Dimanche 16 B 2021

Celui qui est armé moralement et spirituellement peut voir ce qui ne va pas bien dans la société afin de prévenir les autres. Il peut comme le prophète Jérémie, montrer la responsabilité des élites sociaux dans les catastrophes qui s’abattent sur le peuple. «C’est vous qui avez dispersé mes brebis, vous les avez chassées, et vous n’en avez eu nul souci.» (Jr23, 2) Ce qui se passe dans la vie individuelle et sociale ne vient pas du hasard. Derrière les catastrophes actuelles, il y a une certaine irresponsabilité de ceux qui détiennent les rênes du pouvoir des peuples. Souvent nous pensons à nos intérêts personnels et à nos propres honneurs et nous oublions ceux des autres. La richesse des uns ou des nations sont au détriment des plus pauvres et Dieu est contre cette logique qui devient de plus en plus un principe de vie.

Au temps du prophète Jérémie, le peuple de Dieu était oublié, laissé à lui seul et entraîné dans l’idolâtrie par ceux qui devaient les aider. Le Seigneur n’a pas voulu que la situation s’empire et il décida de prendre en main la situation «Et moi je rassemblerai le reste de mes brebis (…) elles fructifieront et se multiplieront.» (Jr23, 3) Le Seigneur promettait de redresser la situation grâce aux nouveaux pasteurs qui s’occuperont de son peuple. «Je susciterai à leur tête des pasteurs qui les feront paître; elles ne craindront plus et ne seront plus effrayées, il n’en manquera plus.» (Jr23, 3) Tous ces oracles de Jérémie montrent combien le Seigneur nous aime, il pense toujours à ce qui peut nous faire grandir. La prophétie de Jérémie annonçait l’arrivée du Messie qui changerait tout. Ce nouveau Messie sera unique et spécial «Il régnera en roi et agira avec prudence, il pratiquera droit et justice dans le pays.» (Jr23, 5) Il apportera ce qui manque chez le peuple de Dieu: une nouvelle vie pleine de pouvoir, de sagesse, de justice et d’amour qui viennent de Dieu.

Actuellement  beaucoup de personnes abandonnent la foi ou la perdent. Il y a de nouvelles idolâtries qui attirent beaucoup de nos contemporains, surtout les jeunes. La justice, la solidarité, la communion et la fraternité font défaut dans plusieurs sociétés. Tout cela a ses causes mais on ne peut pas ignorer celle de l’infidélité de nos promesses baptismales de former un peuple de Dieu. Les divisions sont au sein de nos familles, de nos communautés ou associations et ce que le Seigneur cherche, c’est la paix et le bonheur de son peuple, c’est le droit et la justice pour tous. Il veut que nous vivions ensemble comme des frères, solidaires les uns des autres. L’ère nouvelle nous invite à revenir au Seigneur qui fait de nous un seul peuple. C’est dans l’accueil du Christ que nous pouvons vivre dans l’unité parfaite car comme le souligne saint Paul dans sa lettre aux Éphésiens, c’est lui «Qui de deux mondes en a fait un seul et a détruit le mur qui les séparait.» (Eph2, 14) Il nous a montré un amour qui domine la haine. Il nous appelle à devenir une seule famille, celle des enfants de Dieu, choisis pour vivre dans l’unité. Ainsi il nous sauve de la mort. 

Durant son existence terrestre, Jésus a voulu s’occuper des plus démunis, montrant ainsi l’amour de Dieu. Saint Marc souligne qu’un jour, il a eu pitié de la foule tiraillée par la faim et épuisée par la fatigue. Cette foule était «Comme des brebis qui n’ont pas de berger.» (Mc6, 34) Cette page de l’Évangile décrit le monde actuel. Jésus voit les foules qui sont devant lui, celles de notre temps. Il constate qu’elles sont sans guide. Beaucoup de nos contemporains ne savent pas où ils vont réellement, ils ne savent pas qui, ils sont, ni pourquoi ils sont venus sur cette terre. Ils sont nombreux ceux et celles qui vivent dans le désespoir. Nous pensons à ceux qui sombrent dans la drogue ou qui mettent fin à leurs jours. Jésus berger a pitié, il ne supporte pas de nous voir partir dans tous les sens sans trouver un chemin. Il veut nous aider à retrouver un sens à notre vie et un équilibre vital. Il veut faire en sorte que nous ne nous sentions plus perdus. Lui seul peut nous aider à sortir de nos angoisses et nous donner une espérance. Il nous invite au repos «Venez (…) à l’écart, dans un lieu désert, et reposez-vous un peu.» (Mc6, 32) Il veut que son repos, son attention et sa présence soient portés au monde entier. Il veut que chacun de nous soit un berger pour les autres, berger au nom de Jésus. Il attend que nous allions vers les autres avec la même qualité d’amour et le même regard que lui.

Rappelons-nous l’Évangile de dimanche dernier. Jésus a envoyé les Douze pour proclamer la conversion, chasser les démons et guérir les malades. Au retour de cette mission, Jésus les invite à se reposer. Mais Jésus et les apôtres sont suivis par une foule assoiffée et affamée d’une parole de vie. Soyons heureux de suivre Jésus et ses envoyés pour trouver le repos. Soyons heureux de venir à la table que le Seigneur prépare pour nous. C’est à la table de l’Eucharistie, de la solidarité et du partage que nous nous laissons recréer par le Seigneur lui-même. C’est là, dans le repos de Dieu, que notre vie trouve son sens, que notre vie prend toute sa plénitude. C’est là que notre vie devient la gloire de Dieu.