Dimanche des Rameaux 2021 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche des Rameaux 2021

Ce dimanche des Rameaux, nous célébrons dans une même fête deux évènements qui semblent plutôt en opposition: l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem et sa condamnation à mort. Nous contemplons d’abord Jésus heureux et acclamé par le peuple. Mais peu de temps après, nous le voyons triste et condamné par la foule. Son entrée à Jérusalem est le prélude de sa passion et de sa mort sur la croix.

            Dans cette célébration, le contraste est saisissant: Jésus entre triomphalement à Jérusalem «Alors, beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, d’autres, des feuillages coupés dans les champs.» (Mc11, 8) Comme en un clin d’œil, tout change, c’est sa passion qui s’en suit sous le poids de la croix et l’animosité de la foule. Comment peut-on célébrer en une même cérémonie ces deux épisodes de la vie de Jésus? N’est-ce pas réunir l’inconciliable? Dans ces deux événements, deux personnages retiennent notre attention: la foule et Jésus. La foule unanime qui proclame sa joie ou sa haine, et Jésus honoré des insignes royaux, par louange ou par dérision. À qui ressemblons-nous le plus? Ou plutôt notre vie n’est-elle pas un mélange des différentes attitudes des contemporains de Jésus? Parfois, nous accueillons avec joie le Christ et son évangile. D’autres fois, nous craignons d’avouer être ses disciples, d’une manière ou d’une autre. Parfois, nous veillons avec lui dans la prière pour ne pas entrer en tentation. D’autres fois, nous abandonnons celui qui est la source de vie, et nous préférons rester comme la foule sans engagement particulier. Parfois, nous nous tenons debout dans la foi au pied de la croix. D’autres fois, nous perdons l’espérance dans la puissance de vie de notre Dieu. 

            Quant à la personne de Jésus, les deux événements nous le présentent avec les insignes royaux, pour le louer ou pour se moquer. Mais lui, si humble et si proche des humiliés, ne les rejette pas. Et même il écarte ceux qui veulent empêcher la  proclamation: «Je vous le dis, s’ils se taisent les pierres crieront.» (Lc19, 40) Il me semble que c’est pour nous une invitation à poser sur Jésus un véritable regard de Foi. Le contraste entre sa dignité réelle, signifiée extérieurement par ses insignes royaux et sa Passion humiliante, nous mène à ne pas nous arrêter à ce qui est visible. Retenons que la valeur de la Passion de Jésus ne provient pas des souffrances subies, certains hommes au cours de l’histoire ont supporté des tortures malheureusement plus terribles. La valeur unique et universelle de la Passion du Christ résulte de l’être unique de Jésus en qui Dieu s’est réconcilié avec les hommes (2Co5, 18; Rm5, 10), et de sa fidélité jusqu’à la mort.

            La passion du Christ est source de salut, car il y met tout le poids de l’amour, d’une vie offerte. Jésus nous montre que la voie de la confiance et de l’amour envers Dieu notre Père n’est pas une impasse. Au contraire, c’est la seule voie, la seule porte qui traverse la mort pour nous mener à la vie éternelle. Notre regard de foi sur la personne de Jésus pendant les jours de sa passion ne doit pas nous amener à nous apitoyer d’abord sur le sort de Jésus. Comme le dit Jésus: «Femmes de Jérusalem, ne pleurez pas à mon sujet! Pleurez plutôt pour vous et pour vos enfants.» (Lc23, 28) Lorsque nous contemplons Jésus dans son chemin de croix, ce n’est pas en priorité l’injustice de son sort qui doit nous frapper, mais la manière dont Jésus nous ouvre le chemin de la vie. Nous devons moins nous  apitoyer sur les malheurs qui frappent Jésus qu’accueillir la leçon de vie qu’il nous donne dans sa passion. Quand nous écoutons et méditons la Passion, ce n’est pas aussi la tristesse qui monte au cœur du croyant, mais l’action de grâce car Jésus nous rouvre la porte du jardin jadis fermé, la voie vers l’arbre de vie. La tristesse et les larmes nous saisissent si notre regard s’arrête à l’échec apparent, à l’injustice qui frappe Jésus. Tandis que la conscience que le Christ Jésus réalise sous nos yeux, son œuvre de salut qu’aucun homme ne pouvait réaliser de lui-même, cette conscience nous fait chanter une action de grâce en répétant saint Paul «Il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort de la Croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté.» (Phil2, 8-9) Sa passion révèle la passion d’amour de Dieu pour chacun de nous, ainsi ce sont des larmes de joie et de reconnaissance qui doivent couler en relisant cette passion.

            La passion est donc un excellent enseignement de l’amour que Jésus a montré aux hommes; en elle se manifeste le véritable amour et Jésus nous enseigne ce qu’est l’amour et ses exigences. Il nous montre que l’amour va au-delà de simples gestes pour atteindre le don de soi. Il nous enseigne qu’aimer, c’est donner la vie. Ce qui nous étonne, c’est la volonté de Jésus de se sacrifier. Il savait tout ce qui allait se passer mais il l’a accepté parce que l’amour n’est jamais séparé des sacrifices. Et Jésus se sacrifie éternellement, actuellement il se sacrifie dans l’Eucharistie où nous nous nourrissons de son corps et de son sang. Tout au long de la Semaine Sainte, nous méditerons sur le mystère du sacrifice. Jésus s’est offert pour le salut de l’humanité. La fête de Pâques nous révèle que la récompense de se donner est la joie et la vie éternelle.

            Essayons de marcher vers notre Jérusalem d’en haut en toute simplicité et avec amour et  paix intérieure. Entrons dans cette Semaine Sainte avec foi pour recevoir toutes les grâces de ce temps. Que la méditation de la passion nous rappelle que notre salut a valu le sacrifice du Fils de Dieu et que nous devons donc vivre dans l’amour pour répondre à cet amour unique qui nous a sauvés.