Dimanche de l'Avent 2 C 2021 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche de l'Avent 2 C 2021

Nous ne devons pas avoir peur du lendemain. Vivre sous la hantise du malheur et de la mort n’est pas digne du croyant. Nous n’existons pas pour souffrir, le monde n’est pas pour nous faire comprendre le poids des jours, si même des choses vont mal, grâce à Dieu les larmes peuvent se transformer en joie. C’est une question de temps et de notre volonté pour redresser la situation. C’est cela que nous attendons dans la célébration de la fête de Noël.

            Le prophète Baruch qui fut le secrétaire du prophète Jérémie avait connu comme son maître la souffrance de l’exil à Babylone. Mais un jour il a entendu la voix du Seigneur qu’il a révélé à son peuple Israël «Quitte, Jérusalem, ta robe de deuil et de misère et revêts la splendeur de la gloire de Dieu pour toujours.» (Ba5, 1) Les malheurs de l’exil le submergeait mais une vision d’un avenir ardent apportait de l’espérance.  Le prophète voit enfin l’unité du peuple retrouvée, c’est le retour de l’exil et le nouvel exode qui se dessinent à l’horizon. Tout cela ne vient pas de la puissance d’un homme mais de Dieu qui agit en faveur de son peuple «Dieu va montrer ton éclat à tout ce qui est sous le ciel.» (Ba5, 3) Ceux qui avaient vu l’effacement de ce peuple vont s’étonner de son triomphe inattendu. Tous vont servir ce peuple y compris ceux qui étaient leurs ennemis. «Et même les forêts et tout arbre odoriférant donneront, par ordre de Dieu, de l’ombre à Israël.» (Ba5, 8) Nous trouvons ici l’orgueil spirituel qui est permis au croyant de croire que Dieu fera tout pour lui. Voilà l’espérance de ceux qui comptent sur l’amour sans limite de Dieu.

            Ceux qui ressuscitent des cendres ont une mission spéciale, on ne survit pas pour rien mais pour proclamer les merveilles de Dieu en faisant du bien. Survivre et retourner dans les erreurs qui ont causé notre effondrement est une abomination. Dieu fait tout pour nous redonner la vie afin de nous montrer son amour et de nous rappeler là où notre infidélité peut nous conduire, à la mort. Cette mort peut atteindre malheureusement ceux qui n’ont aucune responsabilité car nos actions bonnes ou mauvaises ont une influence sur les autres. Mais malheur à celui dont le scandale est venu. Saint Paul dans l’Épître aux philippiens remercie ces derniers car après leur conversion ils ont formé une communauté ardente dont leur générosité était légendaire. L’apôtre les exhorte à un amour toujours en croissance «Et ce pour quoi je prie, c’est afin que votre amour abonde encore de plus en plus en connaissance et en toute clairvoyance, pour que (…) vous soyez purs et irréprochables pour le Jour de Christ.» (Phil1, 9-10) Ces philippiens dont les éloges de Paul ne tarissent pas, provenaient du paganisme et ils ne sont pas retournés en arrière, voilà vraiment un exemple de la vraie conversion.

            Comme Baruch dans la première lecture, Jean Baptiste au début de l’Évangile de Luc annonce aussi l’intervention de Dieu pour sauver son peuple. Mais l’accent est mis sur l’accueil du Sauveur «Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers.» (Lc3, 4) Jean ne s’adresse pas d’abord aux dirigeants comme Tibère César ou Ponce Pilate qui était inflexible et impitoyable comme son empereur, ni à Hérode ou d’autres chefs juifs comme lui. Il ne s’adresse pas non plus aux chefs religieux comme Anne et Caïphe qui étaient des intermédiaires entre Dieu et le peuple. «Il parcourut toute la région du Jourdain, en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés.» (Lc3, 3) Comme ce simple peuple à qui le message d’accueillir le Sauveur était adressé, Jean Baptiste, lui aussi, bien qu’il venait d’une grande famille connue de Zacharie et d’Elizabeth (Voir Lc1, 5) il n’était pas l’homme de qui on attendait la mission qu’il inaugurait. Il avait une allure pauvre, il était ambulant, loin de se fatiguer en parcourant toute la contrée du Jourdain. Dieu annonce de grandes choses avec de simples gens. Ses moyens sont toujours élémentaires et souvent rudimentaires sans un esprit de grandeur. Inutile de dire que nous sommes pauvres et âgés, le plus important c’est accorder au Seigneur notre disponibilité, le reste vient de lui.

            Jean Baptiste ne vient pas de l’école qui prépare des rabbins mais du désert. «La parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean.» (Lc3, 2) Là il a rencontré le Seigneur, il s’est entretenu avec lui et il a reçu une mission. Son propre maître c’est Dieu, son champs d’expérimentation c’est son cœur. Il devient peu à peu le cri  d’espérance. Avant d’annoncer cet espoir aux autres, il l’a vécu d’abord en lui. Il a vu le Sauveur du monde avant de le montrer au monde. De simple ascète, il est devenu un grand prophète, le dernier prophète et le premier témoin de Jésus. Saint Augustin dit ces belles choses en lui: une très grande personne, Jean-Baptiste, excellence immense, grâce insigne, sommet très élevé. Admirez-le, comme vous admirez une montagne, mais écoutez ceci: ce n’est pas lui la lumière... Levez les yeux vers Celui qui l’éclaire (voir commentaire de saint Augustin sur l’Évangile de Jean).

            Vivre la conversion que Jean Baptiste annonce, c’est se purifier de plus en plus car chaque jour il y a des souillures qui infectent notre âme comme l’égoïsme, l’indifférence, l’injustice, l’orgueil, etc. À la longue tous ces petits maux deviennent dangereux et tuent notre amour avec Dieu et avec notre prochain. Que durant ce temps de l’Avent nous puissions quitter le vieil homme pour devenir l’homme nouveau.