Dimanche 16 C 2022 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 16 C 2022

Lors du Synode dans nos secteurs pastoraux nous avons parlé de l’accueil qu’il faut toujours soigner à tous les niveaux. Celui qui est incapable d’accueillir l’autre ne peut pas être en relation avec le Seigneur dont ses actions sont invisibles. Accueillir l’autre relève d’un grand équilibre intérieur. Lorsqu’on est accaparé par beaucoup de choses, on devient incapable de déceler l’essentiel et de le garder. Jésus nous invite à bien choisir ce qui nous offre la joie et la paix.

Beaucoup de bonnes occasions peuvent passer sans nous laisser de grandes choses; beaucoup d’hommes et de femmes nous croisent sans rien nous inspirer. Tout ce qu’on trouve ordinaire regorge beaucoup de mystères.  La première lecture nous donne l’exemple d’Abraham qui se hâte d’accueillir les trois passants qui lui arrivent «Abraham leva les yeux, et il vit trois hommes qui se tenaient debout près de lui (…) Il courut à leur rencontre (…) et se prosterna jusqu’à terre.» (Gn18,2) C’est lui qui se courbe devant ces gens qui visiblement ne représentent pas grand-chose. Abraham savait ce qu’était le voyage à travers le désert, ce qu’était quitter le chez soi et laisser derrière la famille et les amis. Voilà pourquoi il accueille ces étrangers avec attention et sans rien réserve «Abraham se hâta d’aller trouver Sara dans sa tente, et il dit «prends vite trois grandes mesures de fleur de farine, pétris la pâte et fais des galettes.» (Gn18, 6) Sans connaître ces étrangers, il les reçoit avec tout son cœur. Son hospitalité lui vaut l’inimaginable. Il accueille des Anges du Seigneur qui lui porte la bonne nouvelle de la bénédiction de Dieu «Dans un an, voilà que Sara, ta femme, aura un fils.» (Gn18, 10)

La sagesse africaine dit qu’il faut aider tout le monde parce qu’on ne sait jamais qui arrivera à maturité ou pas (bagarira yose ntuzi irizera n’irizarumba), ce qui signifie qu’en cas de cerclage, on protège tous les petits plants.  En accueillant l’autre, on prépare son propre accueil sans le savoir. Car chaque geste d’amour ne peut pas rester sans récompense tôt ou tard, dans cette vie ou dans une autre. Les rwandais disent ‘kugira neza ni ukuguriza Imana’ ou faire du bien c’est prêter à Dieu. Puisque dans la vie il y a beaucoup de surprises et de mystères, il faut bien prêter l’attention et essayer de faire du bien sans relâche. Même le bon accueil de la souffrance peut être bénéfique. Saint Paul l’a compris et il le dit aux Colossiens «Je me réjouis de mes souffrances (…) je complète en ma chair ce qui manque aux afflictions du Christ.» (Col1, 24) Dans le bien que nous faisons aux autres en les accueillant tels qu’ils sont ou dans l’acceptation de nos limites ou difficultés, tout cela peut révéler la gloire de Dieu.

L’Évangile nous donne l’exemple d’une famille accueillante et il nous révèle la bonne manière d’accueillir. L’épisode se déroule à Bethanie; ce village n’a pas été pris au hasard car Jésus y avait  deux familles amies connues: la famille de Simon le lépreux, là où une femme oint la tête de Jésus d’un parfum très précieux (Mc14, 3) et celle du fameux Lazare et ses deux sœurs, Marthe et Marie. Béthanie est devenu un symbole de l’hospitalité dans les milieux chrétiens. Ces deux sœurs, chacune voulait accueillir Jésus à sa façon mais leurs intentions étaient de plaire à leur hôte. Marthe veut accueillir Jésus en lui préparant un somptueux repas et Marie préféra l’accueillir en restant à son côté, elle s'assit «Aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.» (Lc10,39) L’attitude de Marie est facile et elle ne cause pas de fatigue et elle offre plus de joie. Celle de Marthe demande la collaboration et un peu d’effort et elle intervient auprès de Jésus car Marie ne voit pas que le temps de dîner ou de souper presse «Ma sœur me laisse seule à faire le service. Dis-lui donc de m’aider.» (Lc10, 40) Sans déprécier l’effort de Marthe et la dimension amicale de l’accueil, Jésus dit que «Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas enlevée.» (Lc10, 42)

Ainsi notre activisme doit être précédé par le temps de s’asseoir pour écouter et méditer la parole de Dieu source de notre énergie. Marthe est absorbée par les tâches, son regard se limite à ce qu’il y a à faire. Elle oublie pourquoi elle sert, pour qui elle rend service. L’accueil chez Marthe est perturbé par une inquiétude! Or, la valeur de nos actions tient au “pourquoi," au "pour qui,” au motif de notre action. Si notre regard reste fixé sur la matérialité de nos œuvres nous en perdons le sens et la finalité. En perdant le sens de notre service nous perdons aussi la joie et la paix intérieure. Entre s’agiter et rouspéter ou écouter paisiblement la Parole de Dieu, la meilleure part est facilement discernable. Si nos services et notre travail ne trouvent pas un sens positif dans l’amour, ils deviennent un esclavage dont il faut se libérer. Notre travail, nos services, prennent place et sens dans la perfection de la charité.  

Marie a été saluée comme la championne de la prière et Marthe celle de la charité. La prière et les actions de charité sont toutes deux une manière unique et unifiée d’être à Dieu et d’être au monde. Dans la Foi, l’œuvre charitable prend tout son poids et sa valeur quand elle n’est pas simplement œuvre de la volonté humaine, mais collaboration de notre liberté à l’œuvre de Dieu. Chacune de nos actions trouvent leur valeur et leur sens le plus profond lorsqu’elles trouvent dans l’Amour leur source et leur accomplissement. La véritable action chrétienne est une union intime avec Jésus qui ne peut pas être opposée à la prière.