libre comme on peut l’imaginer. Ceux qui changent de partenaires dans leurs relations affectives on les appelle libres mais ils ne le sont pas. Quand la samaritaine nota que Jésus sait beaucoup de choses sur elle, son ton changea, elle appela Jésus ‘Seigneur et prophète’ «Seigneur, je vois que tu es un prophète!» (Jn4, 19)

            Devant un prophète, le discours devint autre. Ce fut la samaritaine qui s’adressa à Jésus pour éclaircir la question qui la préoccupait, celle d’adorer Dieu «Eh bien! Nos pères ont adoré sur la montagne qui est là, et vous, les Juifs, vous dites que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem.» (Jn4, 20) Malgré sa vie mouvementée, de mari en mari, la samaritaine est une femme formidable. En elle la question de Dieu a une place importante. Jésus ne peut pas laisser en suspens sa demande. «Femme, crois-moi: l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne ni à Jérusalem pour adorer le Père.» (Jn4, 21) On peut adorer Dieu, là où on se trouve car, l’adoration est l’œuvre de l’Esprit et ce dernier est partout. Jésus étanche la soif de la samaritaine «Celui qui boira de l’eau que moi je lui donnerai n’aura plus jamais soif.» (Jn4, 14) Jésus n’a plus soif et la samaritaine aussi. Prêter l’oreille à Jésus, l’écouter, c’est ce qu’il veut de nous. Il trouve en la samaritaine ce qu’il nous demande, aller attirer les autres à lui. «Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ?» (Jn4, 29)

            Jésus vient de récolter en terre étrangère où l’Esprit avait fait son œuvre. Cet Évangile montre ce que doit être la mission de l’Église. D’abord rencontrer le Sauveur et aller amener les autres vers lui pour qu’ils confessent leur foi «Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons: nous-mêmes, nous l’avons entendu, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde.» (Jn4, 42) Comme le dit saint Paul aux Romains «Dieu confirme son amour en nous.» (Rm5, 8) Dieu en l’ Esprit Saint est l’initiateur et le réalisateur de la mission. Cette dernière est l’œuvre de l’Esprit. Mais Dieu a besoin de Moïse, de Jean Baptiste, de Pierre et Paul, il a besoin de chaque baptisé pour que son salut arrive à chacun et le plus loin possible sur la terre.