Dimanche 26 C 2022 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 26 C 2022

Les biens de la création ou les ressources de la terre ont généré des conflits à cause du manque de partage équitable. Les uns veulent s’en approprier au détriment des autres d’où la misère qui ne devrait pas exister si nous vivions la vraie fraternité ou la solidarité universelle. Ceux qui se réjouissent de la richesse à côté des pauvres qui gisent dans la poussière sont condamnés par la parole de Dieu, ils pèchent contre la charité et la justice, ils s’attirent la colère de Dieu qui aime les pauvres sans recours.

Opprimer les pauvres, les oublier et vivre comme s’ils n’existent pas, ne pas les considérer c’est offenser le Seigneur qui s’identifie à eux. Quand ceux qui les oublient sont ceux-là même qui doivent s’occuper d’eux, cela est une abomination que Dieu ne tolère jamais. «Malheur à ceux qui vivent bien tranquilles dans Sion, et à ceux qui se croient en sécurité sur la montagne de Samarie.» (Am6, 1a) Le prophète parle des chefs du peuple qui sont dans l’opulence à côté des pauvres sans recours. Au lieu de voir leur misère, ils multiplient les occasions de jouissance «Couchés sur des lits d’ivoire … ils mangent les agneaux du troupeau ...ils boivent le vin à même les amphores.» (Am6, 4-5) Parmi ces chefs gâtés, il y avait aussi des représentant de Dieu car dans l’AT, le profane et le religieux étaient mêlés. Toutes ces paroles du prophète Amos évoquent le culte religieux qui oublie le pauvre alors que Dieu le met en exergue pour être écouté et protégé. Ce comportement irresponsable n’est pas sans conséquence. Ceux qui se livrent à l’injustice, à l’égoïsme s’attirent des malheurs  «Ils seront les premiers déportés.» (Am6, 7) La vie scandaleuse qui fait injure à Dieu et à la piété et qui entraîne les simples à l’envier conduit à la perdition et aux déracinements de tout ce qui fait honneur et dignité.

 Cette prophétie d’Amos révèle que l’homme pécheur et charnel apprécie seulement les choses de la chair, trouve vrai et normal de rabaisser le culte divin au niveau du monde païen. Au contraire, la religion demandée par Dieu renonce aux engouements charnels et tend à ce qui est esprit pour vénérer Dieu qui est Esprit. Elle sait qu’elle ne peut se maintenir dans la vérité qu’en cherchant constamment ce que Dieu veut. Il en est de même dans l’Église, où, plus qu’ailleurs, on doit renoncer à la chair et vivre selon l’esprit, comme dit Saint Paul à Timothée «Toi, homme de Dieu, recherche la justice, la piété, la foi, la charité, la persévérance et la douceur. Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle!» (1Tm6, 11-12) Il faut faire attention pour ne pas chercher uniquement une prospérité terrestre, une tranquillité et un bonheur en ce monde, qui aveuglent, qui paganisent et qui éteignent l’Esprit. Ce dernier quand il s’éteint, tout ce qu’on fait ne conduit pas à l’élévation à la rencontre avec le Christ ou à sa parousie, mais à la perdition de notre humanité.

Dans l’Évangile Jésus s’adresse spécialement à ceux qui s’accrochent à la richesse jusqu’à devenir leur Dieu. Mais aussi il accompagne ceux qui subissent l’égoïsme inassouvi de ceux qui vivent en oubliant complètement les autres.  Au lieu de chercher le salut éternel donné par Dieu, les riches visent toujours le salut temporel acquis par eux-mêmes. Puisqu’ils ne voient pas le Dieu du ciel, ils s’en font un à partir de ce qu’ils possèdent. Le riche cité par Jésus a bien réussi dans sa vie, il ne manque de rien «Il se revêtait de pourpre et de lin fin et il festoyait chaque jour splendidement.» (Lc16, 19) Sa vie est enviable mais ce qui est mauvais en elle-même c’est la place qu’il donne aux pauvres. «Un pauvre du nom de Lazare gisait près de son portail, tout couvert d’ulcères.» (Lc16, 20) Dans un esprit de richesse, tout sentiment altruiste est mort. Le riche est endurci, il ne voit même plus qu’il agit mal, il entraîne les autres à penser comme lui, et il a de nombreux flatteurs qui l’encouragent. Et, s’il ne chasse pas le pauvre qu’il évite soigneusement, c’est que secrètement il se réjouit de sa présence, parce que sa misère rehausse sa réussite et confirme qu’il a trouvé le bonheur.

Lazare ne cache pas sa pauvreté. Il se déplace et va vers le riche, il fait attention à lui et le regarde humblement, il interpelle les passants et leur donne l’occasion de faire le bien. Mais, comme il est objet de dégoût et de mépris, personne ne répond à ses appels. «Les chiens … venaient lécher ses ulcères.» (Lc16, 21)  Seul Dieu le console «Le pauvre mourut et fut emporté par les anges dans le sein d’Abraham.» (Lc16, 22) Lazare est élevé, emporté au ciel tandis que «le riche fut enseveli.» (Lc16, 22) Le riche est bloqué au niveau terrestre, il est descendu même trop bas où il souffre de voir le bonheur de Lazare. Comme le riche n’a pas répondu au désir de Lazare, le sien aussi n’a pas été exaucé. «Souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie et Lazare pareillement les maux, maintenant ici, il est consolé et toi, tu es tourmenté.» (Lc16, 25) Le riche se fait mendiant dans l’autre vie et comme Lazare il ne trouve rien au-delà de la mort. Dans l’épanouissement terrestre, il faut comprendre que la vie à venir se prépare dans la présente en ne pas ignorant Lazare et ceux qui lui ressemblent. 

Pour Jésus, la vie à venir se trouve dans la présente. Nous avons tout ce qu’il faut pour devenir heureux. Il ne faut pas rater l’occasion de préparer notre avenir ensemble avec Abraham dans le royaume de Dieu. Ce n’est pas la richesse qui nous prive de l’éternité bienheureuse mais un manque d’esprit de pauvreté qui permet de partager avec les pauvres. La vraie richesse est donc de partager tout ce que nous possédons aujourd’hui peu ou beaucoup car ce n’est pas la quantité qui compte mais l’esprit de de la mettre au service des autres.