Dimanche 29 B 2021 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 29 B 2021

Que demandons-nous à Jésus? Après avoir entendu qu’il a souffert pour notre salut et qu’il est dans sa gloire, notre demande ne doit pas être que celle de l’imiter et de lui être reconnaissants. Et lui nous demande une chose: «Pouvez-vous boire la coupe que moi je bois, ou être baptisés du baptême dont je suis baptisé?» (Mc10, 38) À bon entendeur salut!

            En plus de l’Évangile, la première et la deuxième lecture se réfèrent directement à Jésus. Dans la prophétie d’Isaïe, le salut de l’homme ne peut pas venir de lui-même car nul ne peut se racheter ou se pardonner; il ne peut pas venir non plus d’un guerrier doté d’une puissance militaire mais de quelqu’un qui fait de sa vie «Un sacrifice de réparation.» (Is53, 10) C’est Jésus qui s’est sacrifié pour justifier les pécheurs. Au dire d’Isaïe «C’est lui qui prendra la charge de leurs fautes.» (Is53, 11) C’est lui le grand prêtre qui intercède pour tous les hommes devant Dieu comme l’annonce l’épître aux Hébreux. «En Jésus, le Fils de Dieu, nous avons un grand prêtre par excellence.» (He4, 14) Jésus Christ est donc notre unique sauveur.

            Confesser que Jésus est notre unique Sauveur ne correspond pas à sous-estimer les autres religions de l’humanité ni à affirmer l’impérialisme culturel occidental comme le prétendent certains penseurs. «Il n’y a qu’un seul Dieu; il n’y a aussi qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ qui s’est donné en rançon pour tous.» (1Tm 2,4-6) Cette place centrale de Jésus dans le salut des hommes n’implique toutefois aucun mépris des autres traditions religieuses. Selon Joseph Card. Ratzinger qui est devenu le pape Benoît XVI, «Dieu veut appeler à lui tous les peuples en Jésus-Christ et leur communiquer la plénitude de sa révélation et de son amour, Dieu ne manque pas de se rendre présent de manière multiforme non seulement aux individus mais encore aux peuples, par leurs richesses spirituelles dont les religions sont une expression principale et essentielle, bien qu’elles comportent des lacunes, des insuffisances et des erreurs.» (Voir la déclaration «DOMINUS IESUS» de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 6 août 2000 sur l’Unicité et l’Universalité salvifique de Jésus Christ et de l’Église). C’est donc en Jésus Christ que nous devons la vie de Dieu, celle qui n’aura pas de fin. 

            Dans l’Évangile une demande est adressée à Jésus par les fils de Zébédée, Jacques et Jean «Accorde-nous de siéger,  l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire.» (Mc10, 37) En demandant ce privilège à Jésus, ces deux jeunes frères n’avaient aucun complexe, ils étaient de sa parenté car leur mère Salomé était la sœur de Marie, la mère de Jésus. Les liens de parenté sont à comprendre dans un contexte culturel, une sœur ou un frère peut être aussi la fille ou le fils de la tante maternelle ou de l’oncle paternel. Dans la culture hébraïque comme dans la plus part des cultures asiatiques et africaines, Jacques et Jean étaient donc des frères de Jésus ou des cousins dans la culture occidentale. Ils étaient dans l’obligation culturelle et familiale de demander à Jésus leur implication directe pour que leur clan familial agisse dans la réussite de sa mission. C’était dans le souci de la solidarité qu’ils ont demandé à Jésus leur participation directe. Ils imaginaient que son échec serait aussi celui de toute la famille. Ils ne cherchaient pas directement une promotion mais aussi lui montrer qu’ils étaient à ses côtés, que ses peines et ses joies sont les leurs. Jésus leur répondit «Vous ne savez pas ce que vous réclamez.» (Mc10, 38)

            Dans sa mission Jésus ne s’appuyait pas sur sa famille et une autre assistance humaine mais sur sa confiance en Dieu. Sa réussite ne venait pas de son groupe ni d’aucune stratégie humaine. Dans l’évangélisation, une stratégie qui n’est pas accompagnée par la foi ne peut pas aboutir aux bons résultats; nos actions doivent être précédées par la prière car tout vient de Dieu et l’homme n’est que son instrument. Les fils de Zébédée comme les autres apôtres ainsi que beaucoup de disciples subiront le même sort que Jésus. Ce dernier le dit clairement «La coupe que je vais boire, vous y boirez, et le baptême dans lequel je vais être plongé, vous le recevrez.» (Mc10, 39) Les deux frères entoureront autrement leur maître; Jacques deviendra le premier martyr à Jérusalem (Ac12, 2) et son frère Jean sera condamné aux travaux forcés dans l’île de Patmos (Ap1, 9). Dans son humilité légendaire, Jésus révèle que l’entourer ce n’est pas lui qui le donne «Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder.» (Mc10, 40) Jacques et Jean ont reçu la gloire, non pas celle de leur ambition mais celle de Jésus que Dieu leur a donnée. Laissons de côté nos propres ambitions et laissons -nous conduire par Dieu et il nous donnera ce que aucun autre ne peut donner, la vie éternelle.

            Les autres apôtres ne sont pas restés indifférents «Les dix autres s’indignaient contre Jean et Jacques.» (Mc10, 41) Ils voient de l’ambition dans la demande de ces deux frères et Jésus leur interdit le modèle mondain de concevoir le pouvoir. «Celui qui veut être le premier sera esclave de tous.» (Mc10, 44) Pour Jésus, le service aux autres est le chemin de sa gloire. Toute sa vie a été un service au Père et aux hommes. La veille de sa mort on l’a vu agenouillé devant Pierre, Judas et les autres apôtres, leur lavant les pieds. Là où on s’agenouille pour servir, là Jésus est présent; là aussi est la vraie religion, celle de l’amour. Merci à tous ceux qui sont au service des autres dans notre communauté pour annoncer que Jésus nous a sauvés. Que Marie, esclave du Seigneur, qui a servi Jésus nuit et jour, soit pour nous un modèle dans l’amour.