Dimanche Carême 2B 2021 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche Carême 2B 2021

Ce deuxième dimanche du Carême, nous méditons sur la foi d’Abraham et la transfiguration de Jésus pour confirmer notre foi. Nous avons besoin de la foi pour comprendre le sens de notre vie. La foi est une clé pour entrer dans le mystère de l’amour de Jésus.

            La première lecture nous parle d’Abraham et de sa foi en Dieu. Il s’est montré en la circonstance le modèle accompli du juste qui, faisant une confiance totale à Dieu, lui obéit quoi qu’il demande. Isaac était son fils unique, celui que le Seigneur avait promis et qu’il avait eu dans sa vieillesse. Il était heureux car il était en possession de ce que Dieu lui avait promis. Soudainement, voici que Dieu lui demanda de sacrifier ce qui faisait son honneur, Isaac en qui se réalisera la grande descendance promise par Dieu. «Prends ton fils, ton unique, que tu chéris, Isaac, et va-t’en- au pays de Moriyya, et là tu l’offriras en holocauste sur une montagne que je t’indiquerai.» (Gn22, 2) Ici des questions peuvent surgir: comment Dieu, que nous confessons comme un Dieu d’amour, peut-il mettre ainsi à l’épreuve? La vie n’est pas un jeu, et le Seigneur semble jouer avec l’obéissance d’Abraham. Il lui demande tout d’abord d’aller sacrifier son fils, puis il retient la main d’Abraham avant qu’il n’accomplisse le geste fatidique. S’agit-il dans cette histoire d’une cruelle épreuve imposée à un père pour voir jusqu’où il irait? Une telle exigence n’a-t-elle pas un relent de sadisme chez celui qui la formule, même avec l’intention d’intervenir avant que le geste fatal ne soit accompli? Comment ne pas avoir de la rancœur à l’égard de celui qui nous a fait aller si loin? Comment ne pas avoir pour soi-même un certain mépris après avoir accepté une telle demande?

            Attention, ne prenons pas Dieu comme notre égal, il est l’Absolu. Abraham qui avait une grande connaissance de lui ne doutait pas un instant de la fidélité de Dieu. Mais Abraham ne le faisait pas sans souffrance, il n’était pas un être insensible, il ne savait pas d’avance ce qui allait se passer. C’était sûr qu’il menait un combat intérieur, il souffrait beaucoup en lui et cette souffrance est celle de l’amour. Il aimait son fils mais il devait respecter la volonté de Dieu. Ce récit doit nous rappeler la souffrance du Vendredi Saint lorsque Jésus disait «Abba! Tout t’est possible: éloigne de moi cette coupe; pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux.» (Mc14, 36) La tradition chrétienne a toujours fait un parallèle entre le sacrifice d’Isaac et la Pâque du Christ. Isaac serait la figure prophétique du Christ, sauf que lui, le Christ, est allé jusqu’au bout de ce sacrifice. «Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils.» (Gn22, 10) Il accepte avec une foi totale le paradoxe d’un Dieu qui promet la descendance et qui exige en même temps de sacrifier son fils unique. Serions-nous prêts à sacrifier notre vie si Dieu nous le demande? Si nous ne pouvons pas sacrifier notre opinion, notre temps comment sera-t-il possible de sacrifier notre vie pour témoigner que Dieu nous aime? Abraham réussit une grande épreuve «Je sais maintenant que tu crains Dieu: tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique.» (Gn22, 12) Il est vraiment le père des croyants. Il avait compris que Dieu est le maître de tout. 

            L’Évangile de la transfiguration de ce deuxième dimanche du Carême révèle l’identité de Jésus aux certains disciples pour qu’ils croient fermement en lui. «Il fut transfiguré devant eux et ses vêtements devinrent resplendissants.» (Mc9, 2-3) Dans la transfiguration, ce n’est pas une lumière qui entoure Jésus; il devient lui-même la lumière. Il se montre comme la gloire de Dieu. Il est cette gloire qui éclaire tout. Il s’est manifesté tel qu’il est aujourd’hui dans l’éternité. La transfiguration est donc sa manifestation «Celui-ci est mon Fils bien-aimé; écoutez-le.» (Mc9, 7) Écouter Jésus signifie faire sa volonté, contempler sa personne, c’est l’imiter, mettre en pratique son enseignement, prendre sa croix et le suivre. Ainsi, la transfiguration est une révélation. Jésus révèle qu’après sa passion et sa mort une vie sans souffrance ni tribulation l’attend. La transfiguration confirme ce qu’il avait dit qu’il ressuscitera des morts. Pierre a été surpris par la gloire de Jésus. C’est une heureuse surprise pour ceux qui croient en Jésus et à son Évangile. Je vous souhaite des surprises qui consolent et qui font oublier toutes les épreuves de la vie. Mais cette surprise est le résultat de la foi en Dieu et en son fils Jésus Christ que nous devons écouter chaque jour.

            Comme on dit dans ma langue «akaryoshye ntigahora mu itama.» Le bonheur ne dure pas longtemps. On aime être toujours dans la joie mais voilà que la tristesse s’y glisse. La transfiguration n’a pas duré longtemps. Elle a été un petit moment de grâce pour soutenir la foi de Pierre, de Jean et de Jacques, comme l’apparition du bélier dans le sacrifice d’Isaac a renforcé la foi d’Abraham. Mais sachons que Dieu nous réserve en plus ce que nos yeux n’ont pas vu et que nos oreilles n’ont pas entendu. Pour les conquérir nous devons être parmi ses intimes et prêts à nous engager comme Pierre, Jean et Jacques. Nous savons que Pierre s’est engagé corps et âme à défendre la foi, Jean, le disciple le plus aimé a témoigné cet amour jusqu’à la fin de sa vie. Quant à Jacques, il a été le premier à sacrifier sa vie pour Jésus et son Évangile. Tel a été le sort de ceux qui ont vu sa gloire.

            Que la transfiguration du Christ soutienne l’espérance de ceux qui souffrent à cause des maladies, de la persécution, des guerres et de la haine, de la pauvreté, de l’injustice, de l’incompréhension et de l’intolérance !