4ème Dimanche Carême C 2019 — 18. Paroisse Sainte-Reine - Auxerre Val de Baulche

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4ème Dimanche Carême C 2019

En ce quatrième dimanche de Carême, appelé celui de la joie ou «Dominica laetare» en latin, Dieu nous invite à imiter sa miséricorde.

Après avoir parlé de la conversion au début du Carême, la Parole de Dieu de cette célébration nous parle de Dieu miséricordieux, riche en amour et plein de tendresse. Celui qui est à l’école de Dieu et à la suite de Jésus se convertit à l’amour dans toutes ses dimensio

La première lecture du livre de Josué évoque la joie des «Fils d’Israël» car le temps de l’esclavage et du désert est fini «Aujourd’hui, j’ai enlevé de vous le déshonneur de l’Égypte.» Cette joie se manifeste dans la célébration de leur première Pâque «Le quatorzième jour du mois.» Le peuple de Dieu n’a pas oublié ce jour de la fin des jours sombres de leur histoire. Dieu multiplie ses bienfaits à son peuple: la terre promise est donnée, il n’est plus au désert, il cultive les bons champs. «La manne cesse de tomber», il se met à produire leur nourriture «Sur la terre de Canaan.» Un monde ancien s’en est allé, un monde nouveau s’installe. Dieu accomplit ses promesses et il donne à son peuple «Un pays qui ruisselle de lait et de miel.» Mais le peuple doit travailler afin de manger le fruit de son effort. La miséricorde de Dieu doit être accueillie par l’homme qui reste libre de l’accepter. Finalement Dieu se réconcilie avec son peuple, c’est la joie retrouvée. Comme le dit saint Paul aux Corinthiens, la réconciliation avec toute l’humanité s’est réalisée d’une manière définitive dans le Christ. En lui «Dieu (…) réconciliait le monde avec lui: il n’a pas tenu compte des fautes.» Ainsi nous devenons dans le Christ des créatures nouvelles, réconciliées avec Dieu, avec notre prochain, avec nous-mêmes.

L'Evangile de ce dimanche évoque la joie, le pardon, le changement radical, la résistance à abandonner le temps ancien, etc. Il s’agit de la parabole du fils prodigue que nous connaissons où l’Évangile du père miséricordieux accueille son fils cadet qui revient à la maison après avoir gâché sa vie et son héritage. Certaines mentalités désapprouvent ce père de l’Évangile qui se laisse dominer par son fils, un père qui ne gère pas bien ses biens en distribuant une partie à son fils irresponsable et immature. Certains parents se retrouvent souvent devant leurs fils immatures qui ne font que consommer sans se soucier de faire fructifier ce que leurs ainés ont obtenu avec beaucoup d’efforts et c’est douloureux. Justement ce père ne se soucie pas de ses biens mais de la liberté et de la  joie de son fils. Dieu respecte toujours notre décision sans considérer là où elle nous conduira car nous avons été créés comme des êtres libres, non comme des robots téléguidés. La liberté est une valeur fondamentale chez l’homme.

Le fils demande son héritage alors que son père n’est pas sur le point de mourir. Chez les juifs, l’héritage était distribué par un père à ses fils quand il voyait que ses jours de vivre étaient comptés. Et encore un fils bien éduqué ne réclamait pas son héritage, il le recevait de son père. Voilà qu’un jour le plus jeune de la famille revint trouver son père et lui dit «Père, donne-moi la part de fortune qui me revient.» (Lc 15,12). Lorsque l'enfant demanda son héritage, l'attitude du père aurait pu être de ne pas le laisser partir, de le refuser ou au moins de ne lui accorder qu’une partie d'héritage. C’est ce que ferait l’un de nous. Mais le père de l’Évangile sait que s’il fait ainsi, son fils restera insatisfait. Il aime son fils et il n'y a pas de véritable amour sans liberté. L’amour n’œuvre pas selon la raison, mais selon le cœur. On n’éduque qu’avec l’amour et non avec la raison. Ne condamnons pas ce père qui agit par amour, c’est ce qui fait sa grandeur. Le fils est parti mais son père ne l’a pas oublié, il pensait toujours à son propre fils. Quand nous abandonnons Dieu, Celui-ci ne nous oublie jamais.

En pays lointain, le fils prodigue n’a pas trouvé le bonheur mais le malheur. Dans cette situation, il n’a pas oublié son père et sa générosité car chez lui, même des «Ouvriers ont du pain en abondance.» Il prend la décision de revenir en demandant pardon «Père, j’ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis pas digne d’être appelé ton fils. Traite-moi comme l’un de tes ouvriers.» La réaction du père est surprenante «Vite, apportez le plus beau vêtement (…) mettez-lui une bague au doigt et des sandales aux pieds, allez chercher le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie, il était perdu, et il est retrouvé.» (Lc 15,22-24) Cette attitude ne vient pas de la raison mais du cœur. Que grand est ce père ! Il n’est pas comme son fils aîné qui n’a pas toléré ce que son père a fait pour son frère «Après avoir dévoré leur bien avec des prostituées.»

Malheureusement la miséricorde du père ne sauve pas la famille du drame car celui qui était loin du père est maintenant à ses côtés et celui qui était à proximité est maintenant loin. Le plus jeune des fils est entré dans le monde nouveau, sans rien faire de spécial que de reconnaître son péché. Le fils aîné est resté dans le monde ancien en refusant de pardonner et en se laissant dominer par la jalousie. Certains pensent que le fils aîné a raison de se plaindre. Mais selon la nouvelle loi de l’amour du Christ, il a tort. Il n’est pas cet homme nouveau réconcilié avec le Christ dont saint Paul parle. Il n’accepte pas de se réconcilier avec son frère. Dans tous les cas, le père reste riche en miséricorde, il veut récupérer tous ses fils. Dieu veut nous recevoir tous autour de la même table, ne manquons pas à son rendez-vous d’amour.