Carême 5 C 2022 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Carême 5 C 2022

Avançons sans tarder sur le passé, le plus important dans la foi est d’aller de l’avant vers ce que Dieu nous promet en ne restant pas dans nos mentalités et nos habitudes mais en changeant et en reconnaissant les bienfaits du Seigneur. Ayons en esprit qu’après la passion et la mort de Jésus, il y a la joie de la résurrection.

            Le prophète Isaïe encourage le peuple de Dieu qui subit le poids de l’exil à Babylone. «Je vais mettre un chemin dans le désert, des fleuves dans la steppe.» (Is43, 19) Le Seigneur a parlé et sa parole se réalise, elle n’est pas vide, elle est pleine de vie et d’espérance. Tout était noir devant le peuple de Dieu mais grâce à Dieu l’horizon s’éclaircissait. Le peuple de Dieu était éloigné de sa terre, il y avait raison de désespérer et le prophète annonçait des paroles de consolation car après la nuit un nouveau jour se lève. Cela est suffisant pour ne pas perdre espoir mais il faut avoir le courage de se lever pour contempler le soleil du nouveau jour car si on reste endormi, on peut croire que la nuit continue. Isaïe voulait que le peuple de Dieu sorte du sommeil du désespoir pensant que tout était fini, qu’il ne lui restait que la mort.

            Nous ne devons pas nous décourager, un croyant est toujours invité à regarder de l’avant. Même dans les catastrophes, il ne faut pas rendre notre force et nos armes qui sont la confiance et l’espérance. Un dicton rwandais dit que «Kugera kure siko gupfa.» Ce qui veut dire qu’aller très loin dans la souffrance ne signifie pas la mort. Le peuple d’Israël l’a expérimenté plus d’une fois et parmi nous il y a ceux qui peuvent le témoigner. Que doit-on faire après être écarté du danger? Isaïe dit: «Le peuple que je me suis façonné, racontera mes louanges.» (Is43, 21) Survivre est un signe de l’existence de Dieu car on ne peut pas se sauver ou se pardonner soi-même. Saint Paul bouleversé par la découverte de Jésus comme fils de Dieu, change sa vie ainsi que la valeur des choses et de son passé «J’estime tout comme immondices afin de gagner Christ.» (Phil3, 8) La loi, la tradition, l’orgueil de son état social ne comptent plus à cause du Christ. Dieu seul est Dieu, quittons toute idolâtrie qui ne sert de rien, c’est lui notre Sauveur.

            L’Évangile de la femme adultère nous montre la libération de Dieu réalisée par son Fils Jésus Christ. Cette épisode nous trace le contexte de la passion de Jésus. Devant une injustice, une guerre, un manque de la foi et de l’amour, un orgueil de pureté ou de supériorité, cela ne fait qu’actualiser la passion et la mort de Jésus. Vivons son amour en nous comportant comme des hommes et des femmes fidèles à son enseignement. Voyons la présentation de la scène: «Jésus se présenta de nouveau dans le Temple. Et tout le peuple venait vers lui, et s’étant assis, il les enseignait.»  (Jn8, 2) Jésus est dans son rôle, il est au milieu des hommes, il les accueille tels qu’ils sont, bons et mauvais, malades et bien portants, riches et pauvres, conservateurs et progressistes, de droite et de gauche, du nord et du sud, tous confondus. Tous le regardent comme leur sauveur et son cœur est dressé vers ces hommes et ces femmes, il les enseigne. Enseigner signifie faire grandir, nourrir le cœur et l’intelligence.

            Les scribes et les pharisiens troublent son enseignement. «Ils lui amènent une femme surprise en adultère.» (Jn8, 3) Ils ne viennent pas pour l’écouter mais «Pour le mettre à l’épreuve.» (Jn8, 6) Ces nouveaux venus ne se considèrent pas concernés par son enseignement, ils ne sont pas comme les autres qu’ils détestent. Jésus ne les chasse pas, il les laisse s’exprimer, il est un bon maître, il veut entendre ce qu’ils cherchent. Ils viennent devant Jésus en accusateurs malgré leur ironie «Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. (…) Moïse nous a demandé de lapider ces femmes-là. Toi, donc, que dis-tu?» (Jn8, 4-5) Jésus maître devient juge, lui qui a dit que «Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui.» (Jn3, 17)

            Jésus ne peut pas laisser passer cette injustice. Les accusateurs de cette femme ignorent une procédure juridique car le péché d’adultère est commis au moins par deux personnes. Eux, ils accusent cette femme sans défense. Ils se trompent donc de juge et ils sont devant un juge miséricordieux. La tradition avait détourné la loi de Moïse qui disait que «Celui qui commet l’adultère avec la femme de son prochain sera mis à mort, lui, l’adultère et la femme adultère.» (Lv20, 10) Les scribes et les Pharisiens ignoraient la Loi qui prévoyait la peine capitale pour les deux complices et Jésus ne peut pas approuver leur injustice et leur mensonge en acceptant la lapidation de cette femme, victime d’un procès injuste. Jésus n’est pas contre la loi mais contre l’injustice faite au nom de la loi. Dans son silence, il révèle aux scribes et aux pharisiens ainsi qu’à la femme le vrai visage du Dieu de miséricorde. «Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette le premier une pierre.» (Jn8, 7) Il prend la défense de cette femme d’une façon magistrale et ses accusateurs s’enfuient.  

            Jésus dit à la femme ce qu’il aimerait dire à chacun d’entre nous dans notre face à face avec lui «Je ne te condamne pas. Va désormais ne pèche plus.» (Jn8, 11) Avec ces paroles-ci de Jésus, le péché est condamné et le pardon permet au pécheur d’aller plus loin, dans sa guérison spirituelle. Seigneur, guéris-nous car nous avons péché. Amen.