Dimanche 20 C 2022 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 20 C 2022

La vie chrétienne n’est pas une simple morale, c’est un engagement qui demande l’oubli de soi. Elle peut compromettre celui qui la prend au sérieux. Malgré cela, le Seigneur veille sur ses fidèles qui comptent sur lui jour et nuit. Il sauve les siens de la gueule du lion en leur donnant la force de résister jusqu’au bout où ils trouvent la joie et le bonheur. Mais avant cette joie, un dur combat ou une violence spirituelle est nécessaire.

La première lecture nous présente le prophète Jérémie qui subit des persécutions, des menaces, et  des incompréhensions. Beaucoup de dangers le guettaient de tous côtés car son comportement, son espérance, son langage et sa foi étaient différents des autres. Le pays était en guerre contre les chaldéens et son message était celui de compter sur le Seigneur. Il fustigeait ceux qui prônaient la guerre, la violence qui allaient ensemble avec l’injustice. Au lieu d’être écouté, il fût accusé de défaitisme et de collaboration avec l’ennemi. «Que cet homme soit mis à mort, attendu qu’il décourage les hommes de guerre qui restent dans cette ville, ainsi que tout le peuple, en leur disant de telles paroles. Cet homme, en effet, ne recherche pas le salut de ce peuple, mais son malheur.» (Jr38, 4) La charge d’accusation contre lui était grave. Dans la société tradition, trahir le pays, le livrer aux mains de l’ennemi, en courrait souvent la peine capitale. Ceux qui accusaient Jérémie cherchaient donc sa mort.

Le roi Sédécias n’hésita pas à décréter la sentence «Le voici! Il est entre vos mains, car le roi ne peut rien contre vous.» (Jr38, 5) Un ordre de le tuer est sorti mais voilà un fait inattendu, ses adversaires ne le tuent pas sur le champ. Ils le jettent dans une citerne remplie de boue où «Jérémie s’enfonça dans la boue.» (Jr38, 7) Ils voulurent qu’il subisse une mort lente qui est cruelle mais dans leur cruauté le Seigneur montra son intervention. Dieu n’agit pas seul, il a besoin des hommes et des femmes de bonne volonté, qui n’agissent pas comme des impies, qui sont miséricordieux et qui implorent pour ceux qui souffrent. Heureusement que ces gens sont toujours présents même si souvent ils ne sont pas nombreux.

Jérémie doit son salut à Èbed-Mèlek, un fonctionnaire royal, un kouchite, donc d’origine étrangère, qui cria ce qu’il voit au roi «Mon seigneur le roi, ces hommes ont mal agi en tout ce qu’ils ont fait à Jérémie le prophète.» (Jr38, 9) Dieu utilise parfois des moyens particuliers et insignifiants, comme cet étranger, pour se manifester. Le roi ordonna de faire sortir Jérémie avant qu’il meure (Jr38, 10) Ironie du sort, celui qui ordonna sa mort curieusement le sauva. Jérémie est le prophète qui préfigura le drame de Jésus rejeté par ceux auxquels il voulait apporter le salut. À tous ceux qui souffrent pour des raisons diverses, qu’ils gardent courage et espérance. La lettre aux Hébreux rappelle aux fidèles «Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang dans la lutte contre le péché.» (He12, 4) Cela veut dire que dans la souffrance, le secours de Dieu ne tarit jamais. Tôt ou tard, la souffrance finira, la justice de Dieu vaincra pour essuyer les larmes qui coulent à flots.  

               On peut se demander le pourquoi de la souffrance des innocents. Dans l’Évangile, Jésus exprime son désir pour notre monde. «Je suis venu apporter un feu sur la terre» (Lc12, 49) Dans l’Ancien Testament, les victimes immolées par le feu passaient à Dieu. Le feu consume ce qui est mauvais et purifie. Le feu de Jésus est d’abord le signe de l’Esprit Saint qui purifie, qui embrase tout ce qui illumine toute l’humanité. Jésus apporte l’Esprit Saint aux hommes et aux femmes de tous les temps «Comme je voudrais qu’il soit déjà allumé!» (Lc12, 49) Le feu est une force qui change tout. Ce n’est pas pour rien que dans l’antiquité, le feu symbolisait la présence de Dieu car Dieu est capable de tout changer. Jésus porte sur lui ce qui peut transformer l’humanité pour en faire une créature nouvelle. C’est lui qui peut transformer notre monde plein de guerres, de violences, d’injustice en îlot de paix, de justice et d’amour. Jésus s’engage pour que ce changement soit possible. «Je dois être baptisé d’un baptême, et comme je suis oppressé jusqu’à ce que tout soit achevé!» (Lc12, 50) Il pense à sa passion, à son sang qui doit purifier le monde. Il annonce un monde d’amour qui demande abnégation et il est le premier à le payer cher en souffrant sur la croix. Avec Jésus, nos souffrances et nos peines se transforment en appel à la vie nouvelle car il ne peut y avoir de naissance sans pleurs.  
               Jésus n’impose pas son monde nouveau, il se construit en pleine liberté et ceux qui veulent y porter leur contribution doivent prendre position. «Dans une maison de cinq personnes on sera divisé, trois contre deux et deux contre trois.» (Lc12, 52) La fidélité à la parole de Dieu et à l’enseignement de Jésus  amènera des hommes et des femmes à devenir incompris. Certains d’entre eux sont rejetés par les leurs qui n’excluent pas quelques fois de les persécuter jusqu’aux souffrances et à la mort. Les autres sont disqualifiés et parfois traités avec grossièreté. Jésus a bien préparé ses disciples à bien affronter ces moments d’incompréhension avec sérénité.
               Ne cherchons pas à nous diviser au nom de Jésus ou de l’Église, au contraire aidons-nous mutuellement sous l’action de l’Esprit Saint à vivre notre baptême au service de ceux qui ont besoin d’un nouveau souffle pour découvrir la joie et l’amour. En Jésus Christ, fanatisme et idéologie n’ont pas de place. Et  soyons donc habités par un feu d’amour qui nous attire à Dieu et qui brûle l’égoïsme et toutes formes d’exclusion.