Dimanche 31 B 2021 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Dimanche 31 B 2021

L’amour à Dieu est une condition sine qua none pour vivre heureux chez un croyant. Il y a une raison d’aimer Dieu plus que tout. C’est lui qui nous a faits et qui nous donne l’amour ainsi que ce qui en découle. Il nous demande ce qui lui appartient, l’aimer c’est donc un commandement, manquer à cela est une trahison qu’il faut confesser tant qu’il n’est pas trop tard.

            Le peuple de Dieu avait oublié la loi donnée au Sinaï à la sortie de l’esclavage d’Égypte. La lecture du Deutéronome de ce dimanche est une invitation au peuple de Dieu, à se souvenir de ce qui est la raison de son existence «Écoute, Israël, Yahvé, notre Dieu, est le seul Yahvé. Tu aimeras Yahvé, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir.» Dt6, 5) Ces paroles sont devenues une prière que chaque juif digne de ce nom doit réciter le matin et le soir. Elles se sont converties aussi en prière des martyrs juifs à travers les âges. Elles sont devenues le cœur de l’identité juive et le drapeau du peuple de Dieu où il se trouve. Un peuple sans identité propre est un peuple en voie de disparition, c’est un peuple sans aucun repère et sans destination, un peuple ballotté dans la vie et qui finit par s’engloutir dans le désespoir. Cette reconnaissance à un Dieu unique est la foi des religions dites abrahamiques: le judaïsme, le christianisme et l’islam. À côté de cette descendance juive, les peuples monothéistes étaient parsemés à travers le monde où ils formaient des grands royaumes ou empires.

            La vraie profession en un seul Dieu est de l’aimer d’un amour total, un amour qui implique toute la personne, corps et âme. Croire en Dieu sans l’aimer et sans aimer ce qu’il a créé n’a pas de sens. Aimer Dieu c’est s’intéresser à sa parole, c’est chercher à approfondir ce qu’il est réellement, c’est l’imiter en tout même si on ne peut pas s’identifier à lui. Dans la culture rwandaise on dit que «umwambari w’umwana agenda nkase» ce qui signifie que le jeune page imite la démarche de son seigneur. Si vraiment nous croyons en un seul Dieu comme nous le confessons dans notre Credo, essayons d’incarner les valeurs qui découlent de cela comme le pardon, la tolérance, la patience, l’universalité, etc. Aimer Dieu de tout notre être fera de nous les privilégiés de Dieu et ses enfants à la manière de Jésus, son Fils unique. Ce dernier est le seul qui a montré un amour infini pour le Père et pour les hommes jusqu’à ce qu’il ait donné sa vie pour eux. Son sacrifice sur la croix n’est rien d’autre que son amour pour nous. En cela, il est le prêtre parfait, le seul qui sauve comme le souligne l’épître aux Hébreux «Tel est bien le grand prêtre qui nous convenait, saint, innocent, sans souillure (…) élevé au-dessus des cieux.» (He7,26)

            Aimer Dieu est la préoccupation de celui qui est sage et qui a un regard optimiste sur le monde et sur les hommes. Celui qui voit qu’il n’y a pas d’issue à nos misères n’aime pas vraiment. Dans l’Évangile un religieux sage, érudit de la loi aborda Jésus parce qu’il l’avait convaincu dans ce qu’il disait et il le questionna sur des choses importantes de la vie. «Quel est le premier de tous les commandements?» (Mc1228) Jésus n’est pas un subversif comme on l’imagine, il ne menace pas les valeurs reçues mais leur redonne leur sens original. De 365 défenses et de 248 commandements positifs que les rabbins avaient relevés de la Bible, Jésus en fait deux commandements dont le premier est celui-ci  «Tu aimeras donc le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force.» (Mc12, 29-30) Pour Jésus, c’est Dieu d’abord ou rien, c’est lui qui est prioritaire. Les grands rabbins s’étaient prononcés sur les commandements; par exemple un certain Hillel probablement le père de Gamaliel les avait résumés en cette aphorisme «Ce que tu n’aimes pas, ne le fais pas à un prochain» et Rabbi Akiba les avait concentrés dans l’amour du prochain. Jésus ne veut pas qu’on transforme ce qui est inchangeable ou intransformable «Shema Israël» qui est comme nous l’avons dit «le cœur du peuple de Dieu.» La foi en Dieu unique, il n’y a rien à nuancer, c’est l’absolu. Il ne faut pas toucher l’intouchable, le choix de Dieu unique  reste non négociable pour un croyant. 

            Ce premier commandement a un second pour former une unité «Tu aimeras ton prochain comme toi-même.» (Mc12, 31) Pour Jésus, aimer Dieu ne se réalise que dans l’amour du prochain. Comment peut-on, se demande saint Jean, aimer Dieu qu’on ne voit pas sans aimer un frère qu’on voit (1Jn 4,20)? Souvent, notre amour est une entéléchie et non réel. On veut aimer, sans pardonner, sans comprendre celui qu’on aime. N’ayons pas peur des épreuves dans l’amour car un amour qui ne connaît pas de difficulté ou de déclin n’existe pas, il est fictif. Cherchons à faire mûrir notre amour et évitons de le supprimer, il ne s’efface pas car si on y arrive c’est qu’il n’existait pas. L’amour est comme une vie, il peut être malade et même mourir mais sa résurrection est possible. Après l’incendie des forêts, toutes les espèces ne disparaissent pas. L’amour est cette espèce qui ressuscite sans perdre les cicatrices du feu.

            Être chrétien n’est rien d’autre qu’aimer Dieu et le prochain. Un jour, le Seigneur nous demandera si nous l’aimons, comme il l’a demandé à Pierre. Que nous lui répondions comme son apôtre: «Seigneur, tu sais, toi, toutes choses, tu connais, toi, que je t’aime tendrement.» (Jn21,17) Aussi, n’oublions jamais cet amour pour notre prochain qui est le reflet de l’amour à Dieu.