Dimanche 22 B 2021 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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Dimanche 22 B 2021

La sainteté n’est rien d’autre que la pureté du cœur et non le respect scrupuleusement extérieur de la doctrine. Cette pureté n’est pas seulement le fruit d’une éducation, ni l’héritage familiale ou sociale, c’est avant tout un don de Dieu. Elle est le fruit bien mûri de la parole de Dieu qui guide la pensée, la parole et les actes du croyant.

Dans l’AT, la pureté provient de l’accomplissement strict de la loi du Seigneur. Dans la lecture du livre de Deutéronome, Moïse rappelle au peuple de Dieu les commandements «Vous les observerez et vous les exécuterez.» (Dt4, 6) Il ajouta aussi les conséquences de ce respect de la loi «C’est votre sagesse et votre intelligence aux yeux des peuples.» (Dt4, 6) La grandeur du peuple de Dieu et de chacun d’entre eux vient de l’attachement à Dieu et à sa parole. C’est quand même une nouveauté dans la vie humaine et sociale: la puissance du peuple qui ne vint pas de son armée, ni de sa richesse matérielle, ni de son grand nombre mais du respect de la loi du Seigneur. «Quelle est en effet, la grande nation qui ait des dieux aussi proches d’elle qu’est Yahvé, notre Dieu toutes les fois que nous l’invoquons?» (Dt4, 7), se demande le peuple d’Israël. Les autres nations ont aussi des dieux mais à la différence d’Israël, leurs dieux ne sauvent pas, ils ne communiquent pas, ils ne sont pas en relation avec leurs adeptes. Le Dieu d’Israël est vivant, voilà ce qui fait l’orgueil de ce peuple.

Qu’est-ce qui fait la grandeur des hommes ou des femmes de notre temps? Qu’est-ce qui fait ta grandeur, toi qui m’écoutes ? Est-ce que c’est ta position sociale, tes comptes en banque, ta santé; c’est ta capacité de penser, d’agir, la marque de ta voiture, le quartier où tu habites? Tout cela ne sert à rien si on n’est pas homme ou femme de la justice, de la vérité, du partage, de la communion, de la simplicité et de la crainte du Seigneur. La grandeur d’une nation ou d’une personne est visible uniquement à la place qu’elle accorde aux plus faibles. Comme le dit le Psaume de la liturgie de ce dimanche seul celui qui «Ne fait pas de mal à son frère et ne profère pas d’insulte contre son prochain (…) séjournera sous la tente du Seigneur.» (Ps15, 3.5) Séjourner sous la tente du seigneur était le désir absolu de chaque israélite digne de son nom.

Pour saint Jacques, notre grandeur est que nous sommes les prémices de la création «Dieu nous a donné naissance (…) pour que nous soyons en quelques sorte les prémices de ses créatures.» (Ja1, 18) En effet, nous devenons les prémices de toutes les créatures par «Un comportement religieux pur et sans souillure (…) et sans tache au milieu du monde.» (Ja1, 27) Saint Jacques ajoute aussi que les œuvres de charité et d’amour comme la visite aux orphelins et aux veuves manifestent notre grandeur. Comportons-nous donc comme des êtres dignes de la miséricorde de Dieu et non comme des produits du monde actuel qui entretiennent l’illusion de la vie.

L’Évangile nous raconte d’abord en quoi consiste la pureté des pharisiens. Elle est au départ culturelle, une propreté extérieure qui consiste à se laver, à s’asperger d’eau chaque fois qu’ils reviennent du marché. Pour eux, en-dehors de leur monde, en-dehors de leur univers religieux, tout est impur… sur la route on croise toutes sortes de gens et certains qui sont différents de nous, certains qui n’adorent pas Dieu et, à leur contact, on peut devenir impur… Il est donc nécessaire pour les pharisiens de se purifier de ces contacts. Pour Jésus, Dieu est le Père de tout l’homme quelles que soient sa religion, sa culture et ses coutumes, rien ni personne ne peut le rendre impur. «Il n’y a rien d’extérieur à l’homme qui, pénétrant en lui, puisse le souiller.» (Mc7, 15) Jésus ne l’a pas dit seulement il l’a montré car certains qui se croient impurs à cause de leurs péchés et de leurs maladies se tiennent à l’écart des autres, mais lorsque Jésus est là, ils osent l’approcher et Jésus s’émerveille de voir que les exclus accueillent son message. Rappelez-vous du lépreux qui s’approcha de Jésus afin qu’il le guérisse et Jésus lui déclara «Ta foi t’a sauvé», il le toucha et la lèpre le quitta car la pureté de Jésus est plus puissante, elle est plus contagieuse que la lèpre, elle purifie celui qui est impur.

Ainsi Jésus déclare que «C’est de l’intérieur, du cœur des hommes que proviennent les méchantes raisons: fornications, vols, meurtres, adultères, cupidités, perversités, ruse, débauche, œil mauvais, injure, orgueil, sottise. Toutes ces mauvaises choses (…) souillent l’homme.» (Mc7, 21-22) Dans cette épisode de l’Évangile, Jésus ne nous demande pas de rompre avec nos traditions pour adopter une religion totalement désincarnée. Être disciple de Jésus ne signifie pas adopter un comportement qui serait en rupture avec nos traditions humaines, avec notre culture et avec nos coutumes. Ce à quoi Jésus nous invite c’est d’avoir notre intérieur protégé et nettoyé par son amour. Nous sommes tous frères, et Jésus s’oppose à tout ce qui dans nos traditions humaines peut exclure nos frères et sœurs. Nous ne pouvons pas aimer en vérité en dehors de notre tradition culturelle, car c’est notre tradition qui nous apprend les mots, les gestes et les attitudes qui vont permettre d’aimer Dieu et notre prochain comme nous-mêmes.

La pureté du cœur va toujours plus loin que l’accomplissement d’un rite, d’une coutume, d’une tradition. C’est en aimant jusqu’au bout qu’on devient parfait comme notre Père céleste est parfait. Mais aimer jusqu’au bout ne signifie pas que celui que j’aime lui aussi m’aime autant, mais cela ne doit pas être un obstacle d’aimer. Que nous puissions dépasser nos habitudes, nos limites, nos traditions qui nous empêchent la pureté intérieure.