Nuit de Noël 2020 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Nuit de Noël 2020

Dans plusieurs villes et villages, petits et grands, les fidèles chrétiens sont réunis autour de la crèche, autour de l’enfant Jésus dont nous célébrons la naissance en cette sainte nuit de Noël. Ce Jésus naissant est notre grand Dieu et Sauveur, celui que les prophètes avaient proclamé comme «Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père à jamais, Prince de la paix!» Dieu connaît les siens, qui pouvaient espérer cette bonne nouvelle inattendue de quelqu’un qui vient libérer toute l’humanité!

            Jésus est l’enfant de la promesse et de l’amour de Dieu aux hommes. Il est lumière dans notre monde des ténèbres comme le prophète Isaïe l’avait annoncé dans les siècles passés. Jésus est la lumière des hommes au milieu des ténèbres de l’inimitié, de la haine, de la guerre, des divisions et des séparations, des conflits. Dans notre pensée, nous pouvons facilement prendre part dans un coin de la grotte de Bethléem et contempler le grand mystère qui a eu lieu il y a plus de deux mille ans. Essayons d’imaginer le lieu de la naissance de Jésus et de nous rendre compte de ceux qui accueillent sa venue. Jésus se manifeste aux pasteurs, aux gens simples, humbles, et marginalisés. Un Dieu qui s’abaisse au lieu de montrer toute sa puissance, rien de plus humble que cela et ça nous étonne énormément.

            Comment accueillir le Tout-Puissant qui a créé le ciel et la terre en ce petit enfant gémissant dans la mangeoire, abandonné dans les bras de sa mère. Il y a là comme une divine surprise. En acceptant de passer par les âges de l’enfance, Dieu se met à la merci des hommes, inoffensif, désarmé, sans défense. Dieu est devenu un bébé qui a besoin de l’homme pour survivre. Dans l’enfant Jésus, la toute-puissance de Dieu se révèle sans agressivité, ni de résistance, totalement vulnérable. Il ne peut lancer que quelques cris pour exprimer ses désirs et ses besoins que seuls les hommes pourront soulager. Dieu vulnérable aussi dans son besoin d’amour, en quête d’un sourire rassurant de sa mère, d’une caresse apaisante de son père, de soins pour le garder bien au chaud. Au regard de l’œuvre du salut à réaliser, il y a une prise de risque qui manifeste, en contre-point, la confiance du Seigneur.

            La naissance de Jésus a aussi un message particulier de Dieu, celui de l’amour. Saint Jean nous dit que «Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique.» (Jn3, 16) Comme les parents aiment leurs enfants, notre Père qui est aux Cieux, nous aime tous encore plus car «La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes.» (Tt2, 11) Noël sans amour n’est pas Noël. La vie de Jésus nous manifeste deux manières d’aimer qui ne sont pas exclusives l’une de l’autre, mais se complètent et s’enrichissent. On peut aimer et aimer jusqu’au bout, de façon visible et magnifique dans le geste du témoignage suprême de la croix, cet exemple qui a conduit bien des martyrs à la suite de Jésus lui-même. Et il y a une autre manière, celle qui consiste à donner sa vie à la manière d’un petit enfant livré aux mains de ses parents. Cette manière d’aimer est plus secrète mais non moins bouleversante surtout lorsqu’il s’agit de Dieu. La vie de Dieu nous est ici non seulement donnée mais comme abandonnée. Il faut un amour fou et une confiance inébranlable pour oser se livrer ainsi entre les mains des hommes. Le nouveau Catéchisme de l’Église Catholique nous dit quel est cet amour: la Parole s’est faite homme pour nous rendre participants de sa nature divine. Il paraphrase les paroles de saint Thomas: «Le Fils unique de Dieu, désireux de nous faire participer à sa divinité, a pris notre nature humaine de telle sorte que, devenu homme, il a fait des hommes des dieux.»

            Il y a pour nous dans ce mystère une source d’étonnement et d’émerveillement qui nourrit notre prière et notre contemplation et qui nous appelle aussi à une conversion. Car l’amour appelle l’amour, l’amour ne se paye que par l’amour, mais ainsi Dieu nous enseigne par ce mystère une manière d’aimer, il nous appelle à aimer à la manière dont lui-même nous aime. Quand Jésus nous dit de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés, ce n’est pas seulement en référence avec le mystère pascal, mais aussi dans son mystère d’incarnation. Si Dieu s’est fait enfant devant nous, n’est-ce pas pour inaugurer lui-même la voie d’enfance spirituelle, pour nous inviter à devenir nous-mêmes enfants puisque le royaume est à ceux qui leur ressemblent. Et notre petite Thérèse de l’Enfant-Jésus s’en fait l’écho: «Ô Jésus! Que ne puis-je dire à toutes les petites âmes combien ta condescendance est ineffable… Je sens que si par impossible, Tu trouvais une âme plus faible, plus petite que la mienne, Tu te plairais à la combler de faveurs plus grandes encore, si elle s’abandonnait avec une entière confiance à ta miséricorde infinie.»

            Comme Noël nous rappelle enfin l’enfance, accueillons Jésus dans nos familles, dans nos cœurs et dans nos communautés comme on accueille avec joie un nouveau-né. Les anges veulent chanter avec nous «Gloire à Dieu au plus haut, et paix sur la terre, bonne volonté envers les hommes» (Lc2, 14). Il semble que les anges disent à chacun de nous: «Va-t’en en paix.» Apportons tous la paix de Noël à nos frères et sœurs, à nos parents et amis, en nous rappelant ces paroles de Jésus: «Heureux les artisans de paix, car ils verront Dieu.» (Mt5, 9).