6ème dimanche de Pâques 2022 C — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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6ème dimanche de Pâques 2022 C

Le temps de l’Église est celui de l’Esprit Saint. Enlever l’Esprit Saint de l’Église, cette dernière ne serait qu’une simple ONG humanitaire et les fidèles ne deviendraient autres que les membres comme ceux des associations. Il faut toujours implorer son assistance car sans son concours nous ne pouvons rien faire qui plaît à Dieu et qui préserve notre unité et notre fraternité, il est notre pédagogue et notre guide. Grâce à l’Esprit, l’Église devient épouse du Christ. Voilà pourquoi, elle est différente des autres organisations humaines.

            Dans les premières communautés chrétiennes, il y avait des judéo-chrétiens qui étaient au départ très nombreux et des chrétiens venus du paganisme. La cohabitation n’était pas facile à cause de cette diversité culturelle. Ils étaient donc différents quant à la langue, à l’alimentation, à la manière de vivre sans oublier certaines pratiques d’initiation comme la circoncision. Cette dernière les opposait énormément car les judéo-chrétiens voulaient exiger aux nouveaux venus de se judaïser pour devenir ensuite chrétiens. «Si vous n’avez pas été circoncis selon la coutume de Moise, vous ne pouvez pas être sauvés.» (Ac15, 1) Pour saint Paul, la circoncision, alliance entre Dieu et les hommes, doit se faire sur le cœur comme l’avait prédit le prophète Jérémie «Circoncisez-vous pour Yahvé, ôtez le prépuce de votre cœur.» (Jr4, 4)  

            Les fidèles venus du paganisme qui avaient sincèrement adhéré à la foi et qui vivaient dans la charité, n’avaient rien à voir avec la loi de Moïse. Ils n’étaient pas juifs, c’était à Jésus Christ qu’ils s’étaient convertis. Paul et Barnabé, missionnaires ou Apôtres des gentils, ne savaient pas comment trancher sur cette question qui risquait de détruire l’Église naissante. Faut-il demander aux païens de se circoncire ou les chasser de la foi chrétienne pour garder les judéo-chrétiens? Ils ne voulaient pas résoudre seuls cette grande difficulté et ils décidèrent de recourir à la communauté de Jérusalem qui jouissait d’une grande autorité. «Paul et Barnabé et quelques autres des leurs, montèrent à Jérusalem vers les Apôtres et les anciens pour traiter de cette question.» (Ac15, 2) Paul et Barnabé ne se donnent pas l’autorité de résoudre cette question sans consulter les autres et ils ne se cachent pas derrière un spiritualisme désincarné pensant que Dieu lui-même donnera la solution. En urgence, ils se réunissent pour écouter les avis de tous sans privilégier aucun groupe. «Les Apôtres et les anciens s’assemblèrent pour examiner cette affaire.» (Ac15, 6)

            L’affaire de la circoncision n’était pas facile. Il y a eu des discussions et deux tendances se manifestent, celle issue des judéo-chrétiens et celle des chrétiens du paganisme. Les Apôtres doivent donner la solution sans minimiser la loi de Moïse. Cette dernière était une étape très importante dans l’histoire du Peuple de Dieu. Avec Jésus elle n’est pas abolie; bien au contraire, avec lui, nous sommes entrés dans une nouvelle alliance. Sa présence dans notre vie et dans notre monde vient tout bouleverser. Il ne suffit plus de respecter une loi et des interdits. Ce qui nous est proposé c’est de plonger dans cet océan d’amour qui est en Dieu. Si nous faisons cela, plus rien ne peut être comme avant. Les Apôtres écoutèrent attentivement l’avis de Jacques «Je suis d’avis, moi, qu’il ne faut pas inquiéter ceux des nations qui se tournent vers Dieu.» (Ac15, 19)

            Cette rencontre, considérée comme le premier Concile de l’histoire de l’Église mit les choses au point montrant que l’Église n’est pas une institution close sur elle-même. Elle n’a pas à annexer les hommes en leur imposant des traditions et des structures rigides. Le message  des Apôtres aux chrétiens issus du paganisme est très clair «L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas vous imposer d’autres fardeaux que ceux-ci qui sont indispensables: vous abstenir de viandes immolées aux idoles, de sang, de chairs étouffées, et de fornication; de quoi vous gardant fidèlement, vous ferez bien.» (Ac15, 28-29) En peu de mots, les nouveaux convertis n’ont pas à se dépouiller de leur origine culturelle ni de leurs valeurs humaines. Le plus important est  la foi en Jésus Christ qui est notre seule lumière comme le dit l’Apocalypse de saint Jean.

            Pour Jésus, la seule exigence pour adhérer à lui et à son Père c’est l’amour «Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui et nous ferons chez lui notre demeure.» (Jn14, 23) Comme chez les Apôtres, L’Esprit Saint demeure chez celui qui accueille Jésus et son Père. Ainsi en lui il y a l’intimité de Jésus avec son Père et avec l’Esprit Saint. Quand nous allons communier, nous recevons Dieu qui daigne habiter en nous. Dans plusieurs de ses lettres, saint Paul nous rappelle que «Nous sommes le temple de Dieu.» Il est important de vivre en harmonie avec Jésus, une harmonie pleine de confiance et d’amour. Aimer, c’est avant tout écouter et accueillir la Parole du Christ. La Parole d’un tel Maître ne ressemble en rien à celle des hommes. À travers lui, c’est le Père qui vient à nous et se révèle.

            L’Esprit Saint est notre conseiller pour sortir des difficultés qui ne manquent pas dans notre vie et dans notre Église. Il est aussi notre maître «L’Esprit Saint (…) lui vous enseignera tout et vous rappellera tout ce que moi je vous ai dit.» (Jn14, 26) Habités par le Père et le Fils et l’Esprit Saint, un fidèle du Christ ne se trouble pas et ne s’intimide de rien car la paix demeure en lui. C’est cela que Christ promet aux siens. Ainsi des guerres, des violences, des scandales et des divisions deviennent des épreuves qu’ il faut surmonter en regardant la croix qui n’a pas été la fin mais un passage pour atteindre la nouvelle Jérusalem.