Dimanche 25 C 2022 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 25 C 2022

La mission chrétienne consiste à se mettre du côté des petits, des faibles, des exclus, de ceux qui sont en difficultés matérielles, sociales, psychologiques et spirituelles. C’est cela la vraie solidarité humaine, la vraie communion fraternelle. Mais notre mission ne s’arrête pas à ce niveau, elle se prolonge dans la recherche du règne de Dieu afin de devenir les citoyens du ciel.

L’exploitation des autres surtout des pauvres, les utiliser pour des intérêts personnels, profiter d’eux est un péché grave d’égoïsme, c’est aussi un péché contre l’amour et la justice voire même une forme d’athéisme car c’est nier la présence de Dieu qui nous a créés à son image. Le prophète Amos annonce la sentence de ceux  qui écrasent les pauvres en les empêchant de relever la tête. «Le Seigneur le jure (…) Non, jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits.» (Am8, 7) Dieu ne tolère pas que les uns vivent dans l’abondance et les autres dans la misère car tout ce qu’il a fait est pour tout le monde. Nous sommes tous ses enfants, parmi nous il ne doit pas y avoir des privilégiés et des exclus mais une égalité fraternelle. Nous devons tous travailler pour maintenir et protéger ce que Dieu nous a donnés pour l’usage commune.

En face de la pauvreté, il faut distinguer l’esprit de pauvreté et la pauvreté. Le premier est une vertu l’autre est une aliénation. L’esprit de pauvreté est un choix libre, est une attitude intérieure, un état d’âme de celui qui reconnaît qu’il n’est rien devant Dieu. Qu’il est appelé à user de sa vie et des biens de ce monde pour purifier et accroître cet esprit de pauvreté. L’âme de pauvreté gère ce qu’elle possède selon la Loi de Dieu et l’Évangile. Il se détache des biens matériels de plus en plus pour chercher Dieu qui est immatériel. Cette pauvreté implique donc un renoncement à soi-même et aux biens de ce monde afin d’être ouvert aux biens du Ciel. Joseph et Marie, Jean Baptiste et Jésus lui-même étaient des pauvres de Yahvé.

À coté des pauvres de Dieu, il y a ceux qui tombent dans la pauvreté sans le vouloir et souvent ils sont victimes de ceux qui les oppriment et les exploitent. Ils sont empêchés à vivre l’esprit de pauvreté. Car, en les exploitant et en les plaçant dans la misère, on les braque totalement sur la seule recherche du nécessaire quotidien. Le Seigneur prend leur défense et il condamne leurs oppresseurs qui se contentent des actions ignobles «Nous achèterons les faibles avec de l’argent et l’indigent pour une paire de sandales.» (Am8, 6) La richesse du monde doit être bien gérée pour l’intérêt de tous sinon elle devient Mamon ou une divinité à laquelle ceux qui se perdent vouent leur vie. Cela n’est pas digne pour un croyant en Dieu et un disciple de Jésus. «Vous ne pouvez vous asservir à Dieu et à Mamon.» (Lc16, 13)

Dans l’Évangile, Jésus dénonce le gaspillage et la malhonnêteté des biens de la création. Ce gérant dont parle saint Luc a été renvoyé non parce qu’il volait mais à cause de la dissipation des biens de son maître. Il n’était pas propriétaire. Ce dernier peut gérer ses biens comme il veut mais les bien confiés, on ne les gère pas comme on veut mais selon la volonté du propriétaire. Voyons ce qui nous a été donné et comment nous assurons sa gestion. «Rends-moi les comptes de ta gestion, car tu ne peux plus gérer.» (Lc16, 2) Un jour nous rendrons compte de ce qui nous a été confié. L’intendant infidèle a utilisé ses talents pour se tirer d’affaire et assurer son avenir. Sa condamnation est double: il a dilapidé la richesse de son maître et il s’est fait des amis avec les richesses injustes. «Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois relevé de cette gestion,il y en ait qui m’accueillent chez eux.» (Lc16, 4)

Cet intendant malhonnête, infidèle et mauvais, en apprenant qu’il va être chassé de son service, a utilisé en peu de temps ces qualités humaines et son intelligence à préparer son avenir. En soi cela n’est pas mal mais la fin et les moyens doivent correspondre. Fin bonne, moyens bons. Ainsi l’adage que la fin justifie les moyens n’est pas toujours correct. «Le Seigneur loua le gérant malhonnête d’avoir agit de façon prudente. Car les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière.» (Lc16, 8) Le mot habileté signifie ici savoir-faire, honnête ou non. Il est évident que Jésus loue ici l’habileté, et non la tromperie! Jésus loue sa stratégie et non les moyens qu’il utilise qui sont mauvais. Tout ce que nous faisons doit intégrer tout le monde, et non seulement viser nos propres intérêts. C’est cela vivre comme Jésus en prenant tous les moyens au service d’une seule fin: entrer en communion avec les autres.

Le message de Jésus est très clair, la fidélité dans la gestion. «Qui est fidèle en très peu est fidèle aussi en beaucoup, et qui est malhonnête en très peu est malhonnête aussi en beaucoup.» (Lc16, 10) L’infidélité dans la richesse de ce monde est à la base des inégalités et des guerres. Ce que Dieu a créé, au lieu de devenir un tremplin pour vivre la fraternité et atteindre son amour, il nous éloigne de son royaume. Au lieu de permettre l’amitié entre les peuples, il provoque leur déchirement. Il ne faut pas oublier qu’au sein des familles, les biens sont source des conflits incessants. Devant les biens de ce monde, une chose doit nous guider: Dieu est le seul propriétaire ceux qui détiennent une partie d’eux, doivent se comporter comme les mains de Dieu. Ils doivent les protéger, les faire fructifier et assurer le partage en commençant par les plus faibles. Ainsi ils se comportent comme les pères de famille qui veillent sur ceux de la maison.  Que Dieu nous aide à vivre son amour.