Homélie de la messe de l'épiphanie — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Homélie de la messe de l'épiphanie

Nous célébrons la fête de l’Épiphanie, la fête de la manifestation du Seigneur, aussi appelée fête des Rois mages, c’est l’une des fêtes importantes du temps de Noël où Jésus se manifeste non seulement comme roi d’Israël mais aussi roi de tout l’univers. Dans la tradition occidentale c’est la fête des enfants qui reçoivent les cadeaux du père Noël. En Jésus, c’est Dieu qui devient notre père Noël et nous distribue ce que nous lui demandons.

            Mais le sens de la fête de l’Épiphanie est très profond. Elle nous révèle que Jésus doit être adoré par tout le monde, les petits et les grands, les rois et les sujets. Il se manifeste à tous pour se faire connaître. C’est lui la lumière annoncée par le prophète Isaïe «Car voici ta lumière, et sur toi se lève la gloire de Dieu.» (Is60, 1) L’Épiphanie a été depuis longtemps célébrée comme fête de la lumière. C’est une lumière d’aurore, celle qui éclaire «la ville située sur une montagne», alors que la plaine et les ravins sont encore dans la nuit. Nous devons faire attention à ne pas oublier l’essence de cette fête qui est celle de la manifestation de Dieu. La lumière n’a pas besoin d’être révélée, elle se révèle elle-même; sauf un aveugle ne la voit pas mais il peut sentir sa clarté et sa chaleur, celui qui le veut, peut donc rencontrer le Seigneur. Il peut y avoir un temps où règne l’obscurité mais Dieu a promis fin des fins la lumière. Qu’on ne désespère pas, après la nuit vient le jour mais qu’on se tourne vers le Seigneur, c’est lui qui redonne vie à Israël son peuple. «Les richesses de la mer afflueront vers toi, et les trésors des nations viendront chez toi.» (Is60, 5)

            En Jésus Christ, cette prophétie d’Isaïe s’est réalisée. «Jésus étant né (…) voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem.» (Mt2, 1) Ils apportèrent à Jésus l’or, l’encens et la myrrhe qui symbolisaient sa richesse des nations. Ils étaient guidés par une étoile. C’était étoile lumineuse c’était Dieu lui-même, c’est lui qui nous attire vers son Fils pour le reconnaître et lui rendre grâce «Nous sommes venus lui rendre hommage» disent les mages. Il faut se mettre en route pour rencontrer le roi Messie. Si les mages étaient restés chez eux, ils n’auraient pas trouvé Jésus. Il ne faut pas avoir peur des dangers du chemin  de la foi, les difficultés ne manquent jamais mais l’important c’est la destination. Malgré la ruse de Hérode, un roi pécheur et méchant, il leur a montré le chemin «Il les envoya à Bethléem.» (Mt2, 8) C’est là une leçon que nous pouvons apprendre: le chemin de la foi est difficile car nous pouvons trouver des tromperies, des retards, des pièges des ennemis de Dieu. Dans ce cas, il ne faut pas abandonner mais continuer à chercher jusqu’à trouver de nouveau la route «Et voici que l’astre, qu’ils avaient vu à son lever, les précédait jusqu’à ce qu’il vint s’arrêter au-dessus de l’endroit où était l’enfant.» (Mt2, 9) Dans la recherche de Dieu, il faut courage et persévérance pour arriver au pays où coule lait et miel. La foi nous fait marcher avec Dieu, qui ne cesse de guider notre pèlerinage comme il a guidé son peuple au désert par la colonne lumineuse.

            Les mages guidés par la lumière pour arriver jusqu’à Jésus représentent tous les peuples qui ont abandonné leurs pratiques pour trouver la foi en Dieu. Les mages marchent à la découverte du nouveau roi avec leurs richesses symbolisant leur vie. Ils lui offrent l’or de la royauté, l’encens de la divinité et la myrrhe de la rédemption. Et cela laisse présager que l’enfant de la crèche est Roi, Dieu et Rédempteur. Après les pasteurs juifs qui ont vu Jésus, les mages furent les premiers étrangers qui ont reconnu Jésus. Si le jour de Noël fut la manifestation de Dieu aux juifs, l’ Épiphanie est donc la manifestation de Dieu aux non juifs. C’est donc une grande fête pour la majorité des chrétiens qui ne sont pas juifs. 

            Après ce pèlerinage «Les mages  prirent une autre route pour rentrer dans leur pays.» (Mt2, 12) Ils ne retournent pas chez Hérode, ils ne reprennent pas le chemin des différentes difficultés mais une nouvelle route les conduit chez eux. Ici il y a un message très important: toute rencontre du Christ débouche sur une conversion de notre conduite. Quand on a trouvé le Christ, certains cheminements du passé deviennent impossibles. Revenir par les mêmes chemins, ce serait retrouver le roi hostile au règne du Christ, l’Hérode qui sommeille toujours quelque part en nous, avec ses mensonges, ses raideurs, ses jalousies, ses compromissions, avec ses ambitions inavouées et ses convoitises trop humaines. Découvrir le Christ, c’est être intérieurement renouvelé, c’est reprendre une nouvelle direction.

            La vie chrétienne est une route à suivre, une lutte à mener et une grâce que nous recevons comme le dit saint Paul dans sa lettre aux Éphésiens. Hérode comme juif et roi était bien placé pour savoir la venue du Messie mais tout lui a échappé car il était préoccupé par son pouvoir. Il ignorait tous les signes que Dieu envoyait à son peuple. Ne soyons pas endormis par ce qui nous entoure ou ce que nous avons, suivons le signe de l’amour pour découvrir Dieu présent dans tous les événements de la vie. Soyons aussi des étoiles qui brillent dans notre communauté pour que ceux qui ne connaissent pas Jésus trouvent le portail de Bethléem où il est né. Que cette fête de l’Épiphanie nous donne plus de clarté pour guider ceux qui sont à la découverte de Dieu !

 

3 décembre 2021