Dimanche 7 C 2022 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Dimanche 7 C 2022

Dieu nous appelle à aimer notre prochain mais cet amour devient difficile lorsque notre prochain nous a fait du mal, lorsqu’il est notre ennemi connu ou larvé. Ne pensons pas que nos ennemis sont très loin, ils peuvent être quelqu’un de notre cercle. Beaucoup cherchent à se séparer lorsque leur relation devient venimeuse mais très peu cherche comment se réconcilier pour continuer à avancer ensemble.

 Le message de Jésus est très clair «Faire du bien à ceux qui nous haïssent, souhaiter du bien à ceux qui nous maudissent et prier pour ceux qui nous maltraitent.» Cette morale devient impossible si Dieu n’habite pas dans notre cœur.

            Des nations ennemies ou des personnes en relation d’inimitié existent depuis toujours. Actuellement beaucoup de pays ne cessent pas de multiplier des armes pour se protéger contre ses ennemis lointains ou proches. Mais la solution à ces problèmes n’est pas d’amasser des armes mais de se rencontrer pour revoir ce qui est à la base du conflit qui sépare les deux parties. Malheureusement la grandeur du pays est reconnue à partir des armes qu’il dispose dans son stock d’armement, surtout la quantité des armes de destruction massive qui peut supprimer toute l’humanité. À quoi sert de garder des armes capables de supprimer la vie sur notre planète. Peut-on se dire civilisé en gardant de telles armes? Le 24 novembre 2019, le pape François a dit avec regret lors de sa visite à Nagasaki «Ce lieu nous rend davantage conscients de la souffrance et de l’horreur que nous les êtres humains nous sommes capables de nous infliger.» Cessons de vouloir nous détruire et cherchons ce qui peut nous unir car nous sommes appelés à vivre notre fraternité universelle.

            Le roi David a été un modèle dans beaucoup de choses. Il n’a pas vécu sans difficulté, Saul l’a poursuivi pour le tuer. «Saül se mit en route et descendit au désert de Ziph, avec trois mille hommes d’élite d’Israël, pour chercher David dans le désert de Ziph.» (1Sam26, 2) Imaginez cette scène, on poursuit un homme comme on cherche un gibier. Si les moyens qu’on engage pour les guerres se convertissent en force de développement, le monde deviendrait un paradis, toutes les misères de notre humanité disparaîtraient. Par exemple, les vaccins contre des pandémies sont rares dans certains pays mais ailleurs la course aux armements continue. David, malgré son jeune âge et les moyens très limités de sa protection, ne cherchait pas à terminer la vie de celui qui le poursuivait. Il tomba sur Saül sans difficulté pour le tuer mais il ne le fit pas. Il dit à son compagnon «Ne le détruis pas! Qui pourrait porter la main sur l’oint de Yahvé et rester impuni! (…) C’est Yahvé qui le frappera, soit que son jour arrive et qu’il meure, soit qu’il descende au combat et périsse.» (1Sam26, 10-11)

            La paix c’est lorsqu’on n’entre pas dans la logique de la guerre, c’est détourner le conflit, c’est recourir au Juge Suprême, lui qui est juste. Ce geste de David apaisa le roi Saül qui lui promit de ne jamais le poursuivre  et il se repentit devant David «J’ai péché! Reviens, mon fils David, je ne te ferai plus de mal, puisqu’en ce jour ma vie a eu du prix à tes yeux. Oui, je me suis conduit follement, je me suis par trop égaré.» (1Sam26, 21) David renversa la tendance de tous les temps où des adversaires cherchent à se supprimer à tout prix. Lorsqu’on connaît Dieu, se réconcilier est possible. Pour Saint Paul, celui qui connaît Dieu vient du ciel «Le premier homme tiré de la terre est terrestre. Le second homme, lui, vient du ciel.» (1Co15, 47) Celui du ciel agit noblement, imitons cette façon d’agir dans nos relations, si vraiment par le baptême nous sommes de nouvelles créatures.

            Jésus veut que ses disciples agissent comme des hommes et des femmes nouveaux. Il parle de la non-violence, de la joue qu’il faut tendre, du manteau qu’il faut laisser prendre, etc. Il ne rêve pas, ce qu’il dit est possible. N’imaginons pas si ce qu’il propose est courant ou possible, c’est un nouveau style de vie qu’il veut inculquer, un nouveau regard sur la vie, sur les événements, sur les personnes et sur Dieu même. Il nous demande d’inverser nos réflexes ordinaires: réflexe du talion, qui nous fait rendre le mal pour le mal, la violence pour un oubli, l’agressivité pour un manque d’égards; réflexe de l’égalitarisme, du donnant-donnant, du rien pour rien, de la récompense immédiate et mesurable.

            Pour réussir dans ce que Jésus nous demande, notre référence doit être Dieu «Aimez vos ennemis, et faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Et votre salaire sera grand, et vous serez fils du Très-Haut, parce qu’il est bon, Lui, pour les ingrats et les méchants.» (Lc6, 35) Celui qui vient de Dieu fait vivre, il ne peut pas provoquer la violence, la tristesse et le désespoir. Il est donc possible de renverser la tendance, en utilisant les armes de l’amour qui sont le pardon, plutôt souffrir que de faire souffrir, la gratuite, l’humilité, la patience et la confiance en l’autre qui peut changer et devenir une bonne personne. Ce que Jésus nous recommande est donc possible si nous apprenons à aimer nos frères et sœurs pour eux-mêmes et non pour ce que nous attendons d’eux. Si on aime en entendant la gratitude, le remerciement, sa récompense, les honneurs, il sera difficile de tendre l’autre joue en cas d’agression.

            Seule la ressemblance à notre Père nous permettra de vivre cet amour de très haut niveau qui est celui d’aimer les ennemis. Cette ressemblance est un don que nous avons reçu lors de notre baptême. Tous les baptisés sont appelés à un amour de Dieu mais cela n’est pas automatique, il faut entrer dans cet esprit du monde nouveau que Jésus annonce.