Dimanche 18 C 2022 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 18 C 2022

Entre l’attirance de ce qui est matériel et l’immatériel comme l’amour, la paix, la communion, la fraternité, nous devons choisir. Notre joie repose sur le bon choix que nous avons fait ou que nous faisons. Jésus invite ses disciples à choisir par-dessus tout, les biens d’en haut, ceux du ciel qu’il nous offre ;et le bien par excellence qui vient de lui c’est la vie qui ne finit pas ou la vie éternelle qui consiste à aimer Dieu et notre prochain. Tournons-nous toujours vers les dons que Dieu nous offre afin de produire des fruits qui en découlent.

               Un sage de l’Ancien Testament a observé tout ce qui l’entourait, ce que les mains humaines produisent et il a fini par affirmer que «Tout est vanité.» (Qo1, 2) En hébreux, ce terme vanité veut dire ce qui est éphémère, sans consistance, insignifiant, futile, vain, passager, fragile, dérisoire, qui n’a que l’apparence. La vanité en anglais signifie ‘qui n’a pas de sens ou ‘meaningless’. Dans la Bible, ce terme est utilisé pour parler de la fragilité de l’homme (PS39, 6-7) du caractère fugitif ou inutile d’une chose (Jr10, 3.8). Pour Job, la vie humaine n’est qu’un souffle (Jb7, 16) et ses efforts, ses projets sont inutiles (Jb9, 29). Selon Qohèlet ou l’Ecclésiaste, les valeurs les plus prisées demeurent finalement vides et sans consistance lorsqu’elles ne sont pas reçues de la main de Dieu et qu’elles ne demeurent pas liées à lui. La vanité dans la mentalité hébraïque caractérise aussi les idoles ou mensonge (Ps6, 10) ou l’absence de substance et de sens.
               Nous pouvons vérifier ce qui n’a pas de sens ou de substance dans notre vie. Pour Qohèlet ou l’Ecclésiaste «Que revient-il à l’homme de toute sa peine et de toute la recherche de son cœur dont il peine sous le soleil?» (Qo2, 23) Il n’affirme pas, il se questionne. Dans ce livre, il nous révèle ce qui est sans substance, ce qui n’a pas de sens: toute activité dont le but n’est pas un bien supérieur n’est que vanité. Pour échapper à ce qui est vanité, il faut par-dessus tout chercher dans ce que nous faisons un bien suprême. Il ne s’agit pas ici de mépriser ou déprécier les choses matérielles ni de condamner la richesse, mais de prendre tout cela comme moyens et non comme un but en soi.
               Un homme ou une femme de Dieu doit chercher un trésor bien au-delà des biens terrestres. C’est saint Paul qui nous le dit dans sa lettre aux Colossiens «Pensez aux choses d’en haut, non à celles qui sont dans sur la terre» (Col3, 2) Celui qui est devenu une créature nouvelle rien de la terre ne peut le satisfaire. Notre saint Paul dit cela autrement aux Philippiens «À cause de lui [du Christ] … j’estime tout comme immondices.» (Phil3, 8) Nous devons nous réjouir de tout ce qui nous entoure comme des dons de Dieu, sans y chercher notre propre gloire ni satisfaction mais en rendant grâce à Dieu qui nous les a donnés. C’est cela donner du sens à chaque chose, rien qui surpasse celui qui l’a fabriqué. Cela demande un continuel renouvellement intérieur «Faites donc mourir vos membres terrestres: fornication, impureté, passion, convoitise mauvaise, ainsi que la cupidité qui est idolâtrie.» (Col3, 5) C’est seul Dieu en ses trois personnes, qui n’est pas vanité car quand tout disparaît, lui seul reste car il est éternel.
               Jésus, lui aussi nous met en garde pour ne pas réduire notre horizon à notre compte en banque, à notre patrimoine familial, à notre savoir. Il y a beaucoup de choses qui doivent nous préoccuper et beaucoup de questions à nous poser: quelles sont les valeurs de notre vie? De quoi remplissons-nous nos cœurs? Pourquoi vivons-nous? Dans la vie, il y a des choses plus importantes que l'argent: la vie de famille, l’amitié, la communion avec les autres, etc. Il faut avoir le temps de sourire, de jouer avec ses enfants, d’être avec des amis. Avoir la foi, vivre de la charité et de la fraternité, c’est cela devenir riche aux yeux de Dieu. Attention, notre façon de vivre révèle le but que nous donnons à notre existence: soit tout se termine avec la vie terrestre, soit cette vie est une étape vers la vie éternelle. Il ne faut pas oublier que pour nous, croyants, notre vie présente est le commencement de la vie éternelle, elle est une préparation à la rencontre ultime avec le Dieu d’Amour. C’est donc l’amour qui donne du sens et de la valeur à notre vie, le reste est illusoire. Notre sécurité de l’avenir dans la possession des biens est un faux pas: «Car un homme a beau être dans l’abondance, sa vie ne dépend pas de ses biens.» (Lc12, 15)
               Jésus nous apprend que l’augmentation des biens matériels n’ajoute rien au bonheur de notre vie terrestre que tôt ou tard on quittera pour la vie éternelle. Ce qui est important est d’augmenter notre capacité d’aimer en nous servant des biens matériels. Le but de notre existence est le partage et l’administration des biens en vue de la communion de tous, surtout aux plus petits. C’est ainsi que nous nous préparons un trésor pour le ciel. Devenir riche pour Dieu avec Jésus le Sauveur de notre vie, c’est entrer dans une dynamique de détachement par rapport aux biens matériels pour communier tous ensemble dans l’amour. L’amour de Dieu, reçu et partagé, est le lieu où nous réalisons notre véritable réussite humaine. Nous quittons alors nos peurs et nos désirs de puissance pour trouver en Dieu et dans l’amour partagé notre sécurité et notre bonheur. Le partage, l’accueil de l’autre et surtout du petit et du pauvre, est un trésor, une richesse pour Dieu. Tout vient de Dieu, tout nous est donné pour partager. Ainsi se bâtit le Royaume des cieux sur la terre.