Dimanche du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ

Nous célébrons la solennité du Saint Sacrement du Corps et du Sang du Christ. Jésus devient notre nourriture et il nous invite à être nourriture pour les autres. Devenons celui que nous recevons, Jésus fils de Dieu, ainsi au milieu de notre société en mutation, nous pouvons amener la fraternité, la paix et la communion.

            La première lecture nous parle d’une offrande; Chez les hébreux, il y avait beaucoup d’offrandes. Une offrande était réservée surtout à Dieu, aux servants du Temple, aux rois, aux pauvres et aux amis. Un être mystérieux, Melchisédech, prêtre et roi de Shalem (Jérusalem) donne une offrande de pain et de vin à Abraham. Comme si cela ne suffisait pas, il le bénit «Béni soit Abram par le Dieu très-haut, Créateur du ciel et de la terre.» (Gn14, 19) Ce roi se réjouissait de la victoire d’Abraham sur ses ennemis. Son offrande est celle de remerciement, un roi - prêtre qui remercie Abraham, un simple croyant au Dieu très-haut. Est-ce qu’il s’agit d’un simple récit ou d’une révélation? Dans la lettre aux Hébreux, Jésus est considéré «Prêtre à jamais selon l’ordre de Melchisédech.» (He5, 6) C’est encore Jésus Christ qui est roi de justice, il est le roi de Salem, ce qui veut dire aussi le roi de paix. Il n’a pas de commencement ni de fin comme Melchisédech dont on ne connaît pas ses ancêtres, ni son existence. Il y a donc un rapprochement entre ce personnage et Jésus.

            L’offrande du pain et du vin de Melchisédech préfigurait donc celle de Jésus Christ que l’Église perpétue en action de grâce à Dieu comme nous le disons dans la quatrième prière eucharistique «Et comme il t’a plu d’accueillir les présents d’Abel le Juste, le sacrifice de notre père Abraham, et celui que t’offrit Melchisédech ton grand prêtre, en signe du sacrifice parfait, regarde cette offrande avec amour, et dans ta bienveillance, accepte-la.» Jésus est donc notre grand prêtre qui offre un sacrifice d’action de grâce pour notre victoire sur le péché et sur la mort. En signe de reconnaissance à Melchisédech «Abraham lui donna la dîme de tout.» (Gn14, 20) Jésus notre grand prêtre, n’a pas besoin d’offrande matérielle quand il s’offre pour notre salut. Au contraire, donnons-lui toute notre vie, nos peines et nos joies afin qu’il les transforme en source de notre bonheur.

            Saint Paul dans sa lettre aux Corinthiens revient sur l’offrande par excellence de l’Eucharistie. Il ajouta «Chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.» (1Co11, 26) La mort de Jésus n’est pas à oublier pour sortir de la tristesse mais elle est à proclamer parce qu’elle est une source de salut. C’est donc dans sa mort que nous avons retrouvé la vie. L’Eucharistie nous rappelle cette bonne nouvelle. Elle nous montre que Dieu est Amour, Miséricorde, tendresse infinie. Par l’Eucharistie, nous ne nous rappelons pas seulement d’un geste ancien fait par le Christ, nous participons à son offrande qui nous ouvre sur une alliance de Dieu avec les hommes. L’Eucharistie a permis aux Apôtres, aux saints et aux martyrs d’oser aller jusqu’au bout d’une vie évangélique. Le pain et le vin que nous offrons, c’est le Christ qui s’offre à nous pour être mangé. Il nous permet alors de rendre présente la mémoire de sa vie, de sa mort et de sa résurrection dans l’attente de son retour glorieux.

            L’Eucharistie devient donc le repas des messagers de la Bonne Nouvelle et de ceux qui l’ écoutent. C’est ce que révèle la cène de la multiplication des pains de l’Évangile de saint Luc. La foule fatiguée, reçoit la nourriture donnée par Jésus pour continuer la route avec Lui afin de l’écouter et d’imiter sa façon de vivre. La fatigue et la faim allaient disperser la foule qui n’avait rien pour se procurer un logement et de quoi manger. Les douze intercédèrent auprès de Jésus «Renvoie cette foule: qu’ils aillent dans les villages à la ronde et dans les hameaux, où ils trouvent logis et vivres, car ici nous sommes dans un lieu désert.» (Lc9, 12)

            Jésus ne veut pas que la faim et la fatigue nous séparent. Il veut être notre nourriture, celle qui nous unit pour toujours comme une seule famille. «Ayant pris les cinq pains et les deux poissons (…) il les bénit et les rompit, et il les donnait aux disciples pour les servir à la foule.» (Lc9, 16) Jésus étanche la soif et nourrit ceux qui le suivent. Actuellement c’est d’abord sa parole qui nous rassasie et qui nous donne la vie car «L’homme ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu.» (Mt4, 4) Il commence par nourrir la foule de son enseignement, de sa présence au milieu d’elle. Comme le disait saint Jérôme (345-420), veillons à ne pas perdre un mot de la parole de Dieu proclamée lors de la messe. Pour tous ceux qui ont soif de l’amour, de la paix , de la joie, de la justice, la parole de Dieu est une source intarissable. Jésus Christ proclamé par l’Écriture et qui se fait nourriture dans l’Eucharistie est notre pain de vie pour être fort au service des autres.

            «Donnez-leur vous-mêmes à manger» (Lc9, 13) Nous sommes peut-être peu nombreux et nous n’avons pas assez pour répondre à la misère du monde. Mais c’est par cette petite part de nous-mêmes que le Christ réalise le miracle de nourrir la foule. Osons le croire et le vivre. Comme l’Eucharistie ne manque pas dans les tabernacles de nos églises, que l’amour ne s’efface pas dans nos cœurs malgré les crises intérieures que souvent nous traversons. Devenons ce que nous recevons, le Corps du Christ.