7ème Dimanche TOC 2019-
La Parole de Dieu de ce dimanche parle de l’amour du prochain qui nous demande d’aimer nos ennemis, nos adversaires, ceux avec qui nous n’avons pas les mêmes opinions car eux aussi sont des enfants de notre Père Céleste qui « Bon pour les ingrats et pour les méchants.» (Lc 6,35) Dieu nous est présenté comme modèle de notre amour : aimons comme Dieu aime.
Le livre de Samuel, dans la première lecture, nous présente l’exemple exceptionnel de David. Celui-ci était poursuivi par Saül qui voulait le supprimer car il était devenu son rival politiquement dangereux. David se trouve dans la position de tuer Saül mais il ne le fait pas par le respect d’une personne choisie par Dieu « Que le Seigneur m’ait en abomination si je porte la main sur le messie du Seigneur.» (1S 26,11) Dès que Saül prenne cette attitude de David, il se repend et il demanda pardon en disant «J’ai péché. Reviens, mon fils David. Je ne te ferai plus de mal puisque ma vie a été précieuse à tes yeux en ce jour. Oui, j’ai agi comme un fou, je me suis lourdement trompé.» (1S 26,21) David n’a pas voulu répondre par la haine à la haine, par la violence à la violence car une telle attitude nous enferme dans un cycle vicié de violence. Seul le pardon, la non-violence est capable de désarmer un adversaire.
Toutes les armes sont destructrices, seul l’amour des ennemis ou le pardon est efficace pour mettre fin aux conflits. Mais l’amour est l’arme des plus forts, des humbles et des sages. Les hommes de toutes les générations ont préféré des armes inefficaces qui suppriment l’ennemi au lieu de le récupérer ou de le convertir en ami d’où la cause des horreurs historiques que nous connaissons. Ne demandons pas si l’amour des ennemis est possible, regardons au contraire si nous sommes prêts à nous servir de cette arme. Le problème n’est pas de l’efficacité de l’amour mais de notre immaturité de le vivre. L’amour est l’arme efficace de quelqu’un qui a atteint une croissance spirituelle. Ce quelqu’un est un homme du ciel tel qu’il est décrit par saint Paul dans l’Épître aux Corinthiens «Le premier homme tiré de la terre est terrestre. Le second homme, lui, vient du ciel» (1 Co 15, 47)
Dans l’Évangile, Jésus parle explicitement de l’amour des ennemis. Après avoir écouté cet Évangile, la première pensée qui nous vient à l’esprit est de dire que Jésus est très exigeant ou qu’il demande l’impossible. Sachons que cet enseignement de Jésus concerne tout le monde, il n’est pas réservé à quelques uns. Donc il ne peut pas nous laisser indifférent après avoir écouté «Aimer vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous calomnient.» (Lc 6, 27-28) Humainement ce message de Jésus est difficile à vivre. Il est possible à ceux qui reçoivent la grâce de Dieu. Sans la grâce, notre adversaire ou ennemi ne peut pas trouver aucune place en nous et entre nous.
Jésus veut changer notre point de vue, déplacer le centre de gravité de notre intérêt. Il veut nous faire sortir de nous-mêmes et regarder Dieu, notre modèle. Il veut éclairer nos yeux pour que nous puissions voir ce qui est avantageux et positif. Avec Jésus nous sommes appelés à vivre une nouvelle réalité dans laquelle l’amour de l’ennemi dépasse la vengeance. Jésus veut renverser notre jugement pour nous montrer une nouvelle réalité dans laquelle l'amour vainc la vengeance. L'ennemi n'est pas la personne qui doit être poursuivie et supprimée mais notre prochain à pardonner et aimer.
L’ennemi est un malade qui a besoin d’un médecin, l’amour et le pardon sont les médicaments qu’il attend pour être guéri. Mais cette aide que Jésus nous propose pour aimer nos ennemis est possible si nous croyons à cette parole de saint Paul «Je peux tout en celui qui me rend fort.» (Phil 4, 13) A la croix Jésus Christ nous a montré que l’amour des ennemis est possible en pardonnant ceux qui l’ont crucifié «Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font.» (Lc 23,34) Nous sommes appelés à vivre comme Jésus Christ. C’est ce que saint Paul nous recommande «Imitez Dieu, puisque vous êtes les enfants qu’il aime; vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même à Dieu pour nous, en offrande et victime, comme un parfum d’agréable odeur» (Ep 5,1-2)
Terminons notre méditation par cet exemple d’amour aux ennemis. Un certain Giovanni GUARESCHI que vous connaissez peut être car il est l’auteur d’un livre célèbre «Don Camillo». Il a survécu dans les différents camps de concentration nazis, d'abord en Pologne, puis en Allemagne. À la fin de la guerre, il était devenu mince et il ressemblait à un squelette ambulant! Quand sa femme l’a vu, avec un visage souriant, toute contente, elle lui a dit: «Tu sembles être un vainqueur de la guerre.» Giovanni lui a répondu: «Oui, je me sens vainqueur, parce que tout le temps que j'ai passé dans les camps de concentration, je n'ai pas haï personne et j'ai essayé d'aimer.» Nous aussi, essayons d’aimer même dans les moments difficiles.