Dimanche A9 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche A9

C’est dans une vraie relation qu’une personne se fait connaître. Sans contact ou communion, on ne peut pas découvrir l’autre. Mais Dieu n’a pas besoin de notre ouverture envers lui pour nous connaître, il nous connaît plus que n’importe qui, car il nous a créés, nous sommes ses créatures. Mais pour que nous puissions le connaître, il est venu proche de nous, il se fait connaître comme Père, Fils et Esprit. C’est donc le mystère de la Trinité que nous confessons dans notre Credo, un seul Dieu en trois personnes.

                Dieu est un grand mystère, aucune intelligence peut le scruter et dégager sa nature. C’est normal car un pot ne peut définir un potier qui l’a fabriqué et ni une chaise ne peut pas décrire un menuisier qui l’a faite. Les israélites confessaient leur Dieu selon leur conception jusqu’au moment où il révéla son nom à Moise «Il proclama son nom qui est: LE SEIGNEUR.» (Ex34, 5) Qu’est-ce que cela veut dire? Dire que Dieu est le Seigneur signifie qu’il est Maître, qu’il est l’Absolu, qu’il est Unique, qu’il est Éternel, qu’il est Puissant. Dieu n’est pas une idée, une force quelconque ou énergie mais un Être qui aime et qui peut avoir de la compassion. «Dieu tendre et de pitié, lent à la colère, riche en grâce et en fidélité.» (Ex34, 6) Quand nous disons que Dieu est notre Seigneur, il faut que nous sachions ce que cela signifie et ses conséquences dans notre vie. Si Dieu est Seigneur, nous devons comprendre que nous vivons grâce à lui et il est notre raison d’exister. Nous n’existons que pour lui.

                Moise a compris la seigneurie de Dieu et sa petitesse et il s’humilie devant sa face. «Moïse s’inclina jusqu’à terre et se prosterna.» (Ex34, 8) Quelle est donc notre attitude devant Dieu. L’homme moderne a oublié la valeur de l’humilité. Cette dernière ne diminue pas l’homme. Le problème est d’être humilié par les autres mais s’humilier soi-même c’est reconnaître qu’on est faible, qu’on n’est pas autosuffisant, qu’on a besoin des autres pour conjuguer les efforts afin d’atteindre un objectif important. S’humilier devant Dieu s’est donc reconnaître sa grandeur. C’est dans l’humilité qu’on trouve grâce devant Dieu. Moïse s’est humilié et il a pu adresser à Dieu sa demande en faveur de son peuple. «S’il est vrai, mon Seigneur, que j’ai trouvé grâce à tes yeux, daigne marcher au milieu de nous. Oui, c’est un peuple à la nuque raide; mais tu pardonneras nos fautes et nos péchés, et tu feras de nous ton héritage.» (Ex34, 9) Dieu sensible ne pouvait pas refuser cette demande de Moïse qui reconnaît sa place et celle de son peuple. 

                Malgré la grandeur inaccessible de Dieu, l’homme peut accéder à lui grâce à son mouvement vers nous.  «Au reste, frères, soyez dans la joie, perfectionnez-vous, consolez-vous, ayez un même sentiment, vivez en paix; et le Dieu d'amour et de paix sera avec vous.» (2Co13, 11)  D’après ces paroles de saint Paul, la présence de Dieu au milieu de nous dépend énormément de notre choix. C’est lorsque nous sommes en paix avec les autres que Dieu vient à notre rencontre. Selon saint Paul, dans l’avènement de Jésus Christ, Dieu a révélé vraiment sa nature en trois personnes. «La grâce de Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint Esprit soient toujours avec vous tous.» (2Co13, 13) Dieu est avec nous mais faisons attention, il ne vient pas quémander quoi que ce soit, il est avec nous pour aider. C’est donc pour notre intérêt que le Seigneur vient en nous et au milieu de nous. Celui qui n’accueille pas Dieu se perd parce qu’il lui manque la vraie raison de vivre, car nous vivons pour Dieu et pour les autres. 

                L’Évangile nous dit que Dieu se fait connaître dans l’amour. C’est dans cet amour que son Fils a pris chair pour sauver le monde. «Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.» (Jn3, 16) Jésus est donc l’expression de l’amour de Dieu aux hommes. Jésus nous envoie directement à Dieu. C’est dans l’amour que Dieu se révèle, l’amour montre la nature de Dieu «Dieu est amour.» (1Jn4, 8) À ce dimanche de la sainte Trinité, seul l’amour de Dieu nous explique ce mystère incompréhensible humainement. Nous savons que l’amour en soi n’est pas de la nature humaine mais de Dieu. Nous confessons un monothéisme trinitaire: le Père créateur, le Fils unique de même nature que le Père, l’Esprit qui procède du Père et du Fils. C’est mathématiquement clair en christianisme, mais difficile à comprendre.

                Que disent certains grands imminents de l’Église à propos de la Trinité? Grégoire de Nysse (335-395), théologien et mystique à qui  le deuxième Concile de Nicée donne le titre de père des pères dit que le Père est comme le soleil, le Fils, les rayons, et l’Esprit est la chaleur qui émane de l’ensemble. Saint Bernard de Clairvaux (1090-1153) lui aussi mystique et moine, dit que Dieu existe selon trois manières d’aimer. Le Père est tout l’amour donné, le Fils est tout l’amour reçu, l’Esprit est entre les deux, le baiser du Père et du Fils, celui qui lie et relie. L’Esprit est tout l’amour partagé entre le Père et le Fils. Le Père aimant dépose dans le Fils aimé son Esprit d’amour qui déborde jusqu’à nous. Ils sont trois ayant un même et identique amour.

               Faisons nôtre cette prière que la bienheureuse Élisabeth de la Trinité, carmélite de Dijon, a écrit le 21 Novembre 1904: «Ô mes trois, mon Tout, ma Béatitude, Solitude infinie, immensité où je me perds, je me livre à vous comme une proie. Ensevelissez-vous en moi pour que je m’ensevelisse en vous, en attendant d’aller contempler en votre lumière l’abîme de vos grandeurs.» Bonne fête de la Trinité !