Pâques 2 C2022 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Pâques 2 C2022

Le deuxième dimanche de Pâques portait traditionnellement beaucoup de noms: Dimanche in albis, en référence aux néophytes qui déposaient leurs aubes blanches qu’ils portaient depuis la Vigile Pascale, dimanche de saint Thomas, parce qu’on lit dans l’Évangile le récit de saint Thomas, Pâques close, parce que l’octave de Pâques s’achève, le dimanche de «Quasi-modo», ce qui signifie de la même manière. Nous vivrons donc cette célébration de la même manière que le jour de Pâques. Saint Jean Paul II a fait de ce dimanche celui de la Divine Miséricorde. En Jésus ressuscité, la miséricorde de Dieu s’est manifestée à toute l’humanité ainsi nous pouvons vivre en parfaite harmonie avec un parfait idéal de vie comme la jeune Église racontée par Luc dans les Actes des Apôtres

            Nous attendons tous la divine miséricorde mais il y a ceux qui l’attendent parce qu’il n’y a pas pour eux une autre sortie possible: les pauvres qui n’ont pas de secours, ceux qui souffrent de maladies incurables, les condamnés à mort ou à perpétuité, les pays en guerre qui ne finit pas, etc. Cette miséricorde de Dieu devient manifeste en fonction de notre foi, sinon elle surabonde autour de nous sans le savoir. Quand Jésus Christ entre dans notre vie tout change. C’est ce qui s’est passé dans la communauté des disciples de Jésus au lendemain de Pâques. La miséricorde de Dieu sortait des apôtres car à leur passage «Des malades et des gens tourmentés par des esprits impurs, et tous étaient guéris.» (Ac5, 16) Donc la miséricorde de Dieu est présente dans les disciples de Jésus, c’est lui qui opère les signes de son amour à travers eux. La divine miséricorde consiste à sortir l’homme des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, du mensonge à la vérité, du mal au bien, du doute à la foi. Dans sa miséricorde, Dieu ne veut pas notre mort, Dieu ne veut pas nous voir partir loin de lui, Dieu ne veut pas notre condamnation mais notre salut. 

            C’est ce que Jésus veut nous montrer dans l’Évangile de ce Dimanche dit aussi de saint Thomas. Celui-ci est l’un des douze apôtres de Jésus. Il est connu comme quelqu’un qui doute ou qui demande des signes. Il a brillé par son absence quand Jésus ressuscité apparut pour la première fois à ses disciples. Au lieu d’accepter ce qu’on lui disait, il a posé des conditions pour croire à ce qu’on lui rapportait «Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à la place des clous et si je ne mets ma main dans son côté, non je ne croirai pas.» (Jn20, 25) Ne sommes-nous pas comme Thomas, lorsque nous demandons des signes et des vérifications pour croire? Combien d’hommes et de femmes sont tentés de suivre l’apôtre Thomas en pensant que les choses dont l’Église enseigne sont difficiles à croire parce qu’elles sont invérifiables? Nous voulons comprendre avant de croire.

            Jésus voit la difficulté de son apôtre. Il ne veut pas le laisser dans ce doute. Quelle serait la conséquence si Thomas restait dans l’incrédulité? Sachons que le premier Credo fut celui des apôtres qui, au lendemain de la Pâques, croyaient à l’unanimité à la résurrection de Jésus Christ. Ainsi ils confessent que «Jésus Christ a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers; le troisième jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant, d’où il viendra juger les vivants et les morts.» Thomas devait donc surmonter le doute pour que le témoignage des apôtres ne laisse aucun équivoque. En faisant sortir Thomas de l’incrédulité, Jésus nous a préservé aussi du doute quant à son enseignement. Ainsi la rencontre entre Jésus et Thomas symbolise  la nôtre avec lui afin de nous introduire dans sa grâce salvatrice. «Ne te montre plus incrédule, mais croyant» (Jn20, 27) dit Jésus à Thomas sinon à l’un d’entre nous. Comme il le demandait, Thomas est invité par Jésus à mettre son doigt dans ses plaies et sa main dans son côté transpercé. Sa réaction fut une plénitude de la confession de foi «Mon Seigneur et mon Dieu.» (Jn20, 28) Il confesse à la fois l’humanité de Jésus et sa divinité. Ainsi il contemple Jésus Homme-Dieu. Cela aurait été impossible sans ce don de la miséricorde de Jésus évoqué dans cette béatitude «Heureux ceux qui croient sans voir.» (Jn20, 29) St Augustin rajoutait ceci: il faut croire pour comprendre mais, à partir de là, il faut aussi comprendre pour croire.

            En invitant Thomas à toucher ses plaies et son côté ouvert par une lance, Jésus ne se contente pas de lui montrer la réalité de sa résurrection, il l’invite à entrer dans une contemplation plus profonde. La vraie miséricorde c’est prendre part à la misère des autres. C’est en partageant avec l’autre sa misère qu’une amitié se forme, qu’une nouvelle relation naît, qu’une profonde connaissance se réalise. C’est en pénétrant la passion et la mort de Jésus qu’on comprend sa miséricorde pour nous. Comme il nous dit que Dieu est amour, c’est en contemplant donc son sacrifice qu’on confesse qui il est réellement. Thomas l’a bien compris c’est pourquoi sa foi montre que Jésus est Seigneur et Dieu. C’est donc en accueillant Jésus Christ dans la communion de son corps et de son sang que nous pouvons nous émerveiller qu’il est notre Sauveur et notre Dieu. Ainsi nous le confessons sans l’avoir vu mais uniquement en croyant qu’il est notre lumière et notre vie.